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Agriculture et changement climatique, des pistes pour résoudre l'équation

Environnement « Comment adapter l'agriculture de Nouvelle-Aquitaine au changement climatique ? » était le thème du colloque organisé par la Région et la Chambre régionale d'agriculture (CRANA) le 17 janvier à Bordeaux. Avec plusieurs objectifs : sensibiliser les acteurs au changement climatique, échanger sur les actions en cours pour accélérer le mouvement.

© DR

Fin 2018, après deux ans d'étude, le comité scientifique AcclimaTerra a rendu son rapport sur le changement climatique en Nouvelle-Aquitaine. Une large place est consacrée à l'agriculture. En revanche, pas de place pour le doute ; le changement climatique est un fait et l'adaptation de l'agriculture incontournable. « Il nous faut anticiper les choses pour ne pas trop avoir à en souffrir », a indiqué le président de la CRANA en préambule.

Atténuer et s'adapter
Invité à ouvrir le colloque, Hervé Le Treut, climatologue et président d'Acclimaterra, a résumé la situation en quelques mots : « Le problème du climat, c'est un problème de rupture d'équilibre. En 1950, nous produisions 1 milliard de tonnes de carbone par an, aujourd'hui c'est 10 milliards qui viennent s'ajouter au stock existant chaque année. La situation évolue très rapidement et il faut conjuguer les efforts d'atténuation et d'adaptation au phénomène ». Au niveau régional, le rapport Acclimaterra montre clairement un réchauffement et des périodes de sécheresse accrus au cours des trente dernières années. Cette tendance de fond impacte fortement l'agriculture quelle que soit la production. Ingénieur à l'INRA, Nathalie Ollat a fait l'état des lieux des enjeux auxquels l'agriculture va devoir faire face : modification de la fertilité des sols, apparition de nouveaux bio-agresseurs, productions plus précoces, plus exposées au gel tardif, etc. Si la saisonnalité des productions est modifiée, quid de la productivité, de la qualité ? La question se pose également pour les productions animales. Quel est l'impact d'un pic de chaleur sur la productivité des animaux qui doivent réguler leur température ? Bref, les conséquences sont nombreuses. Dans tous ces cas de figure, la constatation est la même, il est nécessaire de trouver des systèmes plus résilients, des races et espèces plus adaptées. Dans les chambres d'agriculture, des travaux sur ces questions sont menés depuis de nombreuses années. « De nombreux outils existent pour nous permettre de quantifier les impacts, d'évaluer les adaptations possibles, a rappelé Bernard Layre pour la CRANA. Les agriculteurs dépendent du climat, ils doivent être partie prenante dans les réflexions ». Ainsi, depuis plusieurs années, un observatoire régional (ORACLE) rassemblant de nombreux partenaires, prend la mesure des évolutions climatiques sur toutes les filières agricoles. Une plate-forme de partage des références obtenues et la constitution d'un groupe de formateurs experts est en projet. Un autre outil, Climagri, validé par l'Ademe, permet d'évaluer le potentiel nourricier d'un territoire, sa consommation/production d'énergie, ses émissions/captations de gaz à effet de serre. L'ensemble de ces données doit servir de base à la mise en place d'actions dans le cadre du Plan Climat Air-Énergie Territorial.

L'eau, au coeur des préoccupations
Impossible de parler de changement climatique et d'agriculture en Nouvelle-Aquitaine sans parler d'eau. Les experts d'AcclimaTerra se sont penchés sur la question. En 2015, 1,5 milliard de m3 ont été prélevés (46 % pour l'agriculture). Si les problèmes diffèrent selon les zones, les scientifiques estiment que 15 % des eaux souterraines sont en déséquilibre quantitatif et 1/3 d'entre elles sont jugées en « mauvais état ». Dans l'avenir, tout semble indiquer que les pluies seront plus abondantes l'hiver et plus rares en été. La période estivale tendant à s'allonger, il faut donc s'attendre à un déséquilibre fonctionnel. Face à une ressource limitée, la concertation et la solidarité entre urbains et ruraux et la mise en place de projet de territoire seront impératives à l'avenir. Sur le bassin Adour-Garonne, un Plan d'adaptation au changement climatique a vu le jour en juillet 2018. Après une phase de diagnostic de vulnérabilité et d'impact, l'objectif est de parvenir à un équilibre entre usages et ressources dans une zone ou le déficit est chronique. Tout ça en préservant la résilience des milieux et en prévenant pollutions et risques naturels.

Les filières agricoles au travail
En Nouvelle-Aquitaine, l'ensemble des filières agricoles est également à pied d'oeuvre sur le sujet du changement climatique. Plusieurs témoignages en ce sens se sont succédés l'après-midi. Dans le secteur des grandes cultures, Arvalis a rappelé le développement d'un outil de pilotage de l'irrigation (Irré-LIS), sujet qui fait aussi l'objet d'études au sein de la coopérative Maïsadour. Des travaux sont également en cours sur l'adaptation des variétés dans le domaine des grandes cultures mais aussi du maraîchage et de l'arboriculture. Enfin, l'élevage est également au travail avec plusieurs démarches du CNIEL, de l'Idele et d'Interbev (Climat Lait, Carbon Dairy, Beef Carbon, ...). À l'échelle du Massif central, un travail est engagé depuis 2015 avec un climatologue pour étudier le changement climatique sur la zone et adapter les pratiques culturales. « Chaque filière et territoire se préoccupent du changement climatique, il faut maintenant plus de liant, de transversalité », a conclu le président de la CRANA qui garde en ligne de mire le projet agricole régional 2030. Un point de vue partagé par la Région qui souhaite une concertation plus large. « L'évolution est en cours dans les filières agricoles, il faut maintenant aller plus vite », a souligné Lydia Héraut, conseillère régionale déléguée à la viticulture.

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