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Des cours en baisse, des éleveurs en colère

Cours de la viande bovine en chute libre, revenus en berne et charges en hausse, la FRSEA et JA Limousin se sont mobilisés le 30 juillet dernier. Après avoir rencontré l’interprofession bovine limousine, ils sont allés contrôler l’origine de la viande dans les rayons de Promocash puis de Metro, deux fournisseurs de la restauration hors domicile. En milieu d’après-midi, ils sont allés frapper à la porte du Préfet de région pour exposer la situation.

© P. Dumont

Depuis plusieurs semaines les cours de la viande bovine sont en chute libre (-40 centimes du kg/carcasse) alors que le marché national ne montre aucune tendance à la baisse. Pire encore, le prix de la viande en GMS a augmenté de 1,5 % en un an. À cela, s’ajoutent des charges, notamment alimentaires, qui repartent à la hausse. Enfin, début juillet, la parution des revenus agricoles 2013 faisait apparaître une nouvelle dégradation et les éleveurs limousins se retrouvent à nouveau en queue de peloton de la ferme France. Bref, la situation n’est plus tenable. À qui profite le crime ?
Pour tenter d’y voir plus clair, la FRSEA et JA Limousin ont convié les membres de l’interprofession bovine limousine à une réunion le 30 juillet au matin. Ceux-ci ont répondu présent même si on pouvait déplorer l’absence des GMS autour de la table, GMS non représentée dans l’interprofession limousine. Après un court exposé de la situation, diverses explications ont été avancées. Besoin de s’approvisionner à l’extérieur pour alimenter des abattoirs en manque de volume, nécessité de trouver un acheteur avant même l’abattage, pression sur les prix, méconnaissance des produits par les acheteurs des GMS, chute des abattages, difficile de faire le tri. « L’interprofession partage globalement nos constats, analyse Daniel Couderc, président de la FRSEA Limousin, mais quelles sont les solutions ? On nous demande d’être plus compétitifs mais nous le sommes déjà ! Une chose est sûre, nous devons nous battre sur l’économie et l’emploi et notamment les charges sociales ». En effet, avec un coût de l’abattage de 24 cts du kilo carcasse en France contre 15 cts en Allemagne, le combat semble inégal. Autre élément sur lequel s’accordent éleveurs et interprofession, les GMS doivent s’engager dans la contractualisation.
Poursuivant sur leur lancée, les représentants FRSEA, FDSEA et JA ont mis les GMS sur le grill et notamment Promocash et Métro, deux enseignes fournissant la restauration hors domicile. Dans les deux grandes surfaces, ils ont vérifié la provenance des viandes distribuées. « On s’attendait bien sûr à trouver des viandes d’autres pays, confie le président de la FRSEA, mais à ce point là… » L’importation règne en maître à Promocash comme à Metro ; plus de la moitié de la viande vendue n’est pas française. En outre, entre leur naissance et la barquette, les animaux ont parcouru l’Europe. « Regardez cette entrecôte, montre Jean-Marie Colon, vice-président de JA Limousin. L’animal est né et a été élevé en République Tchèque, abattu en Allemagne et découpé aux Pays-Bas. Il a fait le tour de l’Europe avant d’arriver sur l’étalage ! » Avant de repartir, et contre un euro symbolique, les éleveurs ont prélevé un échantillon des viandes proposées. L’objectif des éleveurs : montrer au Préfet ce que l’on trouve aujourd’hui dans les rayons d’une grande surface de la région alors qu’à quelques kilomètres paissent leurs limousines.
Une fois devant la Préfecture, une délégation d’éleveurs a été reçue par le Préfet. À la sortie de la rencontre, les présidents de FDSEA et FRSEA en ont fait le compte-rendu aux éleveurs restés dehors. « Le Préfet nous a écouté et s’est engagé à faire remonter nos doléances et j’espère qu’il le fera, résume Daniel Couderc. Au-delà de la conjoncture viande bovine, il y a aussi d’autres dossiers et des points d’achoppement comme sur le dossier des zones vulnérables ». Un point de vue partagé par les présidents des FDSEA de Haute-Vienne et de Creuse. « Nous ne voulons pas de critères nationaux plus drastiques que ceux de l’Europe », a rappelé Joseph Mousset. Pascal Lerousseau renchérit : « nous nous battrons sur les zones vulnérables. Les agriculteurs ne doivent plus faire d’investissements non-productifs ». Dans les rangs des manifestants, l’amertume est grande. « On se moque de nous. », « Ce qu’ils veulent, c’est que nous soyons de moins en moins nombreux. », entend-on. « C’est vrai, la partie va être difficile, mais nous devons rester mobilisés », termine le président de la FRSEA.

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