Autonomie fourragère : le choix du pâturage tournant dynamique, un pari réussi pour Gauthier Hamot
Dans l'Allier, Gauthier Hamot, a repris définitivement l’exploitation familiale du Domaine des Roses à Bressolles en 2022 où il pratique le pâturage tournant dynamique. Reportage auprès de cet éleveur de vaches charolaises.
Dans l'Allier, Gauthier Hamot, a repris définitivement l’exploitation familiale du Domaine des Roses à Bressolles en 2022 où il pratique le pâturage tournant dynamique. Reportage auprès de cet éleveur de vaches charolaises.


- Qu’est-ce qui vous a conduit vers le pâturage tournant dynamique ?
- Concrètement, comment faites-vous ?
- Au-delà du gain d’autonomie fourragère, quels sont les avantages de ce type de pâturage ?
- Vous avez évoqué de nombreux avantages. Y-a-t-il des inconvénients ?
- Avez-vous eu des doutes sur l’efficacité de cette méthode ?
- Vous semblez vouloir encore améliorer votre système. Quelles sont vos limites par rapport à cette technique ?
Reportage avec Gauthier Hamot
Qu’est-ce qui vous a conduit vers le pâturage tournant dynamique ?
G.H. : Nous avons débuté le pâturage tournant en 2015 après à une formation proposée par la Chambre d’agriculture. Suite à une perte de surface sur l’exploitation, il nous fallait trouver une solution afin de rester autonome en matière de fourrage.
Objectif : nourrir notre centaine de vaches allaitantes avec une surface fourragère de 125 hectares.
Concrètement, comment faites-vous ?
G.H. : D’ordinaire, les vaches sont lâchées dans les prés sans ou avec peu de rotation dans les parcelles. Le pâturage tournant dynamique repose sur la division des prairies en parcelles de petites tailles pour garantir une production d’herbe de qualité. Chaque paddock de l’exploitation est ainsi découpé en 10 à 13 parcelles, avec un chargement quasiment identique pour chacun d’entre eux.
Je connais les besoins alimentaires de mes animaux afin de leur apporter leurs rations journalières en les changeant de parcelles pour revenir à l’initial entre 21 et 27 jours. L’un des gros intérêts de cette pratique est de limiter les parasites qui eux, ont un cycle de trois semaines. Le fait d’avoir un pâturage 100% naturel sans apport d’engrais organique ou minéral permet également l’amélioration de la flore présente dans les prairies (trèfle, lotier corniculé…). Au final, plus on cloisonne les parcelles, plus le système fonctionne et plus il y a de performance.
« Plus de préventif et moins de curatif grâce à cette technique »
Au-delà du gain d’autonomie fourragère, quels sont les avantages de ce type de pâturage ?
G.H. : Effectivement, les vaches ont l’assurance d’avoir de l’herbe de qualité tous les jours, ce qui limite partiellement l’achat d’aliments pour les veaux. Cette technique apporte également un confort pour l’éleveur en matière de comportement du cheptel. C’est aussi une bonne manière d’avoir une surveillance optimale sur les animaux car en les changeant de parcelle chaque jour, je peux détecter le moindre problème. Cette pratique me permet également de lâcher les animaux plus tôt dans les prairies, ce qui favorise la transition alimentaire tout en limitant le gaspillage d’herbe. Le pâturage tournant limite aussi l’utilisation de vermifuge et l’usage de concentrés ainsi que l’achat d’engrais.
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Vous avez évoqué de nombreux avantages. Y-a-t-il des inconvénients ?
G.H. : Nous sommes bien entendu dépendant des conditions météorologiques, notamment de la sécheresse qui est un phénomène catastrophique pour nous.
Avez-vous eu des doutes sur l’efficacité de cette méthode ?
G.H. : Oui. Au début, j’avais une peur bleue en m’engageant dans ce projet qui me paraissait inconcevable par rapport notamment aux travaux engendrés au niveau des clôtures ou encore de l’alimentation en eau. Maintenant, pour rien au monde je ne reviendrai en arrière. Tous les ans, j’adapte mon système en effectuant de petits changements pouvant m’apporter une qualité supérieure.
Le premier argent que l’on gagne est celui que l’on ne dépense pas .
Vous semblez vouloir encore améliorer votre système. Quelles sont vos limites par rapport à cette technique ?
G.H. : Le projet final serait de pouvoir engraisser tous mes animaux en pâturage tournant, mais à l’heure actuelle, le seul bémol sur l’exploitation est le manque de surface pour y parvenir.
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L’œil d'une experte, Amélie Bouchant
Amélie Bouchant, conseillère fourrage et alimentation au service élevage de la Chambre agriculture Allier :
Le pâturage tournant, on a tous à y gagner !

Le pâturage tournant, c’est quoi ? Cette technique consiste, comme son nom l’indique à faire tourner les animaux sur différents îlots redécoupés le plus souvent en cinq parcelles, sur lesquelles les animaux séjournent en moyenne quatre jours avant de passer à la suivante. Ainsi, le chargement instantané est assez élevé (10-12 ares /UGB) et le chargement global de printemps doit être compris entre 35 et 50 ares /UGB selon son potentiel. L’avantage de cette technique est de toujours avoir des repousses feuillues et une herbe de grande qualité. Cela permet également de gagner des hectares de fauches sur l’exploitation en nourrissant davantage d’animaux avec la même surface.
« Depuis, sa formation il y a dix ans, Gauthier Hamot a redécoupé ses parcelles pour tourner encore plus fréquemment. De plus, il a l’habitude de lâcher tôt en suivant les sommes de températures grâce au bulletin InfoPrairie, la réussite du pâturage tournant étant également dictée par la date de sortie des animaux. En effet, « lâcher » à 300 °C est primordial pour faire le premier tour de pâturage dans de bonnes conditions, avant la montée de l’épi dans la gaine. Ainsi, l’épi est consommé et les repousses sont feuillues. Les parcelles de Gauthier Hamot sont suivies dans le réseau « Pousse d’herbe » de la Chambre d’agriculture de l’Allier depuis plusieurs années », explique la conseillère.
Bien penser la découpe des parcelles est important car c’est elle qui dicte la réussite de ce mode de pâturage.
C’est pourquoi il est important de connaître le potentiel de ses prairies et jouer avec les atouts et les contraintes naturelles pour bien penser son découpage, notamment pour l’accès à l’eau qui reste LE point sensible de cette technique.
La facilité pour manipuler les animaux, la diminution du gaspillage d’herbe au printemps, la réduction de complémentation des veaux mâles, ainsi que le gain de surface récoltées font parties des nombreux avantages de la méthode.