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Rats taupiers
Dégâts insoutenables, réglementation inadaptée, moyens de lutte insuffisants

La profession agricole fortement mobilisée pour interpeller l’administration sur les difficultés causées par les campagnols terrestres

Plus de 100 agriculteurs se sont mobilisés à St-Julien-Puy-Lavèze pour témoigner de leurs difficultés liées aux dégâts de rats taupiers dans les prairies. Bruno Chaput, secrétaire général de l’UDSEA est à l’initiative de cette manifestation. «Entre un sanglier accidentèlement empoisonné à la bromadiolone et la vie d’un éleveur à bout : qu’est-ce qui a le plus de valeur? Ras-le-bol ! La situation est devenue intolérable. Depuis 30 ans, les populations de ces nuisibles n’ont jamais été aussi dévastatrices ! Et pourtant il paraît que la question des campagnols est accueillie par des rires narquois dans certains milieux ». Les moyens de lutte actuels sont insuffisants : «dans le cadre des luttes, les appâts constitués de blé à base de bromadiolone n’apportent pas de résultats satisfaisants et les moyens de lutte alternatifs comme les aménagements paysagers sont ridicules face à la gravité de la situation ». De plus, les éleveurs ne comprennent pas la lourdeur de la réglementation (voir encadré) qui est un frein à une lutte réactive et efficace. «L’Etat écoute les doléances de nombre de promeneurs mais oublie d’aider les paysans, ceux qui font l’économie du Pays! » argue Bruno Chaput. En effet, l’arrêté ministériel qui cadre les luttes est caduque depuis le 31 janvier 2007 et n’a été remplacé provisoirement que le 6 mars. « Un délai pendant lequel les conditions climatiques permettaient de réagir, mais où le devenir de l’usage de la bromadiolone était en suspens» précise-t-il. L’assemblée a pu faire le tour de l’impact économique des dégâts qui est considérable dans les zones de montagne. Les exploitations sont obligées d’engager des frais très importants qui pénalisent le revenu des éleveurs.

 

Revendications

L’assemblée a proposé des revendications et a chargé une délégation de rencontrer l’administration dans ses bureaux, puisque celle-ci soumise à un « devoir de réserve » en raison des élections présidentielles, ne peut pas faire de déclaration publique. Les conseillers généraux présents (MM. Boyer, Marion et Serre) se sont engagés à évoquer ces revendications à la prochaine session du Conseil général. La profession agricole demande un assouplissement de la réglementation, en particulier au niveau de la prise des arrêtés municipaux, pour pouvoir traiter avec les appâts au plus tôt contre les rats taupiers et pour accéder plus facilement aux méthodes de lutte contre les taupes. Elle demande également la prise en compte de l’impact économique des dégâts sur le revenu des exploitations agricoles. Elle souhaite pour cela l’attribution au plus tôt d’aides financières pour le sursemis et le resemis des prairies et d’aides financières pour l’organisation des luttes. Elle demande aussi plus de moyens financiers et d’appui politique dans la recherche de solutions concrètes alternatives pour lutter contre le rat taupier.
En complément, la profession a obtenu de la DDAF que les travaux indispensables à la remise en état des prairies (y compris le labour) puissent être réalisés sans démarche particulière sur les parties de communes pour lesquelles un arrêté de traitement collectif a été pris à l’automne 2006 ou en ce début d’année 2007. Il faudra réimplanter une prairie et ne pas travailler trop tôt après un traitement. Pour les communes ou parties de commune où il y a absence d’arrêté, une demande d’autorisation de labour dans le cadre de la remise en état de la prairie après dégâts de rats taupiers doit être adressée à la DDAF. Les traitements phytosanitaires localisés peuvent être envisagés avec les préconisations de la Chambre d’agriculture.

Interview de Guy Monteix, agriculteur à St-Julien-Puy-Lavèze

Comment réagissez-vous face à la présence des rats taupiers ?
«Pour lutter contre les rats taupiers, la prise d’un arrêté municipal est très fastidieuse puisqu’elle se cumule à de nombreuses contraintes pratiques : contraintes climatiques, approvisionnement en produits, réunions des exploitants pour la lutte collective, notations des dégâts, … Mais c’est surtout le coût financier qui est insupportable pour l’organisation des luttes ou pour la remise en état des prairies. A-t-on le choix ? Non, nous sommes obligés de réagir puisque nos productions de lait et de viande dépendent du fourrage qu’on peut apporter. Un manque de fourrage et c’est directement notre revenu qui est affaibli ! Face à ces dégâts, l’absence de véritables moyens techniques et financiers et de souplesse réglementaire provoquent un dégoût général ».


La situation de Denis Védrine éleveur à St-Julien- Puy-Lavèze

« Mon exploitation est en grande difficulté : par manque de fourrage à cause des rats taupiers, ma production laitière est en chute de 10 % cette année. Le cheptel a souffert, les vêlages se sont décalés et le quota laitier ne sera pas atteint. La moitié de mes parcelles est entièrement ravagée ! Comment faire? Je n’ai pas l’argent pour renouveler mes prairies ou acheter du fourrage extérieur. Je ne parviens plus à me dégager un revenu et j’ai encore d’autres charges à régler, comme par exemple les cotisations MSA...».

Rendez-vous
Journée de démonstration de remise en état des prairies après dégâts de rats taupiers le vendredi 20 avril à Tauves. Pour plus de renseignements, contacter les antennes de la Chambre d’agriculture au 04.73.65.92.69 ou 04.73.79.58.72

 


Le point sur... La réglementation des luttes collectives

L’arrêté préfectoral du 6 mars 2007 organise la lutte contre le campagnol terrestre et définit les conditions d’emploi de la bromadiolone jusqu’au 31 décembre 2007. Il mentionne notamment que la lutte contre le rat taupier doit être fondée sur la lutte collective, raisonnée et préventive par tous les moyens (piégeage, modification des pratiques agricoles et recours aux traitements chimiques). Seuls les groupements de défense contre les organismes nuisibles peuvent commander des appâts empoisonnés auprès de la FDGDON* et assurer la lutte.
Un arrêté municipal valable 15 jours, reconductible 10 fois dans l’année, doit être pris par le président du groupement pour autoriser la lutte. Pour valider cet arrêté, des notations de dégâts par secteur doivent être envoyées au DRAF/SRPV** pour approbation. En effet, si la note de dégâts dépasse un certain seuil, le traitement chimique peut être remis en cause. A cette procédure s’ajoute une obligation de traçabilité.

Pour plus de renseignements techniques, contacter Aurélien Plane, technicien à la FDGDON au 04.73.42.14.63.

*Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles, Marmilhat à Lempdes
**Service Régional de la Protection des Végétaux.

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