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Engraissement: Un dispositif de soutien en cours d'élaboration en Auvergne

En partenariat avec la région Auvergne, un modèle pour soutenir l'engraissement pourrait voir le jour d'ici la fin de l'année. Les producteurs disent « banco » à condition que le système contractualisé prenne en compte les coûts de production réels.

Le colloque sur l'engraissement s'est déroulé jeudi dernier.
Le colloque sur l'engraissement s'est déroulé jeudi dernier.
© PAMAC

Comment développer l'engraissement en Auvergne ? Si la question n'est pas nouvelle, force est de constater que les acteurs de l'aval et de l'amont de la filière viande bovine semblent désormais mûrs pour travailler ensemble sur le sujet. Le colloque organisé jeudi dernier, par le Conseil régional d'Auvergne en a donné la preuve. Il faut dire qu'avec la perte de vitesse du débouché historique qu'était l'Italie pour les broutards, les acteurs de la filière sont de plus en plus nombreux à chercher d'autres voies pour commercialiser leurs animaux. Si d'autres marchés pour les animaux maigres se sont ouverts en particulier en Turquie et en Afrique du Nord, ils demeurent encore des « débouchés fragiles ». Les cartes ont beau être rebattues, intrinsèquement la production de broutards restera le pilier du bassin allaitant. Mais histoire de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, certaines voix s'élèvent en faveur de l'accroissement du potentiel d'engraissement. Les marges de progression sont réelles, puisqu'en Auvergne, 80% des élevages sont naisseurs purs, et seulement 4% du total des animaux engraissés au niveau national le sont dans la région. Sur le papier, cette nouvelle voie de diversification pourrait paraître opportune.

Des cours pas au rendez-vous

Sauf que dans la réalité, avec des cours à des niveaux aussi faibles qu'actuellement, « l'engraissement est difficilement rentable pour les éleveurs », souligne Patrick Escure, président de la FNSEA Auvergne. Pire, ils perdent de l'argent, comme a pu en témoigner Franck Rougier, un des éleveurs présent au colloque : « La production d'un baby charolais me revient à 1 750 euros, aujourd'hui je le vends 1 400 euros. Il me manque 350 euros par animal ». Le problème crucial reste donc le prix de la viande payé au producteur. Dans ce contexte, si système de soutien à l'engraissement il y a, il faudra impérativement qu'il prenne en compte les coûts de production. Cette analyse, le président du Conseil régional d'Auvergne la partage complètement : « La région est tout à fait disposée à soutenir l'ensemble des filières d'engraissement, dès lors que celles-ci auront su s'organiser et établir une réelle stratégie de conquête de nouveaux marchés. La demande mérite d'être analysée précisément car vous ne ferez pas acheter un produit dont le marché ne veut pas. L'identification des marchés est une première étape ensuite il faut travailler sur une belle contractualisation qui rémunère correctement le producteur. A ce titre, la prise en compte des coûts de production moyen me paraît indispensable ».

Fonds de sécurisation

Même si les échanges qui ont émaillés le colloque, se sont voulus constructifs, chacun à bien pu mesurer le caractère épineux de cette question de prise en compte des coûts de production. Des acteurs de l'aval, tel Jean-Yves Besse, directeur de Covido-Bovicoop ont ainsi tendance à penser qu'il existe des différentiels de compétitivité entre les exploitations et donc que des marges de progrès existent chez certains... Un discours qui définitivement a du mal à passer côté producteurs : « la stratégie qui consiste à expliquer qu'il y a toujours des gains de productivité a vécu. Avec des cours aussi bas que ceux que nous connaissons actuellement, on ne peut plus travailler. Dans le cadre des négociations au sein de la filière, il faudra amener autre chose que sous prétexte que quelques-uns s'en sortent, les autres sont nuls et donc qu'il ne faut pas bouger », souligne Patrick Bénézit, président de la FRSEA Massif central.

Depuis dix-huit mois, l'Union régionale des industries agroalimentaires (URIAA) planche sur cette question de l'engraissement. Un groupe de travail existe, la région, la profession et les GMS pourraient l'intégrer. « Il faut désormais dépasser le stade du constat et de la réflexion pour aller vers un programme opérationnel », suggère René Souchon. Luc Mary de la coopérative Sicaba s'est voulu optimiste : « il ne faut pas systématiquement noircir le tableau. Il y a des filières qui fonctionnent car un dialogue constructif s'est instauré entre tous les acteurs ». Pour lui, la stratégie d'engraissement ne peut se résonner exclusivement à partir du jeune bovin : « c'est un élément essentiel sur lequel nous devons travailler mais nous devrons aussi regarder les potentialités sur le boeuf et le veau de boucherie ». Parmi les pistes d'intervention suggérées, figure la mise en place d'un fonds de trésorerie et d'un fonds de sécurisation¹ dont les contours restent à affiner notamment au regard de la règlementation européenne. Le Conseil régional souhaite aller vite sur ce dossier. Une mise en place des premiers dispositifs de soutien, reliés à la stratégie de spécialisation intelligente développée par la région, est attendue pour la fin de l'année.

¹ La région Rhône-Alpes s'est engagée dans un dispositif de ce type depuis 2013.

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