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Et si les volcans d'Auvergne se réveillaient ?

Une étude récente, publiée dans Geophysical Research Letters, révèle des signaux sismiques atypiques sous les volcans du Massif central. De là à imaginer un réveil des géants endormis depuis près de 7 000 ans, rien n'est moins sûr.

Pourquoi une centaine de sismomètres a été installé sur la chaîne des puys ?

Considérés comme « endormis » depuis la dernière éruption volcanique survenue il y a un peu moins de 7 000 ans, les volcans d’Auvergne sont bel et bien actifs. C’est ce que révèle une étude qui a détecté pour la première fois plusieurs formes d’activité, notamment sismiques, dans le Massif central. De nouvelles découvertes qui interrogent sur un potentiel réveil de la chaîne volcanique.

En effet, dans le cadre du projet ANR MACIV (Imagerie sismique multi-échelle des sources du volcanisme du Massif Central) visant à sonder la structure profonde du Massif central, 100 sismomètres à large bande ont été installés (2023-2024) temporairement, pour enregistrer les vibrations émises naturellement dans les profondeurs de la Terre. Cette étude financée par l’ANR (Agence nationale de la recherche), portée par l’ISTERRE (Institut des sciences de la Terre) a commencé en 2023 et doit s’achever en 2028. Mais déjà les résultats révélés récemment ont fait grand bruit.

Ces résultats rappellent que le sous-sol du Massif central reste actif, et qu’il mérite d’être surveillé de près. Les données recueillies vont d’ailleurs aider à affiner la surveillance dans cette région volcanique qu’on croyait tranquille.

Du magma en profondeur 

« Les premiers signaux traités ont révélé différentes catégories de séismes. Les scientifiques ont identifié une forme d’ondes assez spécifique à l'un de ces catégories, ponctuellement. Il s’agit d’une dizaine d’occurrences enregistrées depuis quelques années. Ces formes d’ondes sont caractéristiques de ce qui peut être observé sous certains volcans qui ont encore du magma en profondeur. Cette forme est typique de ce qu’on peut observer à Hawaï ou encore dans le Kamtchatka, en Russie, où se trouvent volcans actifs. Pour ces volcans, cette forme d’ondes est interprétée comme la présence de magma en profondeur (entre 25 et 35 km), en train de dégazer », explique Guillaume Boudoire, professeur des universités en volcanologie du Laboratoire Magmas et Volcans de l’Université Clermont Auvergne qui a participé à cette étude.

En clair, ces signaux de séismes longues périodes et profonds (DLP), associés à la présence active de magma en profondeur, suggèrent que les réservoirs magmatiques de la Chaîne des Puys, des Monts Dore et du « maar » (cratère) du Pavin pourraient encore être en activité, malgré 6 700 ans de repos volcanique. Ces séismes sont assez particuliers. Contrairement aux tremblements de terre classiques qui cassent des roches, les DLP sont liés à la circulation de magma en profondeur. On les observe souvent sous des volcans actifs… ou en veille. Leur présence ici laisse donc entendre que le système magmatique n’est pas totalement éteint. Le magma semble toujours là, tapi à la frontière entre la croûte terrestre et le manteau, loin sous nos pieds.

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Un réveil des volcans d'Auvergne est-il possible ?

Guillaume Boudoire nuance le risque : « Il y aura très très probablement une réactivation volcanique dans le Massif central même s'il est très compliqué de faire des prévisions sur l'avenir. On a la certitude qu’il y a encore du magma sous le Massif central. On s’en doutait un peu car dans cette zone, il y a un potentiel géothermique important, avec beaucoup de sources thermo-minérales. Mais pour la première fois, on a une preuve irréfutable sur un signal. D’un autre côté, cela nous appelle à la vigilance. Cela doit pouvoir renforcer les initiatives de recherche dans les années à venir. On doit chercher à savoir si ce magma est là depuis 7 000 ans ou s’il est plus récent. Il faut mesurer quelles conséquences cela peut avoir dans le futur ».

Compte tenu du contexte géodynamique, du nombre et de la fréquence des événements détectés, la situation du Massif central ressemble à celle du Massif volcanique de l’Eifel (Allemagne), endormi également depuis une dizaine de milliers d’années, mais où des signes de reprise d’activité magmatique ont été observés.

Ces nouvelles données vont permettre de compléter les observations du réseau sismologique permanent Epos-France RLBP pour renforcer la surveillance dans cette région volcanique endormie mais potentiellement réactivable.

 

 

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