Cuma : du coopératif au collaboratif ?
Quatre cents participants ont suivi du 24 au 26 mai, le congrès national des Cuma à Angers. Avec les nouvelles technologies et l’économie collaborative comme fil rouge.
À l’heure où l’économie du partage se démocratise autant dans nos vies quotidiennes que dans nos planifications touristiques, le monde agricole n’échappe pas au phénomène. Et qui de mieux préparé dans ce secteur que les coopératives qui opèrent depuis 70 ans dans la mutualisation de leurs ressources pour acquérir du matériel agricole ? Encore au « stade de l’adolescence » – depuis 2008, 79 % des acteurs ont été créés – l’économie collaborative fait basculer en termes d’usage plutôt que de propriété les raisonnements. En cela, les Cuma ont de grandes possibilités de tirer leur épingle du jeu. Du 24 au 26 mai à Angers, le congrès national a permis d’entamer une réflexion autour du rôle à jouer dans cette économie, et de plus l’intégration du numérique dans les collectifs agricoles.
Louer son matériel demain en Cuma ?
À l’image des services de consommation tels que Amazon, Airbnb, Blablacar qui, grâce aux nouvelles technologies optimisent l’utilisation « de ressources privées bloquées ou trop peu utilisées », des plateformes numériques de locations de matériel agricoles entre particuliers émergent à leur tour. Peuvent-elles inquiéter les Cuma ? « On ne vit jamais cent ans de suite sans changer un modèle », soulève Philippe Royer, directeur du groupe Seenergi, Clasel, avant de suggérer qu’ « à leur tour, les Cuma doivent aller plus loin dans le partage de matériel ». À la différence des coopératives, ces sociétés collaboratives ont très peu d’actifs car elles externalisent leurs ressources. Plutôt que d’accroître son capital (achat de matériel) avec le développement de la Cuma, ce chef d’entreprise soumet l’idée d’utiliser des ressources d’autres groupes comme accélérateurs de l’économie de l’entreprise. Louer les outils d’autres agriculteurs, ou encore favoriser les échanges entre les Cuma. Pourquoi ne pas s’appuyer sur des inter-Cuma ? Faire faire une saison supplémentaire à un matériel de récolte n’est pas insensé lorsqu’on a des niveaux de maturation du grain très différents d’un bout à l’autre d’un département. Et même, on peut aller jusqu’à imaginer des salariés travaillant pour plusieurs entreprises…
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 2 juin 2016, numéro 1362.
Agriculteur dans le Nord, Luc Vermeulen (à droite sur la photo), 50 ans, est le nouveau président de la FNCuma, élu lors du congrès d’Angers, pour un mandat de trois ans. Il est installé en Gaec avec son fils sur une exploitation de 120 hectares en grandes cultures, en cours de conversion à l’agriculture biologique. Il a créé en 1988 une Cuma intégrale, la Cuma d’Élincourt. Il est élu au conseil de la FNCuma depuis 2010. Il succède à Stéphane Gérard, éleveur en Indre-et-Loire et élu en 2010.