DNC : La délicate gestion des retours d’estive
Le couperet est tombé samedi 6 septembre. Alors qu’aucun nouveau foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) n’avait été détecté en France depuis le 23 août dernier, un cas a été repéré dans l’Ain, au sein d’un lot de cinq animaux non vaccinés et situé en estive, près de la commune d’Injoux-Génissiat.
Le couperet est tombé samedi 6 septembre. Alors qu’aucun nouveau foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) n’avait été détecté en France depuis le 23 août dernier, un cas a été repéré dans l’Ain, au sein d’un lot de cinq animaux non vaccinés et situé en estive, près de la commune d’Injoux-Génissiat.


Le foyer a été abattu le jour même. « Le virus de la DNC reste encore localement présent sur notre territoire, la situation sanitaire n’est pas encore totalement stabilisée », a affirmé le ministère de l’Agriculture dans un communiqué, et ce en dépit « de très bons résultats en termes de couverture vaccinale, avec un taux supérieur à 90 % ».
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La zone réglementée de surveillance des bovins concerne désormais 9 communes du Jura, en plus de la Savoie (zone inchangée), de la Haute-Savoie (7 communes passent de zone de surveillance à zone de protection), de l’Ain (39 nouvelles communes) et de l’Isère (8 nouvelles communes). Au total, 63 nouvelles communes ont été placées sous surveillance, selon l’arrêté préfectoral. Comme le rappelle le groupement de défense sanitaire (GDS) des Savoie, une zone réglementée de 50 kilomètres autour de chaque foyer interdit tout mouvement de bovins à partir ou à destination de cette zone, y compris en interne, ainsi que l’épandage de fumier et de lisier. Des mesures jusqu’à présent rigoureusement respectées par les éleveurs, mais qui compliquent la fin de la période d’estive et la collecte des veaux.

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« Nous ne disposons pas des ateliers d’engraissement nécessaires sur notre territoire », souligne Cédric Laboret, président de la chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc. Une note du GDS des Savoie, datée du 5 septembre, rappelle toutefois que « les veaux nés de mères vaccinées depuis 21 jours ou plus avant la date de vêlage sont considérés comme vaccinés ». De son côté, le ministère de l’Agriculture a publié le 4 septembre une instruction précisant que la descente d’estive sera autorisée, sous conditions strictes, depuis la zone réglementée à destination de sites d’accueil situés dans la même zone. « La solidarité entre éleveurs est mobilisée grâce à l’appui des organisations professionnelles et des groupements de défense sanitaire afin de rechercher des places d’accueil en zone réglementée pour les bovins de retour d’estive », indique le ministère.
Selon Cédric Laboret, plus de 1 500 animaux doivent sortir de la zone concernée, provenant initialement des Alpes du Sud et du Massif central, « sachant que tous les éleveurs n’ont pas encore forcément répondu au questionnaire », ajoute l’élu.
« Nous aurons des animaux pour repeupler nos troupeaux », assure Cédric Laboret, président de la chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc
Au-delà de la gestion des mouvements, le président s’inquiète aussi du repeuplement des troupeaux.
« Les organisations raciales se chargent actuellement de trouver des animaux, en lien avec les coopératives d’éleveurs et la chambre d’agriculture, détaille-t-il. L’objectif est d’identifier quels sont les besoins selon les classes d’âge ».
Parallèlement, la solidarité s’organise entre les éleveurs des autres territoires. « Nous aurons des animaux pour repeupler nos troupeaux », assure Cédric Laboret, davantage préoccupé par la question de l’indemnisation. « Au sein de la chambre d’agriculture, nous avons effectué un calcul afin de comparer les pertes indirectes et la prise en charge annoncée par l’État. Il existe un delta entre les deux, puisque nous avons estimé le coût à 1 700 € par animal.
L’État dit qu’il va compenser les pertes de la DNC sur l’année N, mais le repeuplement aura des incidences sur un temps bien plus long
Dans une note publiée le 21 juillet dernier sur son site, le ministère rappelle que « la période d’indemnisation du déficit momentané de production, qui était jusqu’à présent de 3 mois maximum pour les élevages laitiers et de 12 mois maximum pour les élevages allaitants, est désormais augmentée de la durée d’interdiction de remise en place des animaux ».
Affirmant que les éleveurs ont tout fait pour « préserver au maximum le troupeau France », Cédric Laboret attend de l’État une meilleure indemnisation des pertes pour l’ensemble des professionnels touchés par cette maladie.