Face à la DNC, les éleveurs du Puy-de-Dôme sont appelés à fermer les portes de leur exploitation
La Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) continue de se propager en Savoie et Haute-Savoie. DDPP, GDS et les vétérinaires appellent les éleveurs du Puy-de-Dôme à réduire les déplacements d'animaux et à interdire l'accès des fermes aux véhicules de tourismes.
La Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) continue de se propager en Savoie et Haute-Savoie. DDPP, GDS et les vétérinaires appellent les éleveurs du Puy-de-Dôme à réduire les déplacements d'animaux et à interdire l'accès des fermes aux véhicules de tourismes.

Face à la propagation de la DNC (Dermatose Nodulaire Contagieuse) dans l'est du pays, les autorités compétentes et les acteurs du monde de l'élevage se mobilisent pour tenter de juguler la crise. La 19e étape du Tour de France qui devait passer au Col des Saisies, au cœur de la zone réglementée, a été détournée pour éviter aux nombreux véhicules de la compétition d'emporter à leur bord les stomoxes et les taons vecteurs du virus.
La DDPP63, le GDS 63 et les vétérinaires recommandent aux éleveurs de fermer les portes de leur exploitation et de réduire les déplacements d'animaux
Dans les territoires épargnés, l'heure n'est plus à l'apaisement des éleveurs. Lors d'un webinaire organisé conjointement entre le GDS63, le Groupement Technique Vétérinaire (GTV) et la DDPP 63, le 25 juillet dernier, vétérinaires et agents de l'État ont appelé à la plus grande vigilance et ont recommandé à tous les éleveurs (bovins et autres) de réduire les déplacements d'animaux au strict nécessaire et de fermer l'accès des cours de ferme aux véhicules de tourisme.
« Le nombre de foyers varie tous les jours à l'augmentation. Nous sommes incapables de dire si cette évolution va se poursuivre et dans quelle direction » reconnaît Sandrine Ayral, directrice adjointe de la DDPP 63.
La vaccination contre la DNC arrive mais dans le seul but de limiter l’expansion de la maladie
L'arrivée de 285 000 vaccins le 15 juillet dernier offre une lueur d'espoir dans la limitation de la maladie et son éradication. Cependant, Jean-Baptiste Guittard de la DDPP 63, appelle les éleveurs à ne pas se reposer pleinement là-dessus.
L'immunité vaccinale des animaux commence 10 jours après l'inoculation et à J+21 pour une protection complète. »
En cas de contamination avant vaccination, l'acte ne prémunit pas de l'abattage. Des animaux ayant contracté le virus avant la vaccination pourraient même surexprimer les symptômes. Le vaccin ne guérit donc ni les animaux malades, ni les asymptomatiques. Son seul et unique but est de protéger les bovins sains et éradiquer la dermatose.
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La vaccination préventive contre la DNC n'est pas prévue dans l'immédiat
À la question d'une vaccination préventive contre la DNC, Sandrine Ayral ballait toute lueur d'espoir : «
les vaccins sont réservés aujourd'hui à la zone réglementée et nous n'avons aucune visibilité sur les délais pour avoir des doses avant d'être contaminé ».
De plus, le vaccin se résume à inoculer le virus inactivé. Les animaux pourraient donc développer des symptômes à la suite de l'injection. « Comment alors faire la différence entre les effets secondaires du vaccin et la maladie qui était déjà présente ? On doit comprendre comment ça fonctionne » précise Jean-Marie Ferraton, vétérinaire et membre du GTV* Auvergne-Rhône-Alpes.
Il ne reste dès lors que l'application de la loi européenne de santé animale (zone réglementée, interdiction de déplacement des animaux, abattage total…), la prévention et le bon sens pour se prémunir.
La désinsectisation, une solution qui a ses limites contre la DNC
« La meilleure façon de se prémunir de la DNC est de ne pas la laisser entrer dans l'élevage » assène Jean-Baptiste Guittard.
