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Agneau : jouer la carte du lissage pour éviter la saturation

FILIÈRE OVINE Face à la crise sanitaire et le confinement imposé aux Français, éleveurs et professionnels de la filière ovine adaptent leur production pour limiter, au mieux, les impacts.

Philippe Boyer, est installé depuis 21 ans au domaine du Grand Verger à Yzeure.
Philippe Boyer, est installé depuis 21 ans au domaine du Grand Verger à Yzeure.
© AA03

Suite à des prix en baisse les années précédentes, il y avait pourtant une lueur d’espoir en début d’année avec des cours repartis à la hausse. Avec le confinement lié au coronavirus, la filière ovine prend de plein fouet cette crise sanitaire. Les fêtes religieuses, qu’il s’agisse de Pâques, du Ramadan et de la Pâques Juive, se déroulent en pleine période de confinement. Les rassemblements familiaux étant interdits, les ventes d’agneaux s’effondrent. La conséquence directe étant une saturation d’animaux sur les exploitations françaises. Philippe Boyer est éleveur ovin, au domaine du Grand Verger, sur la commune d’Yzeure. Installé sur une surface de 97 hectares, son cheptel se compose de 500 brebis. En système d’agnelage de printemps, les mises basse déroulent entre la mi-février et le 1er mai. Administrateur de la coopérative Copagno, ses agneaux partent vers Castres (Tarn) mais également à Gramat (Lot), via le groupe Arcadie sud-ouest. Une partie des agneaux sont sélectionnés pour être vendus sous signes officiels de qualité « Carrefour » et label rouge « tendre agneau ». Des ventes qui se déroulent du 15 juin au 1er novembre.

L’Allier compte de nombreux éleveurs de moutons, quelles sont les conséquences pour eux ?

Philippe Boyer : « La majorité des éleveurs de l’Allier sont sur des systèmes comme le mien. Malgré tout, une majorité d’entre eux pratique le déssaisonnement et vend des agneaux, notamment, lors des fêtes religieuses. Des agneaux qui coûtent plus cher à produire et qui ne se vendront pas correctement ».

Comment les acteurs de la filièreovine font-ils face à cette crisesans précédent ?

PB : « Nous avons vu la crise arriver et il a fallu anticiper. Des campagnes de publicité ont été mises en place pour favoriser l’achat de viande d’agneau.Certaines coopératives ont soutenu les éleveurs pour éviter l’engorgement. Je prends l’exemple de Copagno qui a tout de même pris en charge l’ensemble des agneaux disponibles chez leurs éleveurs adhérents. Nous avons incité les grossistes et les grandes surfaces à congeler la viande d’origine étrangère et à écouler celle venant de notre territoire en favorisant ainsi la consommation de l’agneau français. Pour une fois, ces acteurs doivent nous rendre un service en préservant les produits français ».

Au niveau des prix, quelle est l’évolution et comment limiter labaisse ?

PB : « Les prix d’achat ne sont évidement pas les mêmes qu’à l’ordinaire. On constate de gros écarts. En général, autour de Pâques, ils s’élèvent à plus de 7€50 du kilo. Aujourd’hui nous sommes en dessous de 6€ du kilo. Aujourd’hui, nous ne parlons même plus de prix. L’important étant d’abattre les agneaux pour éviter l’engraissage des agnelles. Une prise de poids qui impacte directement la qualité de l’animal et qui n’augmente pas sa valeur, bien au contraire. A mon sens,il est important d’étaler les ventes d’agneaux sur l’ensemble des fêtes religieuses afin de lisser ce fameux pic. A signaler aussi que des coopératives ont fait marcher leurs caisses de péréquations pour maintenir un bon paiement des agneaux aux éleveurs qui ont toujours fait l’effort de produire des bêtes à ce moment là. La conséquence sera un lissage du prix payé d’ici les six prochains mois pour pouvoir équilibrer les comptes de ces coopératives ».

PROPOS RECUEILLISPAR SÉBASTIEN JOLY.

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