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Dr Authier : “Plus d’addictions aux médicaments qu’aux drogues”

Une dépendance sur ordonnance. C’est ce qui caractérise l’addiction aux médicaments, “bien plus fréquente que celle aux drogues. La première étape, c’est d’avoir une prescription de son médecin. On se sent en sécurité mais si on en fait un mauvais usage, on peut développer une addiction”. Et les chiffres donnent le tournis : onze millions de Français se font prescrire des dérivés morphiniques par an, environ 40 % peuvent en avoir un usage non conventionnel, deux tiers une dépendance physique et 10 à 15 % présentent une véritable addiction. “L’addiction aux médicaments est largement sous-estimée”, présente le professeur Nicolas Authier, qui a rejoint le pôle addictologie du centre hospitalier d’Aurillac et officie également au CHU de Clermont-Ferrand. Son arrivée a permis de formaliser des consultations consacrées spécifiquement à ce thème car, “même s’il n’y a pas de compétition entre les produits, il y a une vraie dépendance aux anti-douleurs, plus qu’à l’héroïne”.
Comment définir une dépendance ? “Vous consommez un médicament, une accoutumance se crée. Et quand il faut diminuer voire arrêter sa prise, vous n’y arrivez pas. Vous êtes en manque physiquement. Votre corps a une envie irrépressible de consommer et votre cerveau a du mal à résister.” C’est là qu’interviennent le médecin traitant ou hospitalier, les pharmaciens, les infirmiers,… qui peuvent se rendre compte que leur patient ne peut plus se passer de ses médicaments. Ils les orientent alors vers le service dirigé par le Dr Caroline Poirier.
 

Une maladie chronique, inguérissable


En 2018, la Direction générale de la santé a publié une feuille de route afin de prévenir les overdoses par opioïdes. “En Australie, en Amérique du Nord, en Europe du Nord, on s’est rendu compte qu’on avait trop prescrit ces médicaments, avec un risque de surdose ou d’overdose, donc un décès. En France, il y a une vraie démarche nationale qui vise à bien prescrire. Car ça commence par là, par une ordonnance.” En plus d’une sensibilisation auprès des professionnels de santé, “on doit donner aussi une bonne éducation de l’usage aux patients”. Et quelques conseils aussi : ne pas partager son traitement avec quelqu’un d’autre, ne pas donner ses médicaments, arrêter l’auto-médication, respecter le temps de prescription et les doses...
En consultation, le Dr Authier prend le temps de cerner la problématique du patient et le suivra tout le long de la thérapeutique, qui peut prendre plusieurs mois, voire plus. “On peut administrer un traitement de substitution, c’est-à-dire qu’on donne une autre molécule avec des propriétés différentes. On peut aussi envisager un sevrage progressif, par plateaux de 6-12 mois. C’est toujours inconfortable, il peut y avoir des répercussions sur le sommeil, le moral,… L’addiction est une maladie chronique donc par définition, on n’en guérit pas. En revanche, on apprend à mieux la gérer et on peut être abstinent, comment avec la cigarette ou les jeux d’argent.” Le cerveau conserve en effet “une empreinte biologique” d’un produit et devient donc plus vulnérable qu’un cerveau vierge de toute addiction. À cause de cette “trace”, le patient est “plus vulnérable à la rechute, particulièrement dans des moments de vie difficiles, un deuil, une séparation, un licenciement,… 
Donc l’idéal, pour les drogues, c’est de ne pas commencer. Mais pour les médicaments, l’idée n’est pas de dire qu’il ne faut pas en prendre. Dans des douleurs post-opératoires ou dans des cancers métastasés, bien sûr qu’il faut prescrire de la morphine par exemple sinon le malade va trouver des alternatives pour ne plus souffrir, comme l’alcool, premier anesthésiant en France. Mais attention à ne pas en prendre pour d’autres raisons que les symptômes, juste parce que ça nous fait du bien car les patients les plus vulnérables peuvent développer une addiction. La vigilance commence chez les professionnels de santé”.
m. varnieu

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