Saint-Pierre
Areva sera jugée en correctionnelle
Le TGI de Clermont-Ferrand ordonne le renvoi devant le tribunal correctionnel de la Société des mines de Jouac pour pollution de l’eau et dépôt ou abandon illégal de déchets nucléaires.
Du terrain de foot au plan d’eau touristique
L’affaire remonte à 1997 et à l’ouverture d’une enquête d’utilité publique relative au projet d’extension du plan d’eau en contrebas de l’ancienne mine pour en faire un site de baignade. Sauf que “ce lac a servi de bassin de décantation de la mine avec des drains qui l’alimentent”, font valoir les deux associations, certaines que le site, même fermé et officiellement réhabilité, continue à polluer le lac artificiel. “La stratégie d’Areva a été de dire que dès lors que tout l’uranium a été extrait, il n’y a pas de problème”, commente Georges Haag. Faux, archi faux, selon lui. En effet, le traitement par lixiviation (éclatement mécanique et traitement chimique) de l’uranium, concentré pour en faire du yellow cake (lequel, une fois enrichi sert de combustible des centrales nucléaires), génère des déchets contenant pas moins de 13 descendants de l’uranium “encore plus dangereux”, explique-t-il. Des déchets qui ont largement infiltré les terrains et cours d’eau environnant. Restait à le prouver. Dans les années qui suivent, l’association va faire réaliser - non sans mal - plusieurs études indépendantes par la Criirad(2) qui vont révéler la présence de yellow cake à proximité du camping (à des teneurs de 3 500 000 Bq/kg), de résidus d’extraction d’uranium dans le sol du terrain de foot communal, du lotissement(3) - construit après la fermeture sur les terrains même de la mine - et dans le fossé en bordure du stand de tir local, ainsi que de fortes accumulations d’uranium 238 dans les fossés du plan d’eau (jusqu’à 144 000 Bq/kg). Des anomalies sont également détectées dans une prairie à l’ouest du site minier et dans les sédiments du cours d’eau du Combret au nord, avant la confluence avec la Dordogne. Rien à voir avec des concentrations naturelles, confirment les experts. Parallèlement, une première plainte est déposée en 2004 par l’association rejointe par sa consœur de Saint-Pierre “Pour notre qualité de vie” qui s’est constituée entre-temps. Plainte suivie d’une seconde en 2007 au vu du rendu des analyses. L’interdiction de la baignade est aussi prononcée par les pouvoirs publics et une Cli (Commission locale d’information) installée. Une Cli dont les associations contestent la pertinence et la “désinformation”. Qu’importe, les plaintes sont instruites et aboutissent le 10 octobre à l’ordonnance du TGI de Clermont. Lequel abandonne un troisième chef d’accusation, celui de “mise en danger de la vie d’autrui”, un délit qui ne peut être retenu qu’en cas de “risque immédiat de mort ou blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente”, et qui a, d’ailleurs, été également abandonné dans les affaires du sang contaminé, de l’amiante... Aujourd’hui, les deux associations attendent de connaître la date (sans doute pas avant 2013) et le lieu de l’audience, en se préparant déjà avec Me Faro, avocat de “Nos enfants et leur sécurité” également avocat de Greenpeace. “On ira jusqu’au bout”, prévient Huguette Haag, tout en ôtant tout doute sur leur motivation : “On ne demande pas d’indemnités mais une dépollution du site”... pour la sécurité des enfantsde Saint-Pierre.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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