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Campagnol terrestre : un nouveau pic sur le plateau du Mézenc

Les agriculteurs du secteur du Mézenc font face à une forte pullulation de campagnols terrestres. Le 19 février, agriculteurs et responsables professionnels FDSEA et Chambre d’agriculture recevaient le Préfet, à St Front, sur une parcelle ravagée.

Cri d’alarme pour les agriculteurs du plateau du Mézenc. Après déjà 2 années de sécheresse, la pullulation du campagnol terrestre est le coup de trop pour ces exploitants qui se sentent dépassés et démunis. Le moral n’y est plus.
Entre 800 et 1000 campagnols/ha
C’est entre 800 et 1000 campagnols à l’hectare qui sont estimés sur certaines parcelles, avec des pertes de récolte allant jusqu’à 50 à 70%, sans parler de la qualité du fourrage. « Nous récoltons du foin rempli de terre. Les vaches n’arrivent pas à le digérer et tombent malades » explique Fabienne Demars, agricultrice à St Front, vice-présidente de la FDSEA et élue Chambre d’agriculture.
« Aujourd’hui, le moral n’y est plus, ça devient trop dur. Déjà cet été, il a fallu acheter jusqu’à 20 000 euros de fourrage. Si on doit recommencer cette année, on n’y arrivera pas » dit clairement Franck Chazallon éleveur à St Front. Sans parler de la menace sur les futures installations, poursuit Fabienne Demars.
Les communes les plus touchées sont Chaudeyrolles, Fay sur Lignon, Les Estables, St Front et Champclause. D’autres communes dans la zone comme Freycenet la Tour, Freycenet Lacuche, Moudeyres, Les Vastres et Le Mazet St Voy présentent des dégâts moindres mais qui sont importants pour la saison.
Le département de la Haute Loire n’est pas le seul concerné c’est aussi le cas du Cantal, du Puy de Dôme et du Jura.
« Nous sommes sur un secteur dynamique avec des filières qui fonctionnent, qui valorisent les produits comme le Fin Gras du Mézenc, des collectes locales avec l’entreprise Gérentes pour le lait, qui distribue nationalement. Et malgré tout, notre métier est en péril » explique Franck Chazallon.
Demande de soutien
Face à ce constat, la FDSEA et la Chambre d’agriculture ont tiré la sonnette d’alarme en invitant le Préfet, Nicolas de Maistre, ce mercredi 19 février à St Front. La DRAF était également présente ainsi que le Comité de développement Mézenc Meygal et la FDGDON (Fédération Départementale du Groupement de Défense des Organismes Nuisibles).
« Nous allons vous aider face à l’urgence, affirme le Préfet, mais nous devons réfléchir à des mesures à moyen et long terme pour enrayer le problème durablement ». « Nous ne pouvons pas nous réunir tous les 5 ans, chaque fois que le campagnol pullule », confirme Yannick Fialip, président de la Chambre d’agriculture.
Les agriculteurs ont fait une demande d’aide auprès du Conseil départemental pour avoir une compensation à hauteur de 40 à 50% de la perte de fourrage qu’ils pourraient subir.
Le Préfet assure qu’il fera tout pour soutenir et répondre favorablement à cette aide.
Il a été évoqué la difficulté de s’organiser collectivement entre agriculteurs pour enrayer le problème du campagnol. Il y a une certaine rigueur et régularité à avoir par tous sinon le campagnol élit domicile là où il ne se sent pas dérangé, et le problème ne fait que se déplacer et se développer. L’arrêté préfectoral de 2014 oblige la lutte contre le campagnol, classé nuisible.
Les agriculteurs aujourd’hui, ont besoin d’être soutenus et accompagnés dans cette lutte qu’ils ne peuvent mener seuls ; l’animateur de la FDGDON est à leur disposition.
Concrètement comment lutter ?
C’est la question qui est posée. Il y a d’abord la lutte naturelle par les prédateurs comme l’hermine, le milan royal, le renard. Quand nous arrivons à de tels seuils, cette lutte ne suffit plus, le piégeage non plus. On passe alors à une lutte chimique, du gazage, avec du PH3 qui est possible sous certaines conditions. Les agriculteurs qui utilisent ces produits doivent bien sûr suivre une formation, (2 ont été organisées en Haute-Loire) ou faire intervenir des prestataires de services. St Front ainsi que 2 autres communes du Puy de Dôme font partie d’une zone pilote depuis mi-2019 pour mieux analyser le phénomène et apporter les meilleures solutions. La recherche travaille également très sérieusement sur le sujet des campagnols terrestres depuis 2016.
Le Préfet évoque l’importance de la biodiversité, en replantant par exemple des haies, en essayant d’attirer les hermines en favorisant leur habitat naturel en pierres…
Pas de solution miracle, mais une combinaison de plusieurs méthodes
« Il n’y a de toute façon pas de solution miracle, c’est la combinaison de plusieurs méthodes qui portera ses fruits » soulignent l’ensemble des intervenants.
Aujourd’hui la solution proposée aux agriculteurs face à la perte de fourrage est le sur-semis. C’est-à-dire re-semer des graines à croissance rapide (ray grass, avoine) en avril au plus tard mai, pour espérer récolter en juillet-août et assurer une partie du fourrage. Cela représenterait une surface de 500 ha à semer.
« Sur le Mézenc, ce n’est pas dans la culture de semer, nous avons des prairies naturelles, nous sommes à une altitude moyenne de 1200m et la période de croissance est limitée, nous n’avons pas le matériel adéquat » affirme Franck Chazallon. Certains sont septiques, mais pour d’autres le jeu en vaut la chandelle et c’est un pari sur l’avenir, même s’il est incertain.
Raymond Gagne, maire et éleveur à Moudeyres assure qu’en 2014, semer lui a sauvé une partie de son fourrage : “Ces plantes sont annuelles, elles permettent de refaire la motte et les graines naturelles regerment naturellement l’année d’après”.

Campagnol : une reproduction explosive
Le campagnol terrestre communément appelé le rat taupier est un rongeur qui se développe de manière très rapide. Une maturité sexuelle à l’âge de 1 mois, durée de gestation 21 jours, 6 à 7 portées par an et 4 à 7 petits par portée. Un couple au printemps peut générer entre 70 et 80 campagnols à l’automne. Leur longévité est de 6 mois en moyenne.
Ajouté à cela un hiver doux, comme celui que l’on vit actuellement avec très peu de gelées, font que le campagnol terrestre est cette année en pleine pullulation. « Nous avions connu le même phénomène en 2014 » soulignent certains agriculteurs déjà touchés. Face à ce trop grand nombre d’individus, des maladies se sont propagées, il y a eu un déséquilibre mâle femelle et une chute des naissances.

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