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Auvergne-Rhône-Alpes a rendu sa copie autour de 13 propositions

Le lycée agricole de Précieux dans la Loire a accueilli, mercredi 26 avril, la restitution des débats régionaux sur la loi d’orientation agricole. Fort d’un diagnostic exhaustif, plusieurs leviers d’action ont été mis sur la table.

© SC

Lancée le 1er février dernier, la concertation régionale, imaginée comme un synopsis de ce que pourra être la loi d’orientation agricole et d’avenir, qui devrait être examinée par les députés à l’automne prochain, est entrée, mercredi dernier dans sa phase finale en Auvergne-Rhône-Alpes. Conformément à la demande du ministère de l’Agriculture, trois groupes de travail ont été constitués autour de trois enjeux majeurs : « installation-transmission », « orientation-formation » et « adaptation et transition face au changement climatique ». Une vingtaine de structures s’est investie respectivement dans chacun des groupes et a étudié une soixantaine de propositions. Deux réunions par groupe se sont tenues depuis février, permettant d’isoler quatre propositions jugées comme fondamentales pour projeter l’agriculture en 2040.

 

Orientation-formation : quelles sont les quatre préconisations ?

Priorité 1 : parler des métiers de l’agriculture pour donner envie, investiguer les nouveaux outils, témoigner, « faire entrer l’agriculture dans les écoles auprès des jeunes et des moins jeunes, bref, convaincre des opportunités offertes par les métiers de l’agriculture », a résumé Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, qui a supervisé le groupe « orientation-formation ».  Seconde priorité, monter en compétence en donnant la possibilité aux titulaires d’un BTS agricole de poursuivre sur une troisième année d’enseignement supérieur au sein des lycées agricoles. « C’est un trou dans la raquette que nous sommes nombreux à avoir perçu depuis plusieurs années déjà ». Dans la même veine, les contributeurs préconisent de revoir les contenus et la durée des formations « afin de tenir compte des réalités du métier pour aujourd’hui et pour demain ». Enfin, la quatrième proposition vise à combler ce qui est qualifié souvent d’angle mort des parcours de formation, à savoir l’acquisition de compétences sur la gestion d’entreprise des employeurs et des salariés agricoles.

Installation-transmission : comment susciter des vocations ?

Pour relever le défi de l’installation-transmission à l’heure où 23 % des exploitants d’Auvergne-Rhône-Alpes ont plus de 60 ans dont un tiers ignorent encore le devenir de leur ferme, quatre priorités ont donc été synthétisées. D’abord sur le volet juridique, la reconnaissance des sociétés coopératives (SCOP et SCIC) en tant qu’entité agricole pour permettre l’accès à des droits similaires aux sociétés agricoles (Gaec, Earl…) est suggérée. Seconde proposition, la création de Points accueil installation-transmission, afin de réunir offres et demandes, et faciliter ainsi la visibilité pour les cédants comme pour les porteurs de projets. Testé dans quelques départements, le Gaec à l’essai, et tout autre dispositif à l’essai destinés aux futurs exploitants comme au salarié agricole font l’objet d’une troisième proposition. « Enfin, pas de projet sans facilitation de l’accès au foncier, une quatrième priorité déclinée en plusieurs idées fortes : trouver des moyens de portage de foncier ou de parts sociales, faciliter les échanges parcellaires, conforter le contrôle des structures… », détaille Rémy Jousserand, élu en charge de l’installation-transmission à la Chambre régionale et élu à la Chambre d’agriculture de la Loire.

 

Adaptation et transition face au changement climatique : évolution plutôt que révolution

Sur la question de l’adaptation et de la transition face au changement climatique, cinq propositions ont été émises : faciliter la mise en œuvre de la règlementation, avec en creux, la volonté de simplifier et de remettre de la cohérence au niveau national comme européen ; reconnaître et promouvoir le rôle des prairies permanentes et systèmes herbagers notamment dans la captation du carbone et des services écosystémiques rendus ; accompagner la prise de risque des agriculteurs avec la mise en place d’un dispositif d’un droit à l’essai ou à l’erreur ; former les animateurs de collectifs d’agriculteurs pour qu’ils soient davantage dans une posture d’accompagnateurs, de stimulateurs d’idées, de facilitateurs de changements, plutôt que dans la posture de conseil individuel préconisateur ; enfin travailler sur les usages de l’eau en agriculture en travaillant sur le partage et la priorisation, et en constituant des réserves et des stockages. « Globalement, au sein de ce groupe, nous avons atteint un consensus autour de la notion d’adaptation de l’agriculture plutôt que de rupture », souligne Jean-Pierre Royannez, président de la Chambre d’agriculture de la Drôme.

 

Ils ont dit

Gilbert Guignand, président de la Chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes

« Cet exercice était inédit. Tout le monde a pu s’exprimer, toutes les organisations se sont prêtées au jeu, chacun a eu la politesse de s’écouter et force est de constater que dans l’élaboration de loi, dans le futur, quel que soit le sujet abordé, ce type de fonctionnement pourra être inspirant. Malgré des différences, au final des consensus ont émergé. La loi ne devra pas réduire l’agriculture a une seule vision mais bien contribuer à la diversité agricole, par nature, source de progrès ».

 

Fabrice Pannekoucke, vice-président chargé de l’agriculture au Conseil régional :

« Nous ressortons enrichis de ces débats, cela vient conforter l’image de l’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes. Cette loi d’orientation ne doit pas fustiger l’agriculture, mais bien contribuer à la vie des territoires, la vie des terroirs, c’est cette harmonie là que nous devons trouver, améliorer…La politique de l’eau doit se travailler en local, de manière à dégager des schémas adaptés aux contraintes territoriales ».

 

Bruno Ferreira, directeur régional de l’agriculture et de la forêt :

« Tout ne relévera pas de la loi. Le pacte a vocation à renouer le lien et le dialogue entre consommateur, citoyen et agriculteur. C’est un enjeu fondamental ».


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