Ravageur
Contre les campagnols terrestres, une lutte précoce est indispensable
Le campagnol terrestre était au coeur d’une journée technique le 17 octobre. De riches débats autour de l’impact de ce ravageur et des moyens de luttes utilisables.
Le réseau FDGDON-FREDON Auvergne organisait jeudi 17 octobre la journée technique « enjeux et luttes raisonnées – Campagnol Terrestre » au lycée agricole de Brioude-Bonnefont. Plus de 80 participants ont débattu, lors des différentes interventions, de l’impact du campagnol ainsi que des différentes méthodes de luttes utilisables.
Le campagnol terrestre est présenté comme un ravageur capable de créer une situation explosive… En effet, les conséquences des pullulations de cet animal sont multiples.
Impact des pullulations
Tout d’abord, les exploitations subissent un impact économique important (achats de fourrage, baisse du prix du lait lié à une baisse de qualité, etc.). L’éleveur, lui-même, est impacté directement par une surcharge de travail, le stress lié à la pullulation ainsi que des risques sanitaires tels que l’échinococcose ou la maladie du poumon de fermier.
L’exploitation agricole n’est pas la seule touchée. La Coopérative Sodiaal Union a rappelé l’importance d’un lait comportant un faible taux de butyriques (<1000 sp/l) pour la fabrication de fromages de qualité. La présence de spores en trop grande quantité rend les fromages invendables. Or le nombre de spores butyriques, lié notamment à la terre ramassée dans l’ensilage, est accentué par les dégâts de campagnols terrestres dans les prairies de fauche.
Quels outils face à ce nuisible ?
Afin d’aider les agriculteurs à lutter efficacement contre ce ravageur, le réseau FREDON Auvergne – FDGDON rédige neuf Bulletins de Santé du Végétal Prairie-Campagnols-Taupes par an. L’objectif est la mise en place d’un outil d’aide à la décision pour les agriculteurs des départements du Cantal, de Haute-Loire et du Puy de Dôme. En effet, le réseau (techniciens et agriculteurs observateurs) effectue une surveillance du territoire afin d’évaluer le niveau de population des campagnols et des taupes. Ainsi, l’alerte avait pu être lancée depuis l’automne 2010 concernant l’évolution à la hausse des populations de campagnols terrestres découlant sur le pic de pullulation subi par les agriculteurs de Haute-Loire depuis 2012.
Face aux difficultés d’anticipation du phénomène des pics de pullulation, il existe des moyens à mettre en œuvre sur plusieurs échelles de temps. Souvent, lorsque l’agriculteur est touché par des dégâts de campagnols, la dynamique de pullulation est lancée. C’est pourquoi, il est indispensable de lutter précocement. La première chose à mettre en place sur l’exploitation est une lutte efficace contre la taupe. Pour toutes les méthodes, une lutte collective montrera plus d’efficacité. De plus, sur le long terme, il est possible d’implanter des perchoirs ou des nichoirs et d’entretenir les haies afin de favoriser la conservation des prédateurs. Concernant la gestion de l’exploitation, le travail du sol, l’alternance fauche-pâture, le broyage des refus ou encore l’implantation d’espèces prairiales moins sensibles sont recommandées afin de diminuer le risque de pullulation importante. Enfin, concernant la mise en place de luttes à court terme, le piégeage et la lutte chimique restent les seuls moyens d’agir directement sur les populations.
En matière de lutte chimique contre le campagnol terrestre, un seul produit phytopharmaceutique est homologué : des appâts secs à base de bromadiolone sur blé. Un produit dont l’usage est très réglementé. Depuis 1998, les dispositions réglementaires n’ont cessé de se succéder pour encadrer la lutte contre le campagnol terrestre et notamment restreindre l’utilisation de la bromadiolone.
Lutte chimique : toujours plus encadrée
Depuis 2007, la lutte est encadrée par arrêtés préfectoraux en l’absence d’encadrement national. L’état souhaite mettre en place une harmonisation des conditions de luttes en les encadrant avec un nouvel arrêté interministériel. Un projet, en discussion à l’heure actuelle, étend le champ d’action à d’autres espèces (Campagnols des champs, Campagnols provençal, Campagnol souterrain et Mulot sylvestre). Le concept de « Lutte raisonnée » est renforcé par l’obligation pour les agriculteurs de mettre en place un contrat de lutte. L’utilisation des appâts devrait également être plus encadrée avec notamment une baisse des doses utilisables.
Le campagnol terrestre reste un animal soumis à de nombreux facteurs de régulations. C’est un animal avec lequel il faut apprendre à vivre et multiplier les moyens de lutte afin de diminuer son impact sur l’exploitation.
Jérémy CONVERS
Plus d'infos dans la Haute-Loire Paysanne du vendredi 25 octobre 2013.