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Elevage
Éleveurs témoins : l’interface avec le grand public

La profession a fait le choix de communiquer sur ses méthodes de travail. Ceci dans le but de redorer un blason écorné par les crises sanitaires de la fin du siècle dernier.

Pascal Lerousseau a présenté son travail à de jeunes gens des villes, lors du dernier Salon de l’agriculture de Paris.
Pascal Lerousseau a présenté son travail à de jeunes gens des villes, lors du dernier Salon de l’agriculture de Paris.
© D.R.

Avec l'apparition des premiers cas d’ESB dans les années 1996 et 2000, le monde de l'élevage se trouva face à une situation inextricable et inédite, aussi bien devant les consommateurs que devant les journalistes, pour répondre aux nombreuses interrogations du moment, surtout devant des média friands de scoops sensationnels. La maladie de Creutzfeldt-Jakob suscitait et amplifiait une véritable psychose avec pour seul responsable : les agriculteurs.

 

Si cela ne reste que l’ombre d’un mauvais souvenir encore en veille dans nos mémoires, la profession agricole prise au dépourvu durant ces moments difficiles a su réagir en misant sur des moyens et des méthodes de communication dans le but de légitimer les pratiques agricoles mais aussi le métier d'éleveur.

 

Même aujourd'hui, quel agriculteur ne se sent pas désarmé devant un journaliste, ou même un voisin, un membre de sa famille critiquant le monde agricole, ses pratiques jugées peu respectueuses de l'environnement, les aides compensatoires de l’Union européenne, etc ? En situation de crise, et plus particulièrement sanitaire, cela peut prendre des proportions qui mettent chaque agriculteur ou responsable professionnel dans des situations très inconfortables et difficiles.

 

Maîtiser la communication

Répondre aux multiples interrogations du moment : tel était l'objectif affiché par la Confédération nationale de l'élevage, qui institua dès les années 2000 un ambitieux projet de communication, après deux crises majeures qui ont marqué le monde de la viande et du lait. Souvent désarmés face à l'image des éleveurs véhiculée par les média, une stratégie de communication était devenue plus qu’indispensable aux exploitants. Elle était complémentaire à toute communication sur les produits eux-mêmes. Cette prise de conscience amena la profession agricole à élaborer un projet articulé autour de trois axes : la communication sur le métier avec les média, la mise en œuvre d'un réseau de 40 éleveurs témoins préparés à la communication grand public après une formation avec l’Ifocap (institut de formation des attachés de presse) et la mise en place d'un observatoire élevage-société pour mieux comprendre la manière dont les agriculteurs et leurs métiers sont perçus.

 

La construction de ce réseau éleveurs-témoins nécessita pas moins d'une quarantaine d'éleveurs volontaires et motivés pour faire vivre ce réseau, en maintenant des liens forts au sein même du réseau, tout en professionnalisant leur démarche de communication au terme d'une formation dispensée sur deux ans (2003 et 2004) répartis sur plusieurs modules.

 

Des objectifs affichés

Pour les initiateurs de cette stratégie, la mise en place de ce réseau d'éleveurs témoins représente un engagement passionnant, né de la réflexion collective par le travail en équipe avec des collaborateurs des deux filières lait et viandes (CIDIL et CIV). Les objectifs fixés au départ reposent sur la création d'une dynamique de groupe pour la mise en commun d’analyse des expériences sur les thèmes liés au débat « société élevage » : aider les éleveurs à se construire des références et des arguments pour expliquer le métier aujourd’hui, répondre aux interrogations de la société et former les éleveurs-témoins aux techniques de communication avec les principaux média (presse écrite, radio et télévision).

 

Mais le plus difficile reste sans nul doute le travail envers les autres pour établir le dialogue, qu'ils soient journalistes ou simples consommateurs, et ceci à partir de sa propre expérience, de son métier, de ses pratiques, de ses savoir-faire à expliciter à un public non averti, parfois emprisonné dans cette représentation nostalgique d’une agriculture lointaine ou erronée sur les modes d’élevage.

 

C'est à partir de cette base que les compétences de ces nouveaux communicants se sont peu à peu construites et que s’est solidarisé le groupe d'éleveurs témoins.

A.M

Pascal Lerousseau, éleveur-témoin en Limousin

« Mettre du fond et du sens dans les messages »

Au-delà de ses responsabilités syndicales - il préside la section bovine de la FDSEA - Pascal Lerousseau est avant tout éleveur sur la commune de Gioux. Il y exploite avec son épouse Peggy en EARL une ferme de 230 hectares, en race limousine, en système naisseur. Selon Pascal Lerousseau : « Le réseau éleveurs témoins repose essentiellement sur une entente et une cohésion parfaite au sein du groupe, mais aussi sur la motivation que nous avons tous pour faire passer nos messages. Chaque année nous participons au Salon international de l'agriculture, un lieu privilégié de rencontres avec le grand public, afin d’expliquer et de défendre notre métier, la façon dont nous produisons nos viandes. La relation avec le public est très importante. Depuis 4 ans que je participe à Terre d’élevage, je ne fais que positiver mon métier et expliquer les raisons qui m'ont conduit à être aujourd'hui éleveur. Mais pour être bien compris, nous devons être ludiques et pour cela, nous participons aux différents stands d’animations avec les collaborateurs du CIV et du CIDIL, au travers de jeux divers et variés, que nous proposons tout en expliquant à chaque fois ce qui nous motive dans ce métier et pour bien faire comprendre aux consommateurs que nous sommes, avant tout, des producteurs ayant un grand respect de nos animaux. Mais au-delà des techniques de communication, du média training par exemple, nous avons toujours souhaité mettre du fond et du sens dans les messages. Pour cela nous avons beaucoup insisté sur l'ouverture au dialogue, la compréhension de l'autre et notamment celui qui vous critique. Nous avons dans nos sessions des intervenants extérieurs au monde agricole qui nous donnent des éléments de réflexion et d'analyse sur cette société avec laquelle on veut mieux dialoguer et se faire comprendre. Ces éclairages de philosophes, de sociologues, de journalistes nous aident aussi à mieux identifier et exprimer les valeurs de nos métiers que l'on veut mettre en avant et faire partager. Autrement dit nous sommes très loin du marketing. »

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