En vidéo : Le congrès de la FNSEA s'est clôturé en présence de Manuel Valls et Stéphane Le Foll
Manuel Valls à l’écoute des agriculteurs mais sans annonces concrètes.
Pour la première fois, un Premier ministre de gauche, est venu à la rencontre des agriculteurs au congrès de la Fnsea le 26 mars, en appelant à l’écoute mutuelle et au dialogue. Découvrez la vidéo de l'évènement avec la réaction de Yannick Fialip, président de la FDSEA 43.
Le 69e congrès de la Fnsea qui s’est achevé le 26 mars à Saint Etienne par la visite du Premier ministre, Manuel Valls, aura été un congrès chargé. Exceptionnellement, la séance à huis clos a duré une journée entière. Et pour cause les questions en souffrance et les sujets de préoccupation sont nombreux (Cf. encadré ci-dessous). Les secrétaires généraux de la Fnsea s’en sont largement faits l’écho dans leurs interventions, interventions dans lesquelles le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, en a pris pour son grade. A la fin de ce premier trimestre de 2015 et alors que les déclarations PAC approchent, trop de règles sont encore méconnues. Inexcusable pour la Fnsea. «Stéphane Le Foll est le champion de l’imprécision : sur les ICHN, les MAE, les SIE ou les transferts de DPB,» a asséné Daniel Prieur. Jérôme Despey a poursuivi avec sa «parabole de la haie». Tandis que Dominique Barrau et Daniel Prieur s’emparaient des thuyas installés sur la scène du Zénith de Saint Etienne, le secrétaire général adjoint de la Fnsea interpellait le ministre de l’Agriculture : «Une haie, ça bouche l’horizon, ça aboutit à ne pas voir plus loin que le bout de son nez […]. Ensuite, M. le Ministre, une haie ça peut isoler du monde paysan. A force de ne plus voir les paysans, on finit par ne plus les comprendre.»
Stéphane Le Foll hué, Manuel Valls écouté
C’est accompagné de son ministre de l’Agriculture, copieusement hué par les congressistes, que Manuel Valls est arrivé au congrès de la Fnsea. Accueilli par Xavier Beulin, il a écouté la longue liste des impasses en face desquelles se retrouvent les agriculteurs, avec entre autres un compte pénibilité inapplicable, un entretien des cours d’eau impossible, des contrôles incessants par des agents armés, des zones vulnérables «bombes à retardement» même si, comme le rappelle Xavier Beulin «notre mobilisation aura fait reculer les nouveaux zonages de 30 à 45 % selon les bassins.» Sur la mise en œuvre de la PAC, le président de la Fnsea a pointé du doigt les renvois de balle entre la France et l’Europe à la veille des déclarations PAC.
Concernant l’ICHN, il a demandé que l’engagement pris d’une revalorisation de 70 €/ha en 2016 soit tenu et que les paiements des aides soient faits en temps et en heure. Xavier Beulin a rappelé également au Premier ministre les engagements pris par le gouvernement autour de l’idée «Produire français pour manger et consommer français». Il a souligné les chantiers qui aujourd’hui encore tardent à aboutir : le chantier social (apprentissage, pénibilité, retraites…), le chantier des prix, de l’origine et des relations commerciales, le dossier de l’innovation et enfin celui de l’écologie. Sur ce dernier chantier, Xavier Beulin a salué des avancées notables depuis les États généraux de l’Agriculture de février 2014. Parmi celles-ci, la définition des cours d’eau qui devrait figurer dans la prochaine loi sur la biodiversité. Enfin, le président de la Fnsea a appelé le gouvernement à des réformes sur le coût du travail, la règlementation, l’investissement, qui permettront à l’agriculture de relever le défi de la compétitivité. Il a également rappelé les initiatives portées par la Fnsea telles que «Nitrates autrement» ou la mise en place d’un socle assurantiel.
Le message de confiancede Manuel Valls
Avant d’apporter quelques éléments de réponse à la longue liste d’interrogations portée par Xavier Beulin, Manuel Valls a appelé au dialogue et à l’écoute. «Nous n’ignorons rien des difficultés, a-t-il souligné. Nous voulons vous adresser un message de confiance». Une fois le message transmis, un autre a suivi, destiné à ceux qui pourraient être tentés par l’extrême droite : «l’agriculture doit continuer à bénéficier de la PAC». Pour le Premier ministre, l’agriculture de demain devra conjuguer performance économique et écologique. Pour ce faire, il a assuré les agriculteurs du soutien de l’État, notamment pour les filières en difficulté, rappelant la tenue le 31 mars d’une table ronde avec tous les acteurs de la filière porc. Manuel Valls a dit à ce propos, attendre des résultats concrets et que la grande distribution «joue enfin le jeu». Concernant les normes, le Premier ministre a affirmé que celles-ci devront être alignées sur le niveau européen d’ici la fin de l’année. La Directive Nitrates devra également se mettre en conformité avec l’Union européenne. «Une directive de plus de vingt ans doit être renégociée,» a-t-il précisé. La question des cours d’eau est pour le Premier ministre «résolue d’ici la fin de l’année» et le moratoire sur les retenues d’eau «caduque». Sur la PAC, Manuel Valls a assuré que le décalage des déclarations ne serait pas suivi d’un décalage de paiement. La question de la gestion des risques et celle de l’investissement devraient être selon lui au cœur de la PAC 2020. Revenant sur l’actualité pour terminer son discours, Manuel Valls a salué «le sens des responsabilités des agriculteurs» dans le dossier Sivens et l’engagement vers la transition énergétique. Des mesures facilitant les démarches administratives en la matière devraient être prises en juin.
P. Dumont