Des producteurs du Puy-de-Dôme engagés dans le drive-fermier
35 producteurs du Puy-de-Dôme sont engagés dans la démarche drive-fermier initiée par la chambre d'agriculture et l'Association Accueil à la Ferme. Ils témoignent.

Des fromages de chèvre...
Carole est éleveuse de chèvres et fabrique des fromages sur l'exploitation familiale à Cros depuis 2016. Soutenue par David son compagnon, elle écoule habituellement ses produits à travers la vente directe à la ferme et sur un marché hebdomadaire local. Mais dans le contexte de crise sanitaire, le couple a été contraint de modifier ses réseaux de commercialisation. « La vente à la ferme a chuté de 90%. Les gens ne se déplacent plus sur l'exploitation ; d'ailleurs nous avons fermé au public l'accès à la boutique. Les quelques échanges ne se font plus qu'à distance dans le respect de l'application des geste barrière » explique David Joly. Les chevriers ont ainsi développé la livraison à domicile, « certes, cela a doublé notre charge de travail mais ça se passe bien » reconnaissent-ils.
Ils sont engagés par ailleurs dans le drive-fermier mis en place par la Chambre d'agriculture. « C'est pour nous un autre moyen pour écouler nos fromages de chèvre. Le démarrage a d'ailleurs été prometteur et nous enregistrons déjà de nouvelles commandes pour les livraisons des prochaines semaines » se réjouissent-ils. Carole et David Joly continuent par ailleurs de vendre leurs production sur l'unique marché hebdomadaire qu'ils ont l'habitude de faire et qui est aujourd'hui maintenu. « Nous continuons donc à nous y rendre et avons d'ailleurs davantage de clients qu'auparavant » reconnaît l'éleveuse. Elle constate « la fidélité de ses clients » mais également l'arrivée de nouveaux consommateurs enclins peut-être à se rapprocher davantage des produits locaux et des circuits courts ; « du coup nous avons parfois du mal à répondre à la demande » indique-t-elle.
...aux produits carnés
Nathalie et Paul Gasteau, agriculteurs-éleveurs d'Aubrac à Laqueuille produisent et commercialisent de la viande en caissette, des charcuteries et des conserves transformés à la ferme. Le confinement a totalement bouleversé la commercialisation de leurs produits qui reposait jusqu'alors sur les marchés et leur participation à de nombreux évènements. « En temps normal, nous faisons les marchés locaux particulièrement durant les congés scolaires sur des sites touristiques comme Murol, Besse ou encore Aydat. Nous travaillons beaucoup les jours fériés... Or en ce moment il n'y a plus rien ! ni marchés, ni touristes. Quant aux petits salons, foires et évènementiels, ils sont aussi annulés » se lamente Nathalie Gasteau ; sans compter que la vente directe à la ferme est également totalement stoppée. Alors la mise en place d'un drive fermier par la chambre d'agriculture a été accueillie avec satisfaction par l'éleveuse. « C'est une belle opportunité pour nous d'écouler des produits que nous avons en stock tels que de la viande séchée ou des bocaux de charcuterie avec des DLC (durée limite de consommation) longues ». Mais l'exploitante reste inquiète pour l'avenir... « A partir de juin et sur juillet nous faisons beaucoup de marchés et vendons beaucoup de saucissons. Or c'est en ce moment que nous devons abattre des animaux pour les transformer en produits pour l'été. Nous avons des animaux prêts à abattre mais nous sommes obligés d'attendre afin de limiter les stocks... C'est compliqué à gérer ! On doit continuer à engraisser les animaux, ça coûte cher et on ne sait pas du tout comment ils pourront être valorisés dans les semaines à venir. Et on ne peut même pas vendre les vaches de réforme car le marché est saturé...c'est la double peine ! »