Agir contre le suicide, quelle prévention ? la MSA informe
La MSA du Limousin s’inquiète de la croissance constante du nombre de suicides en agriculture.
Face à ce constat, les élus MSA ont organisé dernièrement une soirée à Fontanières sur ce thème, ouverte à tout public et animée par le Dr Danila, médecin psychiatre au CHS de Saint-Vaury, coordonnateur de l’unité d’action contre le suicide de la Creuse, avec la participation du Dr Pichon, pédo-psychiatre et avec le concours du service social de la MSA.
Aujourd’hui, le mal-être touche pratiquement toutes les catégories professionnelles. Le secteur agricole n’échappe pas à cette réalité qui s’explique par de multiples facteurs à la fois sociaux, économiques et individuels. Les crises agricoles à répétition (conjoncturelles et climatiques) frappent durement les exploitations et ont des conséquences importantes sur les exploitants, leur famille et leur entreprise
Le Limousin est la 2e région de France la plus touchée après la Bretagne : environ 200 suicides par an en Limousin toutes professions confondues. Dans 9 cas sur 10, les personnes suicidaires ont un terrain favorisant : addiction, dépression, 1 suicide « abouti » sur 10 tentatives au niveau régional (1 suicide « abouti » sur 5 tentatives en Creuse)
Le docteur Danila explique que le suicide n’est pas héréditaire, les hommes ont plus recours aux armes et les femmes aux médicaments, cependant le plus courant est la pendaison pour les deux sexes.
On peut parler de situation à risques lorsqu’il y a des problèmes financiers liés à la crise agricole, au chômage, des problèmes de couple, des violences familiales, la consommation de drogues ou d’alcool, mais aussi le manque de reconnaissance, la perte d’autonomie, les exigences excessives du travail, le manque ou l’excès d’autonomie, l’insécurité des emplois.
L’exposition répétée de plusieurs de ces facteurs peut aboutir au développement de troubles psychosociaux pouvant avoir des conséquences sur la santé. La manifestation extrême de ces troubles est la crise suicidaire pouvant conduire à la mort
Il fait remarquer que le suicidaire envoie des signaux d’alerte qui ne sont pas toujours interprétés par l’entourage. Les consommations abusives d’alcool, de drogues, l’agressivité, la violence peuvent être des repères mais également le laissé aller de l’exploitation.
Il ne faut pas hésiter à demander à la personne si elle souffre, si elle a pensé à mettre fin à ses jours. Il faut l’inciter à parler à son entourage, à consulter. Si la personne évoque le suicide, si elle pense n’avoir aucun autre recours que la mort, il faut l’obliger à rencontrer son médecin, même l’accompagner car souvent elle ne peut faire la démarche seule.
La MSA du Limousin et ses partenaires sont engagés depuis 2010 dans des actions de prévention du suicide qui concernent aussi bien les exploitants que les salariés, les jeunes et les personnes âgées.
Un comité de pilotage « Prévention suicide » a été créé fin 2013 : il associe l’ARS, les Chambres d’agriculture, les centres hospitaliers spécialisés de la Région dont le CHS de La Valette à Saint-Vaury, SOS Amitié, le Centre Écoute et Soutien,… afin de tendre vers plus d’efficacité et de cohérence des mesures proposées
Un accompagnement social est réalisé à titre individuel par les travailleurs sociaux et des actions collectives sont mises en place comme par exemple des groupes de parole.
Une cellule de veille existe également pour prendre en charge les personnes en difficulté ainsi qu’un plan de lutte contre la précarité.
Dans la salle, bon nombre de questions se sont posées. Le Dr Danila a rappelé que le suicide est le dernier recours quand le malade ne trouve plus d’issue ou de solutions à ses problèmes et à ses souffrances, qu’il ne trouvera pas forcément les clés, seul. Le rôle de l’entourage est donc primordial, il faut écouter la personne, parler avec elle, ne pas la juger, mais être présent et l’accompagner dans sa décision de consulter.