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9 à 10% des volumes réceptionnés par Limagrain déclassés en raison de l'ergot

La présence importante d'ergot dans les céréales a contraint Limagrain à déclasser d'importants volumes. La récolte reste néanmoins satisfaisante, malgré une certaine déception de ne pas avoir atteint un rendement supérieur, face à un printemps pourtant prometteur.

Les moissons 2025 ont donné des résultats dans la moyenne mais la présence d'ergot ampute les récoltes.
Les moissons 2025 ont donné des résultats dans la moyenne mais la présence d'ergot ampute les récoltes.
© Mélodie Comte

Cette année encore la récolte de céréales a apporté son lot de surprises, et de soucis, à la coopérative auvergnate. Limagrain a réceptionné 113 000 tonnes de blés, 9 500 tonnes d'orge et 5 600 tonnes de colza. Les rendements sont dans la moyenne tout comme la qualité (voir encadré). Sébastien Vidal, président de Limagrain se dit malgré tout déçu : « on s'attendait à bien mieux au regard du printemps favorable (...) le coup de chaud de fin juin a eu des conséquences néfastes». Ce ne sont pas tant les volumes décevants qui marqueront cette campagne, que la problématique sanitaire de l'ergot. La résurgence de ce champignon des céréales à paille à l'échelle nationale, n'a pas épargné la Limagne. Largement observé cet été, sans pouvoir être pour autant quantifié, les derniers résultats de la coopérative permettent de prendre conscience de l'ampleur du phénomène. 

Nous avons été contraints de déclasser 9 à 10% des volumes livrés. »

Les céréales déclassées ont été réorientées vers l'alimentation animale ou détruites

Depuis le 1er janvier 2022, les teneurs maximales réglementaires pour les sclérotes d’ergot dans les grains ont été diminuées, passant de 0, 5 g/kg pour toutes les céréales brutes (hors maïs et riz) à 0,2 g/kg. Il en va de même dans les produits de moutures dont les teneurs en alcaloïdes de l'ergot ( somme des 12 alcaloïdes de l'ergot : ergocristine/ergocristinine; ergotamine/ergotaminine ; ergocryptine/ergocryptinine ; ergométrine/ergométrinine ; ergosine/ergosinine ; ergocornine/ergocorninine - source agriculture.gouv) sont mesurées en microgramme. Les sclérotes d'ergot peuvent atteindre 5 cm mais leur taille reste majoritairement proche de celle d'un grain de blé sain, complexifiant considérablement le triage. «

Nous essayons d'améliorer, encore, notre système de triage mais l'investissement est lourd et les marchés du blé actuels peu porteurs pour nous permettre de supporter ce coût » souligne Sébastien Vidal.

Les céréales déclassées ont été réorientées vers le marché de l'alimentation animal lorsque les seuils le permettaient. Autrement, elles sont parties alimenter les méthaniseurs. Le manque à gagner pour la coopérative et ses producteurs est important.

À lire aussi : Combien pèse Limagrain dans le paysage économique et social ?

Quelles solutions techniques pour lutter contre l'ergot ? 

Des analyses sont en cours dans les parcelles pour trouver un dénominateur commun à la contamination des céréales par le champignon. 

Ça n'a rien donné pour l'instant. Labour, non-labour, rotation, semis précoces ou tardifs... Rien ne nous permet de dire avec certitude ce qui favorise le développement du champignon. » 

Selon l'agriculteur président, la baisse d'efficacité des anti-graminés et le manque de fauchage sur les bords de route et chemin favoriseraient la présence d'ergot. « Nous travaillons avec le Conseil départemental du Puy-de-Dôme pour coordonner les broyages de bords de champs avant la floraison des blés, en attendant de trouver des solutions techniques. » 

Au-delà de la perte économique que représente l'ergot, le champignon pourrait devenir une réelle problématique de santé publique s'il devenait incontrôlable.

À lire aussi : Céréales : comment lutter contre l'ergot ?

Qualité et rendement des récoltes du Puy-de-Dôme en détail

Durant la campagne céréalière, Limagrain a collecté 130 000 tonnes de céréales. « Nos prévisions étaient en deçà » précise Sébastien Vidal.

Les blés du Puy-de-Dôme plafonnent en rendement mais maintiennent leur niveau de protéines

La coopérative a rentré plus de 113 000 tonnes. « C'est au-delà des prévisions parce que nous avons rentré cette année du hors contrat.» 

Le rendement moyen de la sole contractualisée par Limagrain est de 63q/ha.

Les BAF (Blé Améliorant et de Force) enregistrent en moyenne 62 q/ha, avec une différence entre la Limagne sud (59 q/ha) et nord (65 q/ha). 

Les BPMF (Blés Pour la Meunerie Française) ont un rendement moyen de 65 q/ha.

Du côté de la qualité, le taux de protéines est « dans les attentes » avec un taux moyen supérieur à 12 pour le BPMF. 

Le niveau français est inférieur. La France risque de manquer de blé avec un taux de protéines supérieur à 11 qui est la limite pour pouvoir l'exporter. » 

Les BAF ont aussi un bon taux de protéines à 14,8 répondant ainsi au cahier des charges de Jacquet-Brossard pour la conception des pains. 

Le poids spécifique est très bon (BPMF 79, BAF 81) témoignant des conditions de récolte favorables.

« La majeure partie des blés améliorants cultivés aujourd'hui a été créée pour la Limagne, par Limagrain. Nous atteignons l'objectif de maintenir la productivité sur ces variétés sélectionnées. »

À lire aussi : Les Émirats arabes unis entrent au capital de Limagrain

Orge et colza, des rendements au-delà des objectifs 

Limagrain a rentré dans ses silos 9 500 tonnes d'orge. Les rendements moyens atteignent 66 q/ha. 

Du côté du colza, « c'est une bonne année en terme de rendements ». La collecte atteint 5 600 tonnes avec une moyenne de 3,3 t/ha. 

À lire aussi : 60 ans de Limagrain : « les paysans sont encore les patrons ! »

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