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Secteur laitier
Contractualiser pour pérenniser la production et la transformation sur les territoires

La contractualisation et les nouveaux outils de régulation du secteur laitier ont fait l’objet d’une table ronde organisée par VetAgro Sup (ex ENITA) et la SFER Auvergne, le 8 avril au lycée agricole de Brioude Bonnefont. Lire aussi sur HLP : "Un marché victime de défaillances" selon Marie Sophie Dedieu chargée de mission au Ministère de l'Agriculture et "Les producteurs de lait du Massif-Central acteurs de leur avenir" par Thierry Boulleau.

De gauche à droite : Yves Soulhol, Bernard Valleix, Yannick Fialip et Marie-Sophie Dedieu.
De gauche à droite : Yves Soulhol, Bernard Valleix, Yannick Fialip et Marie-Sophie Dedieu.
© HLP

Alors que l’Europe annonce la disparition des quotas laitiers et de l’ensemble des outils de régulation du marché, le secteur laitier se trouve plongé en plein marasme. La volatilité des prix est désormais de règle. Pour limiter l’impact négatif de cette instabilité des marchés laitiers, une réflexion est en cours sur la mise en place de nouveaux outils de régulation et en particulier de la contractualisation entre producteurs et entreprises laitières.
Pour faire le point sur l’avancée de cette réflexion, VetAgro Sup (Ex ENITA de Clermont-Fd) et la SFER Auvergne (Société Française d’Economie Rurale) ont organisé le 8 avril dernier une table ronde, animée par Thierry Boulleau de la Sidam, et à laquelle participaient Marie Sophie Dedieu, du Ministère de l’Agriculture, Yannick Fialip, président de la section laitière FRSEA Massif-Central, Yves Soulhol, directeur Sodiaal Auvergne SO et Bernard Valleix, directeur adjoint de la DRAAF Auvergne.
La table ronde s’est ouverte sur l’avenir et l’évolution des prix du lait. Yves Soulhol a fait part de sa vision optimiste sur le sujet : «On se dirige vers la fin des quotas. C’est donc le marché qui va décider de l’avenir de la vente des produits laitiers. Or, ce marché (à 10 ou 20 ans) risque d’être largement favorable à l’offre car la population s’accroît, ainsi que sa richesse moyenne». En revanche, sur un plus court terme, le directeur de cette coopérative laitière annonce une période d’instabilité forte sur les prix en raison de la restructuration des entreprises laitières et de la production.
Marie-Sophie Dedieu a prôné la prudence à l’égard des études prospectives réalisées sur les prix car elle ne prennent pas suffisamment en compte les critères d’instabilité des marchés.

L’Europe ne reviendra pas sur ses décisions

Pour Yves Soulhol et Yannick Fialip, l’Europe ne reviendra pas sur ses décisions concernant la disparition des quotas en 2015 et la tendance à la réduction de l’intervention sur le marché laitier. Afin de mettre un terme ou, tout au moins, de réduire les effets pervers de cette dérégulation des  marchés, la profession réfléchit à l’application de nouveaux outils de régulation tels que la contractualisation.
Du côté des producteurs, a expliqué Yannick Fialip, «nous proposons 4 pistes de travail : la maîtrise de la production (un dossier difficile puisque 24 pays sur 27 en Europe se montrent pour la fin des quotas !), la mise en place d’un filet de sécurité (où les pouvoirs publics seraient amenés à intervenir pour stabiliser le marché). Nous demandons aussi que le droit agricole prime sur le droit à la concurrence et enfin, que l’on protège notre marché intérieur (en incitant nos populations à consommer français)».

Un système de régulation nécessaire

Bernard Valleix s’est dit «persuadé» de la nécessité d’avoir un système de régulation qui ne pourra être inférieur à l’échelle européenne. «Il faut un système global qui part d’un minimum d’équilibre entre l’offre et la demande et lorsqu’un problème survient, il faut un système de lissage».
Pour gommer les fluctuations vécues de manière insupportable par les éleveurs comme par les entreprises, la profession réfléchit activement aux outils à mettre en place. Du côté de Sodiaal qui représente une partie de la coopération, Yves Soulhol a signalé la nécessité de rentrer rapidement dans un système de contractualisation entre les producteurs et les industriels. A ce stade de la réflexion, la contractualisation s’articulerait autour de la différentiation de deux prix du lait : celui du lait destiné à fabriquer des PGC (produits de grande consommation) et celui du lait destiné au beurre-poudre (15% du lait de nos adhérents). «Notre volonté serait de garantir un prix sur la première catégorie de lait. A travers cette contractualisation, l’objectif est de pérenniser la production et la transformation sur les territoires».

Une contractualisation dans le cadre de l’interprofession

Pour Yannick Fialip «la première chose à faire est d’entrer dans une phase contractuelle entre l’éleveur et les industriels. D’autre part, si l’on entre dans la contractualisation, ce sera dans le cadre de l’interprofession. Et là, nous attendons de la part des pouvoirs publics qu’ils jouent leur rôle d’arbitre ; il faudra d’autre part donner un cadre juridique plus précis à l’interprofession».
En ce qui concerne la mise en place d’un système de prix différencié tel qu’il a été décrit par Yves Soulhol, Yannick Fialip a souligné qu’une majorité des producteurs y semble favorable. Il reste encore les producteurs bretons à convaincre !

Lait de montagne, fromages AOC…, des pistes pour valoriser le lait

Ce responsable professionnel a également évoqué plusieurs pistes de travail sur laquelle la profession agricole travaille depuis des années et qui pourraient permettre de valoriser davantage le lait : l’appellation lait de Montagne ou encore les fromages AOC, le lait biologique…
D’après Yves Soulhol, le lait de Montagne (lait produit par des vaches nourries à base d’herbe) procure un bon accès au marché.  Il se montre en revanche un peu plus sceptique concernant l’apport d’une plus-value supplémentaire.
Yannick Fialip espère, quant à lui, obtenir un peu plus que l’accès au marché et entend poursuivre cette réflexion au sein de l’interprofession laitière.

Le lait en Auvergne

- 250 000 vaches laitières contre 500 000 vaches allaitantes
- 6500 livreurs de lait
- Production de 1 milliard de litres
- Livraison moyenne par producteur : 165 000 L (contre 300 000 au niveau national)
- Une production de lait majoritairement (plus de 50%) transformée en fromages dont une partie est valorisée sous AOC.
- Une vingtaine d’entreprises de collecte et de transformation.

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