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FLEUR DES SERVICES : Les mille et un services rendus par l’élevage à la société

Alimentation, énergies renouvelables, entretien des paysages, dynamique rural... la contribution de l’élevage à la société formalisée.

UN OUTIL DÉCLINÉ SUR DEUX SUPPORTS
UN OUTIL DÉCLINÉ SUR DEUX SUPPORTS
© ©DR

Voilà une fleur à mettre entre toutes les mains et pas que des dames ! À l’occasion du Sommet de l’élevage, l’Institut de l’élevage (Idele) et les responsables de la Charte des bonnes pratiques d’élevage ont défloré la «fleur des services» rendus par l’élevage à la société. Construite à partir des travaux du Gis Élevages demain et de l’Atlas de l’élevage herbivore, cette communication recense, chiffres à l’appui et au-delà des fonctions alimentaires et d’entretien des paysages, la longue liste des apports de l’élevage bovins notamment.

Éleveurs producteurs d’énergie

Des services illustrés lors de cette présentation par le témoignage de deux éleveurs. Producteur de lait pour l’IGP Saint-Marcellin dans l’Isère, Bruno Neyroud et ses deux associés cultivent également 7 ha de Noix pour l’AOP noix de Grenoble et valorisent pas moins de 13 km de surfaces boisées en bordure de leurs parcelles et 25 ha de taillis. Via cette activité, le Gaec fournit 1 000 m3 de bois énergie annuellement, «soit l’équivalent de 80 000 l de fioul, c’est pas rien», a relevé l’éleveur. Ce bois déchiqueté permet d’alimenter les chaudières à bois de leur propre foyer, de chauffer l’eau de lavage de la salle de traite, d’alimenter des particuliers et collectivités. Producteur d’énergie renouvelable, son collègue cantalien Éric Fabre, éleveur allaitant salers en bio, le sera bientôt aussi comme 7 500 exploitations françaises d’élevage herbivore: avec un projet d’installation de panneaux photovoltaïques sur la toiture de ses bâtiments professionnels. Mais l’élevage est aussi une formidable source de recyclage, notamment des co-produits d’autres secteurs agricoles (tourteaux, pailles, pulpe de betteraves...) : 13 millions de tonnes de ces co-produits viennent alimenter 5% de la ration moyenne du troupeau hexagonal. Bruno Neyroud et ses voisins agriculteurs valorisent depuis quelques années les déchets verts issus de quatre cantons. Une fois broyés, ces résidus sont mis en andains, mélangés et épandus comme amendement naturel au champ. Et l’élevage bovin est lui-même fournisseur de co-produits souvent peu connus et englobés dans le «cinquième quartier» : peaux, suif, huiles... En France plus de 3,5 millions de peaux de bovins servent ainsi à alimenter la fabrication de chaussures, maroquinerie... Autres co-produits, a priori moins nobles mais bien utiles : les engrais de ferme. Grâce aux améliorations techniques apportées aux épandeurs et à une gestion plus précise, Éric Fabre a doublé ses surfaces épandues en fumier avec la même quantité d’effluents et sans perdre en rendements. Le tout en se passant d’engrais chimiques. L’Idele achiffré que la valorisation des engrais de ferme permet d’éviter près de 40 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) liées à la fabrication de fertilisants chimiques. Seconde portion de cette fleur atypique : la contribution de l’élevage à la vitalité territoriale.

Près d’un million d’emplois

On recense pas moins de 220 800 équivalents temps plein sur les exploitations bovines, 150 000 emplois à l’aval (dans la transformation carnée ou laitière) et plus de 500 000 à l’amont qui dépendent de l’élevage bovin. À l’échelle de l’IGP Saint-Marcellin (274 communes), ce sont six fromageries qui salarient 350 employés pour autant d’actifs dans les élevages laitiers à l’amont. Éric Fabre évoque lui l’emploi sur les élevages, en direct ou partagé. Avec deux de ses voisins, l’éleveur de Saint-Cirgues-de- Malbert a créé un emploi partagé. Poids dans l’emploi local mais aussi apport essentiel à la dynamique rurale. Les intervenants ont cité les 11 000 élevages herbivores qui, à travers l’Hexagone, pratiquent l’accueil à la ferme et les nombreuses manifestations locales fondées sur les temps forts de l’élevage, comme la transhumance qui attire chaque année plus de 20 000 personnes à Allanche (15) ou encore à Aubrac (12). Sans compter les nombreux comices, fête de la terre des JA... toujours prisés du grand public. Il a par ailleurs été précisé que 42 % des agriculteurs français sont membres d’une association.

Élevage vert

Les pétales verts de cette marguerite ont donné l’occasion aux éleveurs et experts de redorer la perception écologique de l’élevage. En précisant le rôle majeur des prairies dans le maintien de la biodiversité, dans la captation du carbone (570 kg stockés/an/ha de prairies permanentes), l’entretien de la qualité du sol, de l’eau. Les intervenants ont d’ailleurs précisé que la quantité d’eau réelle nécessaire à la production d’un kilo de viande bovine est de 50 litres et non 15 000 l comme cité par certains (chiffre qui inclut l’eau de pluie tombée sur les prairies et surfaces fourragères). Enfin, volet le plus gourmand de cette fleur : le service rendu par l’élevage bovin à l’excellence de la gastronomie française en étant à l’origine de 86 % des fromages du plateau de l’Hexagone (et de 33 des 50 AOP fromagères). «14 % des éleveurs de vaches allaitantes produisent sous signe officiel de qualité», principalement label rouge, est-il aussi indiqué dans le document de synthèse qui sera prochainement diffusé à tous les éleveurs adhérents de la Charte des bonnes pratiques d’élevage. Enfin, Éric et Bruno ont réaffirmé que si le Cantal comme l’Isère sont plébiscités des touristes pour leurs paysages, ces territoires le doivent aux agriculteurs et leurs troupeaux qui permettent de garder des espaces ouverts, entretenus, et aux 343 stations de ski françaises de bénéficier de tondeuses naturelles. Bref s’il n’existe pas, l’élevage ne devrait-il pas être inventé ?

PATRICIA OLIVIERI

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