La dynamique de contamination (voir schéma), la période d'incubation particulièrement longue (entre 4 et 14 jours selon GDS France et jusqu'à 28 jours selon le Code terrestre de l’Organisation mondiale de la santé animale) et la difficulté de détection de la maladie nécessite de renforcer l'observation quotidienne de ses animaux pour alerter et agir dès que possible.

La désinsectisation apparaît également comme la première des solutions pour se prémunir de la DNC. Jean-Marie Ferraton met cependant en garde : « elle limite l'action des insectes piqueurs mais n'éloigne pas le risque. Miser sur ce seul moyen de lutte est illusoire ».
Le vétérinaire recommande d'agir davantage sur les gîtes larvaires des insectes (Fiche biosécurité de GDS France), présents dans le fumier. Cette stratégie serait la plus efficace mais aussi la plus complexe à mettre en place puisqu'elle demande de curer régulièrement les bâtiments.
Limiter les mouvements d'animaux et l'entrée des touristes dans les fermes pour tenir loin la DNC
Dans l'immédiat, dans le département encore indemne, ce sont davantage les mouvements d'animaux et les entrées sur l'exploitation qui doivent faire l'objet de toutes les attentions.
Pour Sandrine Ayral :
il faut éviter les déplacements d'animaux qui ne sont pas nécessaires ».
En cette pleine période de concours et de démonstrations, il faut craindre le transport des insectes dans les camions et autres véhicules.
La DNC n'est pas transmissible aux chiens, chats, chevaux, chèvres et moutons et ils ne sont pas contaminants
La DNC n’est pas transmissible ni aux chiens, chats, chevaux, moutons ou chèvres. Même si un de ces animaux est piqué, il ne risque pas de contracter la maladie. Il ne contribuera donc pas à la propagation du virus. En revanche les moyens de transport de chevaux ou de chèvres et moutons, doivent être désinsectisés avant le départ du véhicule. « Il y a beaucoup de mouvements d'équins en ce moment. Le réseau GDS France a alerté les éleveurs d'équidés en demandant de ne pas transiter des animaux d'une zone réglementée vers une zone indemne. »
Les éleveurs appelés à ne pas laisser entrer les touristes dans leur ferme
Dans la même logique, l'ensemble des acteurs appellent les éleveurs à fermer les portes de leur exploitation à tous les visiteurs et leur véhicule non professionnel. Voitures, vans, camping-cars et autres peuvent transporter sans le savoir les vecteurs de la DNC.
Ne laissez pas rentrer les voitures de tourisme dans la cour de ferme » recommande Jean-Baptiste Guittard de la DDPP63.
De même, chaque acteur professionnel intervenant au sein des exploitations doit renforcer sa vigilance (utilisation de cottes propres pour chaque élevage, désinfection des bottes, stationnement des véhicules le plus loin possible des animaux avec les fenêtres et coffres des véhicules fermés…) .
Fourmofolies, concours départementaux, Sommet de l'Élevage… la présence des animaux n'est pas recommandée
Fourmofolies, la présentation des bovins annulées
Ce week-end doit se tenir les Fourmofolies à Ambert où une cinquantaine d'animaux étaient attendus. Le GDS 63 a recommandé aux organisateurs de ne pas maintenir la présence des bovins, apprend-on de la voix de Jean-Luc Ferret, président. Contactés, les organisateurs de l'événement ont confirmé qu'aucun bovin ne sera finalement présent. « Les éleveurs ne veulent pas prendre le risque. »
Sommet de l'Élevage, il est encore trop tôt pour prendre des décisions
Concernant, le Sommet de l'Élevage, il est encore trop tôt pour savoir comment vont se dessiner les choses. « Une cellule d'anticipation a été mise en place entre la DDPP, le GDS 63 et le Sommet de l'Élevage où l'on suit de façon très régulière l'évolution de la situation. Nous avons établi des scénarios d'anticipation en fonction de ce qui peut se passer » détaille Sandrine Ayral. La directrice adjointe de la DDPP du Puy-de-Dôme affirme toutefois qu'aucun animal de Savoie et Haute-Savoie ne sera présent dans l'éventualité où la situation de la maladie, en octobre prochain, serait similaire à celle d'aujourd'hui.
*Groupement Technique Vétérinaire