ÉCONOMIE : Fumiers et lisiers, apporter la bonne dose au moment optimal
Les effluents d’élevage sont une source importante en phosphore et potasse,
apportent de nombreux oligo-éléments et sont des amendements.
Par leurs valeurs fertilisantes les engrais de ferme (fumiers, lisiers ou composts) sont capables de couvrir une bonne partie des besoins en fertilisants dans les fermes d’élevage. Il convient de les répartir au mieux entre cultures, prairies temporaires et prairies permanentes pour faire des économies substantielles en engrais.
Les effluents d’élevage sont d’autant plus riches que la complémentation des animaux est élevée. En plus d’être une source importante en phosphore P et potasse K, ils sont des amendements qui relancent la vie microbienne du sol et apportent de nombreux
oligo-éléments issus en majorité des résidus des minéraux. Ne pas les gaspiller par des apports trop concentrés sur les mêmes surfaces contribue à maintenir le potentiel agronomique et fourrager de l’exploitation.
Ajuster les doses en fonction des besoins en P et K
Quel que soit le type de prairie, l’apport d’une dose d’engrais de ferme permet de couvrir les besoins en fumure de fond (phosphore et potasse). Il suffit ensuite de rajouter un complément en azote minéral en fonction des objectifs de récolte.
10 à 15 T de compost/ha, ou 15 à 20 T/ha de fumier ou 20 à 25 m3 de lisier peu dilué sont des doses qui permettent un entretien phospho-potassique sur un maximum de surfaces en herbe.
Pour les prairies utilisées plus intensivement en ensilage, enrubannage, renouveler cet apport chaque année est l’idéal et plus efficace qu’une dose double pour 2 ans. Pour les prairies en fauche tardive, type foin au sol, on pourra espacer cet apport une année sur 2.
Pour du maïs fourrage moins consommateur en potasse (12,5 unités par T de MS contre 20 à 25 pour de l’herbe) on fixera les apports en fonction des objectifs de rendement et du besoin en potasse. Couvrir les exportations potassiques au-delà de 120 à 130 % (soit épandre plus de 27 T de fumier de bovin pour un rendement de 12 T de MS par ha) entraîne des gaspillages par lessivage de la potasse et de l’azote durant l’hiver qui suivra la culture. Dans nos zones d’altitude, il est difficile d’implanter une culture suffisamment développée pour piéger des excédents importants. De tout façon la culture a besoin d’un apport complémentaire en azote minéral au semis ou au binage pour exprimer pleinement son potentiel.
Apporter au bon moment pour minimiser les pertes
Sur prairie, l’utilisation des fumiers est difficile, ils sont à épandre de préférence en automne. Ils sont pauvres en azote facilement assimilable donc les risques de perte sont plus faibles.
Pour les lisiers, épandre en période poussante ou proche du démarrage de la végétation au printemps pour limiter les pertes par volatilisation et lessivage. Sur prairie, des apports précoces de fin d’hiver juste avant les apports azotés minéraux sont à préférer ou entre 2 coupes sauf si fortes chaleurs.
Les composts sont plus souples d’utilisation : pas de risque de volatilisation ou lessivage de l’azote ni problème d’odeur ou de résidu.
Dans tous les cas respecter les limitations prévues par la législation. Les épandages sont interdits sur sols détrempés, enneigés ou en cas de forte pluviosité. Sur les sols gelés seuls les fumiers et composts peuvent être autorisés. En plus dans les zones vulnérables se conformer à la législation qui prévoit un calendrier comprenant les périodes interdites strictes et des modes de calcul des doses maximales d’azote avec fractionnement éventuel.
Régine Tendille - Chambre d’Agriculture