« C’est un mépris total de notre agriculture » dénoncent les syndicats
Mardi 11 juillet, les JA et la FDSEA ont mené une action sur le terrain pour protester contre le zonage des prairies sensibles, qui « bloque le travail des agriculteurs ».
« Leurs contraintes aberrantes et sans concertation, c’est très clair, on n’en veut plus. Et tous les nouveaux projets sur des classements, des sites particuliers, nous nous y opposerons », ont annoncé d’une seule voix les JA et la FDSEA en conférence de presse. « Nous en avons ras-le-bol qu’à chaque fois que nous disons oui à quelque chose, on nous rajoute des contraintes derrières. On ne veut plus de classement, c’est niet ».
C’est à Champerboux que les syndicats se sont réunis pour mener la première action « d’une longue série », promettent-ils, tant qu’ils n’obtiennent pas gain de cause sur le sujet des prairies sensibles.
Sur une parcelle de Jacques Paradan, récemment déclarée prairie sensible, les syndicats ont donc organisé un « concours de labour fictif », avec labour de parcelle et jury pour un concours spécial prairies sensibles et « montrer l’incohérence de l’État ».
Manière de prouver que les prairies temporaires, telles que pratiquées en Lozère notamment, avec des rotations longues, permettaient déjà un juste équilibre entre préservation de la biodiversité et maintien des exploitations agricoles. Les prairies sensibles sont, de longue date, une épine dans le pied des agriculteurs lozériens puisqu’elles sont notamment accotées aux zones Natura 2000 du département. « C’est un sujet que l’on évoque régulièrement avec la DDT, la préfecture, etc. Mais cette année, on en a repris une couche sans avoir été prévenus », s’agace Hervé Boudon, président des JA. D’après les chiffres des syndicats, 27 000 hectares auraient été ajoutés en zones prairies sensibles rien qu’en 2023, concernant notamment l’Aubrac et les gorges du Tarn. Le plus gros irritant dans cette affaire, pour les syndicats, est que la nouvelle a été découverte au moment des télédéclarations Pac en avril, et que personne n’avait été prévenu au préalable. « Comme ils ont décidé de prendre l’année de référence 2022 au lieu de 2023 », tous les travaux qui ont été faits entre les deux sont considérés comme illégaux. Si pour cette année, les services de l’État en Lozère ont obtenu que lors des contrôles, un rappel à la loi soit fait, l’an prochain, les agriculteurs seront sévèrement sanctionnés en cas de manquement à la règle. « Cette année, ils nous disent de remettre les parcelles en herbe et de ne plus y toucher. C’est gentil, mais on a travaillé, on a investi sur nos exploitations pour être plus résilients et avoir beaucoup plus de récoltes, et moins dépendants des sécheresses et du changement climatique et derrière, on se retrouve pénalisés sans aucune concertation. On va être très clair, c’est un mépris total, c’est dégueulasse de la part du ministère de l’agriculture », a souligné Hervé Boudon.
Pour les syndicats, le travail de classement en lui-même n’a aucun sens en Lozère : « on nous dit que c’est le muséum d’histoire naturelle qui le fait, mais je ne suis pas sûr qu’ils se soient promenés sur les 27 000 hectares classés en Lozère » a ironisé Hervé Boudon. « Sinon, ils se seraient aperçus que cette prairie, par exemple, n’aurait jamais dû être classée ».
« Sur cette parcelle, on voit bien l’aberration du classement », a rebondi Jean-François Maurin. « Et si les experts du muséum d’histoire naturelle étaient vraiment venus, ils auraient fait le travail comme il faut. Il y a des zones où les prairies sensibles ne nous gênent pas, qu’ils les gardent ! Mais il y a des zones que l’on veut pouvoir continuer à exploiter, labourer, en faire des champs, et notre travail. Si on ne récupère pas ces zones, l’agriculture lozérienne sera bloquée » a prévenu Jean-François Maurin, très inquiet pour le futur de l’agriculture dans le département et l’installation des futurs jeunes sur le territoire.