FDSEA : “L’année blanche serait indolore pour les pouvoirs publics”
La FDSEA a réuni le 2 septembre à Saint-Simon une centaine de ses délégués locaux. L’occasion d’un tour d’horizon de l’actualité agricole avec son président.
Il y a 15 jours, le Comité national de l’assurance récolte a laissé sur la touche dix cantons cantaliens pour lesquels vous demandiez une reconnaissance en calamités. Pourquoi ?
Patrick Bénézit : “Il faut d’abord rappelé que 14 cantons ont bien été retenus éligibles au fonds des calamités agricoles. Pour les dix autres, pour l’instant, nous n’avons pas eu de la part du ministère d’explications qui tiennent la route. C’est inadmissible : la procédure calamité est quelque chose de très carré, or les exploitations visitées affichaient dans ces cantons des taux de pertes de 32 à 40 %, largement supérieurs aux 30 % requis. Ces taux ont été, qui plus est, validés par l’administration départementale. Si les pouvoirs publics avaient fait leur boulot à Paris, ces cantons auraient dû donc être logiquement retenus ! C’est pourquoi nous demandons aujourd’hui au ministère de respecter les critères objectifs du dispositif du fonds des calamités et non pas des zonages d’aires fourragères incompréhensibles mêlant des données satellites !”
Plus globalement, où en est-on de l’approvisionnement des éleveurs cantaliens touchés par cette sécheresse ?
P. B. : “Les choses se sont un peu décantées mais ça reste quand même très compliqué pour obtenir que la SNCF tienne ses engagements en termes d’acheminement de trains de paille, à savoir deux trains par semaine répartis avec nos collègues de Haute-Loire et un train hebdomadaire spécifiquement affrêté pour le Cantal depuis la Somme. Et c’est la même chose pour l’État pour l’appui de l’armée. Malgré tout et grâce au travail d’une équipe formidable, nous avons acheminé la moitié de la première vague de commandes lancée par l’association Sécheresse, soit entre 6 000 et 7 000 tonnes. Nous avons ouvert une seconde opération pour des volumes complémentaires qui sont quand même conditionnés au maintien des moyens ferroviaires et militaires. Il faut aussi savoir qu’il y a des éleveurs qui nous disent : “Il me faut de la marchandise, mais je n’ai pas d’argent.” C’est pourquoi les FDSEA du Massif central et la Fédération nationale bovine (FNB), avec le soutien fort de la FNSEA, demandent le report d’annuités en fin de tableau pour tous les éleveurs.”
Cela fait deux ans que vous demandez cette “année blanche”, vous y croyez toujours ?
P. B. : “C’est vrai qu’on nous la refuse depuis près de deux ans, mais c’est la seule mesure sur le plan de la trésorerie qui puisse permettre à l’élevage de se relancer. Et c’est une mesure indolore financièrement pour les pouvoirs publics. Nous venons de faire une tournée régionale avec la FNB dans tous les départements et ce matin encore, lors de notre conseil départemental qui réunissait plus de 100 délégués locaux à Saint-Simon, il n’y a pas un éleveur qui n’ait réclamé cette disposition qui demeure notre revendication essentielle à un mois du Sommet de l’élevage.”
D’ici quelques jours, les négociations vont reprendre sur le montant de la CVO 2012 pour les AOP fromagères d’Auvergne. Comment s’annonce ce nouveau round ?
P. B. : “Les producteurs n’ont pas changé de ligne : pour nous, la CVO doit augmenter le plus rapidement possible vers les 70 euros la tonne. Il faut impérativement donner un nouveau signe et une lisibilité aux producteurs engagés dans la démarche AOP. Si les entreprises ne font pas preuve de cette responsabilité vis-à-vis des producteurs, rares seront ceux qui voudront encore s’engager. C’est d’autant plus compréhensible dans la conjoncture actuelle : les marchés extérieurs sont en effet en train de booster le prix du lait français. Les producteurs qui ne peuvent être dans l’AOP ou qui ont fait un autre choix, doivent aujourd’hui tirer profit au mieux de cette situation, en espérant que cette phase favorable soit la plus longue possible. Au passage, n’oublions pas que cette situation porteuse est liée à l’accord national de 2009 tant décrié : le fait d’avoir indexé en partie le prix du lait sur le prix des produits à l’export permet l’augmentation que l’on connaît aujourd’hui. D’où l’intérêt de ce type d’accord.”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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