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Agriculture cantalienne : tout sauf un long fleuve tranquille

Sécheresse, retards de versement des aides européennes, pression sur le marché des petits veaux laitiers, loup... autant de sujets d’implication pour la profession cantalienne.

Pour cette dernière session de la mandature,les élus de la Chambre d’agriculture sont revenus sur de nombreux sujets qui font l’actualité agricole, en présence du préfet du Cantal.
Pour cette dernière session de la mandature,les élus de la Chambre d’agriculture sont revenus sur de nombreux sujets qui font l’actualité agricole, en présence du préfet du Cantal.
© P.O.

Même si l’humidité automnale a pris ses quartiers ces derniers jours, la sécheresse continue de plomber le moral et la trésorerie des éleveurs, ont témoigné les élus Chambre réunis vendredi en session, la dernière du mandat. Des difficultés que les retards de mise en paiement des aides Pac viennent amplifier. Ce qui a valu aux deux motions présentées par la FDSEA d’être adoptées à l’unanimité. La première demande à l’État de valider, lors du CNGRA du 12 décembre, la demande de reconnaissance en calamités telle que soumise suite au travail d’expertise sur le terrain. Demande qui évalue à 53 M€ les pertes pour les éleveurs et sollicite un soutien global de près de 15 M€ (sur 192 communes). Dès cette semaine, les 3,2 M€ de dégrèvement de la TFNB vont être mis en paiement, a indiqué le préfet. La profession demande par ailleurs que soit retiré ou abaissé le seuil de 13 % de perte du produit brut théorique de l’exploitation, préjudiciable pour un certain nombre d’agriculteurs pourtant bien impactés. S’agissant des aides Pac, la FDSEA a rappelé que 300 exploitations cantaliennes, soumises à un contrôle ou une visite rapide, n’ont toujours pas reçu d’acompte. “L’ASP (Agence de services et de paiement) ne fait pas son boulot, elle est incapable d’assumer son fonctionnement !”, a tancé Joël Piganiol. Selon le préfet, 80 % des visites étaient réalisées au 23 novembre, ouvrant un versement d’ici le 10 décembre. Les contrôles devraient eux être bouclés le 21 décembre pour un paiement début janvier.

“Arrêtons de nous faire avaler des couleuvres !”

C’est en substance la réaction de Patrick Bénézit (FDSEA) qui a mis en cause les données du panel Kantar supposées révéler les tendances de la consommation de viande en France évoquées dans la présentation de conjoncture. Une source contestable “qui nous dit tous les trois mois qu’on perd entre 3 et 5 % de consommation. Comment se fait-il que nous, éleveurs, on en vende encore ?” La dissonance est à chercher dans le fait que ce panel ne s’intéresse qu’aux ventes en GMS qui, effectivement, dévissent en parts de marché contrairement à la restauration hors foyer dopée par l’engouement pour le steak haché. Pour Patrick Bénézit, il convient de s’appuyer sur la méthode dite des bilans qui met en balance les tonnages abattus, importés et exportés. “Depuis dix ans, on a le même tonnage, certes, il y a une petite érosion de consommation par tête, qui n’est pas liée aux vegans mais à la guerre des prix que se fait la grande distribution avec des portions plus petites.” Et pour le responsable syndical, la France, comme l’Allemagne ou l’Italie, verrait même un frémissement d’une hausse de consommation. Des propos corroborés par Julien Fau (Altitude), pour qui les industriels doivent aussi s’adapter aux nouveaux modes de consommation des jeunes. Et à un Eugène Juéry qui s’inquiète de voir les maisons se vider et les jeunes “aller se gaver d’hamburgers dans les fast-food”, Patrick Escure a répondu, pragmatique : “Il faut s’adapter, on a du steak haché aubrac, salers tracés. Il faut être présents sur ces marchés pour valoriser à des prix corrects nos races locales.”

Petits veaux : “prise d’otage des éleveurs”

Malgré la sortie de crise sur le marché des petits veaux naissants, Jean-Marc Brunhes, président de Cantal conseil élevage, s’est ému que certains marchands de bestiaux interrogent les éleveurs, dont le veau a été testé positif à la FCO après sa vente, pour décider du sort de ce dernier : euthanasie ou pas. “C’est une prise d’otage des éleveurs. Cette situation sanitaire est surtout un argument commercial pour maintenir une pression sur les prix”, s’est exclamé Joël Piganiol (FDSEA), rappelant que même un veau positif a sa place sur le marché national à défaut de partir sur l’Espagne et que par ailleurs, un accord national scellé au printemps avec la fédération des négociants (FFMB) prévoit une revalorisation de 25 € des veaux négatifs, “pas respectée sur le terrain”. “Ce genre d’attitude mérite une saisie juridique, estime pour sa part Patrick Bénézit. Quand le veau est vendu, la responsabilité change de camp, elle devient celui de l’acheteur quoiqu’il arrive...” Il a invité les éleveurs à faire remonter ce genre de pratiques.

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