Grandes cultures
Arvalis attend le dégel pour donner une estimation des pertes
Après plusieurs mois d’attente, l’hiver est là avec sa neige et ses températures négatives. Mais est-ce pour plaire aux cultures ?
«Le froid qui s’est ins-tallé sur la région n’a rien d’exceptionnel, indique Chloé Malaval Juery, ingénieur régional à Arvalis-Institut du Végétal. Le plus étonnant dans cette saison ce sont les températures douces des mois de novembre, décembre et janvier. Ce climat clément n’a pas été un point positif pour les cultures qui ont eu un développement avancé.»
L’hiver s’installe
Le développement avancé des plantes (jusqu’au stade «épi à 1 cm» dans certaines situations) expose davantage les cultures à la vague de gel. Chloé Malaval Juery précise cependant que l’installation du froid «s’est réalisée progressivement laissant quelques jours aux plantes pour s’immuniser». La couverture neigeuse aide également les céréales d’hiver à résister à des températures pouvant aller jusqu’à -20°C. «Le faible engorgement en eau des sols limite les effets mécaniques du gel. Dans ces situations, les inquiétudes ne sont pas fondées» conclut-elle.
Développement déterminant
En revanche, d’autres cas sont à craindre. Dans les zones où le froid sera plus intense, certaines espèces vont être particulièrement sensibles : avoines d’hiver, orges de printemps semées en automne et les blés durs. Le blé tendre d’hiver, le triticale et le seigle, sous réserve que le stade «épi à 1 cm» ne soit pas atteint, seront les plus résistants. Il ne faut pas oublier qu’au sein de chaque variété, la variabilité génétique de sensibilité au froid joue un rôle.
«Le stade de la culture est déterminant pour résister à l’hiver. Les températures des dernières semaines, comprises le plus souvent entre 0°C et 10°C, ont accéléré la vernalisation*. Ce besoin a donc été rempli rapidement diminuant ainsi la capacité des plantes à s’endurcir. Pour les céréales qui approchent le stade «épi à 1 cm», l’épi s’élève au-dessus du sol le rendant vulnérable aux chutes brutales de températures. Toutes les talles ne sont pas synchronisées ; elles ne sont pas toutes au même stade. En principe, les talles primaires et secondaires sont beaucoup moins avancées et donc moins vulnérables» indique l’ingénieur régional.
Les conséquences
Selon l’Institut du Végétal, il est impossible de donner un diagnostic. Il faut attendre le dégel pour les observations en plein champs. «La destruction d’une partie des plantes ne condamne pas la culture explique Chloé Malaval Juery. Les céréales ont de fortes capacités de compensation. Une perte de plantes n’est vraiment préjudiciable que si elle dépasse 20 à 40 %. Pour les plus impatients, un test simple permet de constater si le blé a gelé ou non. Il suffit de prélever au hasard dans une parcelle une vingtaine de plantes avec le système racinaire au complet. Les échantillons devront être rempotés et placés dans une pièce à l’abri du gel mais avec suffisamment de lumière (hangar…). L’épi n’aura pas été touché par le gel dans le cas où la plante reverdie. Même si des dégâts sont constatés, il faut attendre le dégel pour constater l’état de la parcelle. »
* Besoin en froid des plantes.
Relevé de températures du 1er au 12 février
Les températures suivantes ont été relevées sous abri. Elles sont données à titre informatif. De part l’exposition, les températures de certaines communes peuvent être plus basses ou plus hautes.
Sancy (Chastreix)
- Minimale -19.1°C
- Maximale + 2°C
- Moyenne sur la période -12.3°C
Combrailles (St-Gervais-d’Au.)
- Minimale -16.6°C
- Maximale -3°C
- Moyenne -10.3°C
Livradois-Forez (Ambert)
- Minimale -21°C
- Maximale -2.4°C
- Moyenne -10.3°C
Limagnes Nord et Sud (les températures entre Maringues
et Issoire varient très peu)
- Minimale -17.2°C
- Maximale -1.8°C
- Moyenne -7.8°C
Source Météo France