DNC : l'abattage est-il réellement justifié ?
Face à la dynamique de contamination (vectorielle et par contact) et les difficultés d'identifier les bovins exprimant peu les symptômes, l'abattage du lot contaminé est la seule solution contre la propagation de la maladie.
Face à la dynamique de contamination (vectorielle et par contact) et les difficultés d'identifier les bovins exprimant peu les symptômes, l'abattage du lot contaminé est la seule solution contre la propagation de la maladie.

La DNC tue peu. La mortalité en zone endémique est estimée aux alentours de 10 % mais en zone indemne « sur des animaux naïfs (absence d'immunité naturelle) ce taux peut grimper jusqu'à 40 % » explique Jean-Marie Ferraton, vétérinaire et membre du Groupement Technique Vétérinaire (GTV) Auvergne Rhône-Alpes. En revanche, l'expression des symptômes (morbidité) atteint 45 % en zone endémique et 100 % en zone indemne.
Cette maladie crée des bovins impotents. »
Quels sont les symptômes de la DNC et leur temporalité ?
Dans les premières 48h, la DNC occasionne une fébrilité des animaux contaminés, avec de la fièvre (jusqu'à 41°C) et un mufle qui coule.
Les nodules cutanés, de 0,5 à 5 cm de diamètre, fermes et incolores apparaissent 2 à 5 jours plus tard, sur toutes les parties du corps.

L’état de santé général de l'animal se détériore avec un amaigrissement rapide, des infections cutanées, des avortements, des troubles digestifs…
La guérison est possible mais les séquelles laissées par le virus impactent considérablement la productivité.
« Les cicatrices laissées par les nodules sont douloureuses. Une vache avec des lésions sur le pis ne se laissera plus traire, ni téter par son veau. Une vache allaitante n'acceptera plus le taureau. »
DNC : les PCR des animaux malades reviennent négatives
Le diagnostic clinique de la maladie est malheureusement facile. L'interprétation des résultats cependant l'est beaucoup moins. Dans la quasi-totalité des cas, la biopsie des nodules valide la DNC malgré des PCR négatives.
Le passage du virus dans le sang (virémie) est très transitoire et peut avoir lieu entre 4 et 28 jours post-piqûres par les vecteurs et ne durer que 24h. »
Des animaux exprimant peu la maladie vont donc disséminer le virus par simple contact. « La dynamique de contamination et l'incapacité de dire dès les premiers jours si l'animal est malade ou non, obligent à l'abattage, sans quoi la maladie se propagerait très rapidement. »

À lire aussi : Annie Genevard : « L'objectif est l'éradication de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) »
Un animal malade de la DNC n'entraîne pas systématiquement l'abattage de l'ensemble du troupeau
Enfin, Jean-Marie Ferraton éclaircie un dernier point concernant l'abattage.
« Il faut arrêter de dire qu'un cas clinique entraîne l'abattre de tout le cheptel. C'est faux. On abat la cellule épidémiologique. Par exemple : vous avez 5 lots de 10 vaches dans différentes pâtures, qui n'ont aucun contact entre eux. Si on détecte un animal malade dans un lot, on n'abat pas les 5 lots mais le seul lot de l'animal malade. Cet animal malade est, de toute façon, perdu pour l'élevage. »
La problématique de la DNC, reconnaît le vétérinaire, est l'expression des symptômes qui en fonction des animaux ne se réalise pas dans le même temps donnant l'impression d'abattre des animaux en bonne santé. Pourtant, ces bovins malades sont contaminants.
Si on attend que tous les animaux passent par la phase clinique pour décider ou non de l'euthanasie, la maladie va continuer de se propager par ces cas contact et s'élargir sur le territoire. »
À lire aussi : Face à la DNC, les éleveurs du Puy-de-Dôme sont appelés à fermer les portes de leur exploitation