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Cuma
Cuma : Levier économique et vecteur d’avenir

 En Corrèze comme ailleurs, la Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (Cuma) est bien plus qu’un simple regroupement de matériel. La Cuma est un outil structurant au service des agriculteurs, un modèle économique performant, et un espace de solidarité intergénérationnelle participant à la dynamique des campagnes. 

© CUMA19

Avec 108 Cuma sur le département, un chiffre d’affaires cumulé de 4,3 millions d’euros et 2,2 millions d’euros investis, la Corrèze fait partie intégrante du réseau Nouvelle-Aquitaine, qui compte 1 600 Cuma et près de 42 000 adhérents. 

Les Cuma rassemblent toutes les productions : bovins viande, polyculture, arboriculture… et répondent aux réalités de terrain, notamment par la mise à disposition de matériel performant, conforme aux normes actuelles, et par une mutualisation efficace des charges. 

Des bénéfices concrets pour les exploitations 

La mécanisation représente en moyenne 30 % des charges totales sur une exploitation type en bovin viande. En moyenne, la Cuma permet de réduire d’un tiers ces charges, selon les postes et les matériels concernés. Cela représente ainsi un enjeu crucial dans un contexte de pression sur les marges, où chaque euro économisé peut être réinvesti dans la pérennité de l’exploitation

À Goulles, la Cuma Entente illustre parfaitement cette dynamique. Elle met à disposition de ses adhérents un ensemble complet de matériels : ensileuse, bennes, combiné presse-enrubanneuse, bétaillère, cage de contention, faucheuse, pelle, broyeur, épareuse, épandeur à fumier, etc.  

Dans cette dynamique, prenons l’exemple d’une exploitation en bovins viande qui investit 15 232 euros en capital social, somme remboursable à la fin de son engagement, pour accéder à 18 matériels. Ce matériel représente, pour la Cuma, 560 000 euros d’investissement mutualisé. En 2024, les charges réglées à la Cuma par l’exploitation s’élèvent à 22 000 euros hors taxes, calculées en fonction de l’utilisation réelle du matériel faite par l’exploitation. Ce modèle permet de bénéficier d’équipements performants sans alourdir l’endettement ni la capacité d’emprunt. Le capital social agit ici comme un prêt à taux zéro consenti à la Cuma en échange du droit d’usage du matériel. Le capital social reflète l’engagement de l’adhérent, proportionnel à l’activité prévue, et permet l’autofinancement collectif des investissements. Il ne constitue pas un patrimoine personnel, mais un levier partagé au service de tous. 

Un levier pour les jeunes agriculteurs… et un appui pour les anciens 

La Cuma représente un véritable tremplin pour les jeunes installés. 

Elle leur permet d’accéder à du matériel performant sans alourdir leur endettement, de bénéficier d’un accompagnement local, et même d’optimiser certaines aides. 

Bastien en témoigne : « Je n’ai pas adhéré à la Cuma tout de suite. C’est une rencontre avec le président qui m’a fait découvrir cette solution. J’avais un besoin précis, j’ai commencé par un matériel… puis j’ai élargi chaque année en fonction de mes besoins. » 

Aujourd’hui, il utilise dix matériels via la Cuma, dont une pelle, un broyeur, un couloir de contention et la faucheuse qu’il a récemment intégrée après une panne sur son propre matériel. 

Le matériel est récent, performant, et surtout, accessible financièrement », souligne-t-il. 

Pour Thibault, jeune installé avec la DJA, l’intégration à la Cuma, soutenu par l’État, lui a permis de valider un critère de modulation « valeur ajoutée et emploi » représentant 25 % supplémentaires de son montant de base de DJA. Mais la Cuma n’est pas réservée aux jeunes. Elle joue aussi un rôle facilitateur dans la transmission des exploitations. 

