Et si vous mettiez un peu d'architecture dans votre bâtiment ?
L'esthétique d'un bâtiment d'élevage n'est pas la priorité des projets ; elle est pourtant essentielle à la fois pour son intégration paysagère et pour la satisfaction de pousser quotidiennement ses portes, sans que cela ne coûte plus cher.
L'esthétique d'un bâtiment d'élevage n'est pas la priorité des projets ; elle est pourtant essentielle à la fois pour son intégration paysagère et pour la satisfaction de pousser quotidiennement ses portes, sans que cela ne coûte plus cher.

Un bâtiment d'élevage, c'est le projet d'une vie professionnelle. Il doit être avant tout fonctionnel, durable et économique. Pourquoi ne pourrait-il pas aussi être beau à regarder pour satisfaire l'œil de son propriétaire et réduire son impact dans le paysage ?
Bâtiment d'élevage : "arrêtons de les cacher derrière des haies !"
Les dimensions d'un bâtiment agricole, quel qu'il soit, sont imposantes engendrant un volume qu'il est difficile de ne pas remarquer. Des solutions existent pourtant pour améliorer son intégration dans son environnement ainsi que son esthétique, sans pénaliser ni sa fonctionnalité et sa durabilité et sans alourdir son coût.
« Il suffit d'un peu de réflexion pour faire de son bâtiment agricole un bel ensemble, bien intégré au paysage, et visuellement beau à regarder » explique Robin Doussoux, conseiller bâtiment à l'EDE 63.
Pendant longtemps, l'intégration paysagère des bâtiments agricoles se limitait à les cacher derrière une haie. Désormais, les grands principes architecturaux s'appliquent aussi aux structures professionnelles à travers le travail de leur volume, leur profil et leur aspect global.
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De 2 à 4 rampants, casser le volume améliore aussi la ventilation
L'augmentation des cheptels nécessite des bâtiments à la surface importante et donc plus volumineux. De ce fait, stabulations et autres sont de plus en plus hauts. Si le volume est intéressant en période estivale pour son effet tampon lors des fortes chaleurs, il n'est pas pour autant nécessaire de construire une cathédrale.
« Seulement en hiver, et principalement en coteaux et montagnes, le volume est notre ennemi : ventilation compliquée voire impossible, amplitudes thermiques néfastes pour les animaux, gestion de l’humidité parfois chaotique… »
Scinder le volume est la première des choses à envisager lors de la réflexion du projet. L'enjeu est alors de limiter la hauteur sans faire de compromis sur la largeur.
« On va créer un bâtiment dit “multichapelles”. On ne va pas créer un seul grand volume, mais plusieurs. » Ce que décrit Robin Doussoux est imagé sur le schéma ci-dessous.

« Cette structure de plus de 40 mètres de largeur, avec les animaux logés face à face à l’intérieur, a été scindée en deux volumes pour limiter sa hauteur globale. » L'intérêt est double : créer plusieurs volumes dont les largeurs permettent d'améliorer la ventilation avec des ouvertures en entrées et sorties et de créer deux profils plus petits. L’effet masse du bâtiment est ainsi cassé.
« Attention toutefois à la gestion de la neige en altitude sur ce type de bâtiment, qui peut être complexifiée. Mais des solutions existent pour gérer cette problématique. »
Casser le profil du bâtiment et apporter de la lumière
Dans certaines situations, il est impossible de scinder le volume. C’est le cas en montagne où la contrainte de la neige oblige à maintenir de la hauteur.

« C’est là qu’il est nécessaire de créer une cassure dans le ou les rampants du bâtiment. Les décrochés de toiture en milieu de rampant permettent de créer les relais nécessaires à la bonne ventilation du bâtiment, et d’apporter de la lumière au passage. »
D’un point de vue purement architectural, ce décroché va permettre de créer une cassure qui va casser le volume créé, et donc son effet “masse”.
Les façades ont un triple rôle d'optimiser la ventilation, d'apporter de la lumière et d'apporter de l'esthétisme
Les façades du bâtiment conservent toute leur importance malgré tout pour allier besoins en ventilation et lumière et besoins architecturaux. « La ventilation passe aussi par les matériaux que l’on emploie en façades. On va faire le choix de bardages ventilant, type tôle perforée ou à vantelles, ou encore bois ajouré à la verticale. » L'apport de lumière ne doit pas être négligé.
L’alternance d’éléments ventilant et lumineux en façade est alors une bonne option. D'un point de vue architectural, cette mise en place crée une animation des façades. « L’aspect de l’ensemble en est ainsi allégé et de près comme de loin, son intégration paysagère est réussie. »
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