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Des chiens, des hommes et des clôtures sécurisées pour contrer le loup

Les 11 et 12 septembre, les techniciens ovins de la région ont participé à une formation sur la protection des troupeaux à Landos.

Techniciens ovins d’OPA, conseillère et infirmière de la MSA Auvergne ont participé à cette formation organisée à Landos.
Techniciens ovins d’OPA, conseillère et infirmière de la MSA Auvergne ont participé à cette formation organisée à Landos.
© HLP

Les 11 et 12 septembre, la Chambre d’agriculture de Haute-Loire organisait une formation sur le thème de la protection des troupeaux contre un prédateur de plus en plus offensif et dont la présence s’accroît dans nos départements de montagne, le loup.
Pour rappel, la Haute-Loire a fait l’objet de deux attaques en l’espace de 3 ans : à St Christophe d’Allier en 2014 et à St Etienne du Vigan en 2015.
Cette formation organisée avec le soutien financier de la MSA Auvergne et de la Région visait à sensibiliser les techniciens à la problématique de la prédation et à leur apporter les outils pour accompagner au mieux les éleveurs concernés.

Les moyens de protection
Après l’intervention de la MSA Auvergne sur le traumatisme émotionnel et psychologique généré par l’attaque d’un troupeau sur les éleveurs (voir dans cette page), le directeur adjoint du Cerpam (Centre d'Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée) Laurent Garde, a livré des informations techniques précises en matière de protection contre ce prédateur.
Ce dernier conseille d’associer a minima deux moyens de protection : le chien qu’il considère comme «le seul instrument réellement dissuasif» avec l’homme (au pâturage lorsque la visibilité du troupeau est bonne) ou bien le chien avec des clôtures électrifiées (dans le cas de pâturages sans visibilité et en parc de nuit).
«Le système chien-homme (via une logique du gardiennage) est un moyen de protection efficace. Toutefois, le système que je vous présente ici a été conçu pour l’alpage. Dans ces zones d’élevage,  un troupeau de 2000 brebis est protégé par 4 à 6 chiens et 2 bergers durant 4 mois. Toutefois, ce n’est pas transposable en dehors des alpages» explique-t-il.
Alors quelles préconisations ce spécialiste du Cerpam fait-il pour nos élevages de plus petites dimensions que l’on structure en lots (au moins trois) et dont les animaux pâturent pendant 8 mois sans aucun berger ?  «Pour un troupeau de 400 brebis, il faudrait mobiliser un berger et 2 à 3 chiens par lot. L’exploitation passerait alors de 1,2 ETP à 3 ETP, et ce sans revenu économique supplémentaire !» note-t-il.

Un minimum de 2 chiens
Et si autant de moyens humains ne peuvent être mobilisés sur les exploitations, il est toujours possible d’installer des clôtures sécurisées (hauteur de 1,1 m à 1,2 m avec 5 fils électrifiés ou sécurisation du grillage existant avec du fil barbelé en bas).
Quant au chien de protection, ils ne doivent jamais être seuls ; leur efficacité commence à partir de 2 chiens. Laurent Garde rappelle par ailleurs qu’un chien de protection n’a rien à voir avec un chien de troupeau, l’éducation n’est pas la même. Selon lui «si la race du chien n’a aucune importance, en revanche la qualité de la sélection génétique initiale compte beaucoup». Pour obtenir les chiens de protection les plus efficaces possible, il conseille d’opter pour des souches alpines ou de la région des Abruzzes en Italie.
Les ovins et les caprins ne sont pas les seuls animaux à pâturer en extérieur dans nos régions, les bovins laitiers et allaitants peuvent eux aussi être amenés à faire de mauvaises rencontres... Il n’existe pas de schéma de protection ni de crédits pour protéger les bovins contre le loup. Pourtant quelques dizaines de bovins sont tués par le prédateur chaque année. «Cette question deviendra majeure dans les 10 à 20 ans qui viennent et le Massif-Central sera directement concerné» prédit Laurent Garde.
Pour ce spécialiste, «aucune stratégie de protection ne fonctionne sans le fusil, c’est pourquoi il invite techniciens et organismes à se battre pour faire ouvrir les droits de tir lorsqu’un territoire n’est pas protégeable».
Si pour l’instant, le Massif-central ne connaît pas encore la prolifération de hordes de loups comme dans les Alpes, c’est notamment grâce à la vallée du Rhône qui représente une barrière difficile à franchir pour les loups.
Toutefois, cette protection naturelle risque de ne pas durer très longtemps en raison de la volonté de  l’Europe de recréer une métapopulation* européenne de loups.
Après ces interventions en salle, la formation s’est poursuivie sur le terrain, sur l’exploitation de Nicolas Gibert, éleveur ovins à St Christophe d’Allier chez qui un diagnostic de vulnérabilité à la prédation a été réalisé par Fabrice Vassort, technicien ovin à la Chambre d’agriculture. L’occasion  pour les participants d’observer la mise en oeuvre des mesures de protection sur une exploitation.

* Une métapopulation est un ensemble de populations d’une même espèce réparties dans l’espace, entre lesquelles il existe des échanges plus ou moins réguliers et importants d’individus.

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