Laurent Laval, adhérent de la Cuma depuis quelques années, confirme : « C’est vrai que la Cuma de Goulles est dynamique. Elle me rend de grands services maintenant que je prépare ma retraite, sans avoir à réinvestir dans du matériel. » 

Ce fonctionnement collectif, parfois informel mais profondément humain, tisse un lien intergénérationnel essentiel. Il permet aux jeunes de s’appuyer sur l’expérience des aînés, d’adapter progressivement leur capital social, et de limiter les prises de risque. 

La Cuma devient alors un outil structurant pour l’installation, la transmission et la pérennité des exploitations. La force du groupe  Depuis 2018, la Cuma de Goulles connaît une certaine renaissance, portée par une nouvelle génération d’adhérents. Cinq nouveaux matériels ont, par exemple, été intégrés en 2025. Cette évolution est rendue possible grâce à une gestion collective, agile et moderne. 

La force du groupe s’exprime à plusieurs niveaux : 

- Force d’achat : accéder à des équipements inaccessibles seuls. 

- Force d’utilisation : plus d’adhérents = meilleure rotation des matériels = coûts à l’hectare réduits. -

 Force humaine : huit chauffeurs sont mobilisables via la Cuma, facturés à l’heure. L’organisation s’est elle aussi modernisée. Chaque matériel dispose de son groupe WhatsApp, facilitant la planification en temps réel, dans un esprit de confiance et de convivialité. 

Coopérer pour durer 

Au-delà de l’économie, la Cuma améliore également la technico-qualité des exploitations. Une gestion raisonnée du matériel, adaptée aux besoins et aux conditions locales (sol, climat), combinées à des équipements modernes, permet une meilleure maîtrise des interventions, des coûts d’entretien réduits, et une valorisation plus fine des productions. Cela réduit les frais d’entretien, valorise les cultures et optimise la main-d'œuvre. En conséquence, les coûts proposés par la Cuma peuvent également attirer. Le coût d’utilisation d’un tracteur de la Cuma est de 20 €/h hors carburant. Pour l’ensileuse traînée, tout frais compris, le coût est de 80 €/ha en 2025. Le fauchage, quant à lui, revient à 42 €/ha, carburant compris. Ces tarifs, rendus possibles grâce à la mutualisation, restent compétitif par rapport à ceux pratiqués par des entreprises de travaux agricoles mais surtout permettent un bon rendu technico-économique. 

Un acteur d’avenir des politiques agricoles 

Aujourd’hui, les Cuma ne sont plus de simples associations locales ; elles sont intégrées aux politiques d’installation et de transmission. En Nouvelle-Aquitaine, le réseau participe à la coordination CAPITAIN, collabore avec la Safer, les chambres d’agriculture, le Crédit Agricole… Il contribue aussi à la valorisation des parts sociales dans les calculs d’aides à l’installation, rendant leur rôle encore plus déterminant. 

Dans ce cadre, les jeunes ne sont plus de simples utilisateurs : ils deviennent présidents, secrétaires, chauffeurs, formateurs. Ils portent les projets, initient les discussions, innovent dans les pratiques. 

La Cuma, c’est un outil économique, mais aussi un espace d’engagement, de partage et de modernité. 

Partager pour rester libre 

Dans un monde agricole en pleine mutation, marqué par des exigences économiques, écologiques et humaines toujours plus fortes, la Cuma apparaît comme un modèle d’avenir. Elle permet de partager sans s’endetter, de gagner en efficacité sans perdre en autonomie, de travailler en réseau tout en restant ancré sur son territoire. 

En Corrèze, ce pari est porté par une jeunesse engagée, consciente que l’agriculture de demain ne pourra se faire qu’en misant sur l’intelligence collective, la solidarité de proximité et des outils adaptés à chaque situation. 

La Cuma, bien plus qu’un regroupement d’outils, devient une communauté de solutions. 

Contact local : Fédération des Cuma de la Corrèze – Tulle – 05 55 21 55 51 – fdcuma@correze.chambagri.fr 

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