« Ce métier est une source constante d’apprentissage »
Pour Marie Christophe et Dorian Boiral, élever des chèvres n’était pas une évidence dès le départ. Pourtant, depuis quatre ans et leur installation en 2021, ils ont définitivement « attrapé le virus caprin ».
Pour Marie Christophe et Dorian Boiral, élever des chèvres n’était pas une évidence dès le départ. Pourtant, depuis quatre ans et leur installation en 2021, ils ont définitivement « attrapé le virus caprin ».

Un élevage pas prévu
Après avoir effectué différents stages dans divers domaines de l’élevage, ils se tournent vers l’élevage de chèvres. « Du coup, on a découvert cette production qui nous a paru techniquement super intéressante. On s’est aussi renseigné sur les débouchés avant de se lancer ». Ce qui a fini de les convaincre de s’installer en caprin, c’est, à la même époque, la création d’une filière caprine laitière, en lien avec la chambre d’agriculture de Lozère. « Maxime Collomb, technicien agriculture biologique à la chambre, accompagnait à l’époque la création du groupement Lait bio en Gévaudan. C’est tombé au bon moment puisque cela nous a offert un débouché en agriculture biologique ». Une fois assurés de leurs débouchés économiques, Marie Christophe et Dorian Boiral créent l’entité du Gaec en janvier 2021, puis achètent un troupeau de 230 chevrettes de race alpine chamoisées en juin 2021.
Un élevage technique
Pour Marie Christophe, commencer une exploitation caprine a aussi eu un autre effet : il a fallu repartir de zéro sur les connaissances, et tout réapprendre. Un pas que les deux associés ont franchi avec plaisir.
L’agricultrice souligne qu’ils ont dû acquérir de nouvelles compétences techniques pour l’élevage caprin, car ni elle ni Dorian Boiral n’avaient été formés spécifiquement pour cette espèce. « On a tendance à vouloir faire ou comme les vaches, ou comme les brebis, alors que c’est une espèce à part entière, donc qui ne se mène pas comme les bovins et non plus comme les brebis. Du coup, c’était super intéressant pour nous, ça nous a obligés à nous remettre en question pour avancer ».
Après quatre mises bas, ils commencent à être bien plus à l’aise et organisés.
L’objectif de production du Gaec était de 200 000 litres de lait, un quota qu’ils ont rapidement atteint grâce à l’achat d’un cheptel de qualité génétique provenant du bassin de la chèvre, dans les Deux-Sèvres, autour de Poitiers, chez des sélectionneurs.
La prédation, une épée de Damoclès
L’agricultrice évoque la présence du loup comme un problème majeur qui limite leur rotation et complique considérablement leur travail. « Le temps qu’on passe, toute l’énergie qu’on a dépensée pour créer l’exploitation, pour s’occuper comme il faut des chèvres, pour le bien-être animal, pour l’environnement, tout ce qu’on nous demande pour répondre aux attentes sociétales, aux normes, on essaie de répondre à tout ce qu’on nous demande en fait. Et à côté de ça, on nous impose le loup, c’est très dur pour nous. » Elle explique que c’est « le frein le plus important à l’agriculture biologique » car cela les oblige à garder constamment leur troupeau. Cette année est particulièrement difficile avec une augmentation des attaques dans toute la région. Pour faire face à cette situation, elle se lève dès 5 h du matin pour garder les chèvres jusqu’à 10-11 h, puis à nouveau de 17 h 30 à 21 h. Pour l’été, elle a décidé d’embaucher une étudiante en juillet-août pour garder le troupeau, ce qui représente un coût supplémentaire mais lui permettra de se consacrer aux travaux agricoles.
L’accompagnement de la chambre, une évidence
En 2015, la chambre d’agriculture a fait un travail de prospection pour trouver du lait de chèvre bio et a contribué à la création de cette filière (avec 14 élevages Lozériens qui ont créé un atelier caprin lait). Aujourd’hui la SAS collecte 2,4 millions de litres de lait de chèvre bio. Au moment de la cessation d’activité de Chèvre bio France, la chambre a accompagné le collectif d’éleveurs Lozériens dans la définition de leurs objectifs et la création de la SAS Lait bio en Gévaudan. Depuis, on les aide dans certaines démarches (labellisation bio équitable) en France par exemple. Par ailleurs, Marie Christophe et Dorian Boiral sont en contrôle laitier depuis le début, un atout qu’ils conservent précieusement.