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Agent de remplacement en Haute-Loire, il a travaillé 24 ans de ferme en ferme

Pierre Trincal vient de prendre sa retraite après 24 années passées au Service de Remplacement de Haute-Loire comme agent.

Pierre Trincal : «l’agriculture, je ne sais faire que ça… et j’aime ça».
Pierre Trincal : «l’agriculture, je ne sais faire que ça… et j’aime ça».
© ©HLP

Jeune retraité, depuis quelques jours seulement, Pierre Trincal accepte de regarder dans le rétroviseur pour revenir sur 24 années de carrière en tant qu’agent au Service de Remplacement de la Haute-Loire. Il est encore un peu déconcerté par un quotidien sans horaire à respecter, sans vaches à traire.
«L’agriculture, je ne sais faire que ça… et j’aime ça» lance Pierre Trincal qui avait commencé comme agriculteur sur une petite structure à Charraix dans le Gévaudan avec des vaches laitières. Puis il s’est marié et son épouse travaillant au Puy, sa ferme n’étant pas viable dans l’état et l’agrandissement difficile, il a opté pour une place d’ouvrier agricole sur une exploitation à Chaspuzac dont le patron avait eu un accident de voiture. Quelques années plus tard, à l’installation du fils, il a été licencié. Et c’est comme cela qu’il a ouvert une nouvelle page de sa vie professionnelle en 1994 : «J’avais entendu parler du Service de Remplacement, (NDLR : GEDRA à l’époque) et c’est un travail que je savais faire ; j’y suis entré et j’y suis resté…».

Polyvalent
Pierre Trincal a trouvé sa place au SR. «Le travail est le même que pour un exploitant mais pas avec les mêmes responsabilités. Quand on a fini notre journée de remplacement, on n’a plus de soucis… Pour un agriculteur, les soucis sont permanents». Pourtant, l’agent a lui-aussi des responsabilités quand il assure le remplacement d’un exploitant. Il se doit de faire tourner l’exploitation avec sérieux et professionnalisme : «Il faut faire comme si on faisait pour soi, et même plus» insiste Pierre Trincal. Alors quand on lui demande quelles sont les qualités essentielles pour un agent de remplacement, il répond : «sérieux, adaptabilité, compétences, polyvalence, débrouillardise…». 
Et oui, le remplaçant doit pouvoir exécuter n’importe quelle tâche sur l’exploitation. Et les fermes sont très diversifiées, avec des productions très variées, des structures diverses, anciennes ou modernes, plus ou moins fonctionnelles, des exigences différentes d’un employeur à un autre, et des tâches multiples et variées. Bref un agent de remplacement doit savoir tout faire ou presque, et s’adapter rapidement. Avant chaque mission, il est très important de faire un briefing en amont pour connaître un peu l’exploitation et les missions, avant de se retrouver seul face au travail. Exemple : «quand on arrive l’hiver pour la traite, c’est mieux si on sait où se trouve l’interrupteur électrique… De même, savoir où sont les vannes d’eau, le compteur d’eau… Ce sont de petits détails mais qui facilitent la mission». Du vécu assurément…
Bien sûr en 24 ans, Pierre Trincal est passé sur un grand nombre d’exploitations, impossible pour lui d’en donner le nombre, et sur tout le département même si dernièrement il restait davantage sur son secteur autour de St Christophe/Dolaizon, son lieu de résidence, frais de déplacement obligent. Mais il est des fermes sur lesquelles il a travaillé à plusieurs reprises. «Au fil du temps, on noue des liens. Certains agriculteurs que j’ai remplacés sont devenus des amis». D’ailleurs, le jeune retraité pense mettre à profit son temps libre pour aller revoir certains exploitants dont il a gardé de bons souvenirs…

Il aimait traire
Éleveur laitier dans l’âme, c’est sur ces exploitations-là qu’il préférait intervenir et il aimait particulièrement faire la traite «sauf maintenant avec les robots». Et pourtant «il y a 10 façons différentes de traire». Durant sa carrière, il a tout fait : le travail du sol, les foins, le ramassage des pierres (personne n’y coupe)… Mais ce qu’il n’aimait pas c’était le travail en porcherie : «on est enfermé, et je n’ai pas été formé pour ce type d’élevage».
La formation justement, au cours de sa carrière, Pierre Trincal a eu l’opportunité avec le SR43 de suivre différentes formations sur la contention des bovins, la soudure, le CASES «télescopiques», le code de la route, ou encore la maîtrise de véhicule et la sécurité routière… Mais il reconnaît aussi que passer de ferme en ferme lui a permis d’apprendre sans cesse au contact des agriculteurs, et même de pouvoir à son tour transmettre de ses expériences. Et d’en conclure, «parfois il suffit de peu de chose pour améliorer ses performances ou ses conditions de travail».
Bien sûr, le travail d’agent de remplacement au SR n’est pas toujours facile. «On arrive dans des familles en deuil, en souffrance… Le suicide, ça marque. C’est difficile mentalement. On est là pour faire le travail, mais parfois, certains se confient, on discute, on partage…» . Et en 24 ans, Pierre Trincal mesure les changements dans les exploitations et dans les mentalités. «La taille des fermes a augmenté, la situation financière est souvent tendue, les agriculteurs sont plus stressés. Avant, c’était plus familial, plus convivial. Souvent on restait un moment pour boire un coup, voire prendre le repas. Maintenant, on fait notre travail». Malgré tout, Pierre Trincal conseille à tous les jeunes qui souhaitent s’installer de passer 3 ou 6 mois au Service de Remplacement. «C’est une bonne école, un bon stage pour apprendre et peut-être éviter des erreurs à l’installation».

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