200 jeunes s'installent en moyenne dans le Puy‑de‑Dôme mais compensent-ils les départs ?
Le Puy-de-Dôme est l'un des départements français les plus dynamiques en matière d'installation et bien que le taux de remplacement atteigne 74 %, il reste encore de la marge pour assurer le renouvellement.
Le Puy-de-Dôme est l'un des départements français les plus dynamiques en matière d'installation et bien que le taux de remplacement atteigne 74 %, il reste encore de la marge pour assurer le renouvellement.

58 % des agriculteurs puydomois avaient plus de 50 ans en 2023. Ce n'est ni plus, ni moins qu'ailleurs sur le territoire national. Le département peut néanmoins se targuer d'installer en moyenne 200 jeunes par an*, soit plus de 7 installations pour 10 départs, mais derrière les chiffres se cachent de grandes disparités. Les filières d'élevages, polyculture élevage, grandes cultures et bovins vont être les plus concernées par les futures cessations d'activités.
L'élevage bovin puydomois installe encore une majorité de jeunes malgré une tendance à la baisse
Avec 73 % des installations en système élevage et 27 % en végétal, les nouveaux installés confirment la dominante agricole du Puy-de-Dôme. Ces derniers ont majoritairement moins de 40 ans. Près de la moitié (46 %) rejoint une société (EARL, Gaec...) « l'un des meilleurs moyens pour gérer son temps et se libérer des charges de travail et surtout ne pas se sentir seul dans un métier où la solitude peut peser (...) être plusieurs permet de répondre davantage aux attentes sociales des jeunes » explique Henry Ferret, secrétaire adjoint, en charge de l'installation à la Chambre d'agriculture.
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Enfin, 42 % de cette nouvelle garde sont des femmes. « Au fil des années, elles deviennent plus nombreuses et on les retrouve dans tous les types de projets autant dans les filières organisées que sur des filières courtes. Aujourd'hui, elles participent à toutes les activités de l'exploitation quand elles n'en sont pas cheffes. »
La production bovin lait reste la première en termes d'installation, suivie de près par les bovins viande.
« Ce chiffre est proportionnel à la part que représente l'élevage dans le Puy-de-Dôme » souligne Henry Ferret.
Malheureusement, comme dans le reste de la France, la tendance est à une baisse générale du nombre de reprises et d'installations sur les filières bovines. En revanche, les productions végétales et tout particulièrement le maraîchage gagnent des points chaque année auprès des jeunes installés. « Ces productions suscitent de l'engouement en raison notamment de l'attractivité de la métropole clermontoise et des autres grandes agglomérations qui sont d'importants bassins de consommation. »
Combien de jeunes installés sont encore en activité aujourd'hui dans le Puy-de-Dôme ?
Parmi ces jeunes installés, ils n'ont été que 91 à bénéficier de la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) en 2024. « Certains n'ont plus l'âge parce qu'ils sont en reconversion professionnelle, d'autres n'ont pas les diplômes requis (minimum niveau) ou encore ne demandent tout simplement pas l'aide pour ne pas être contraints. »
Une moyenne de 200 jeunes installés par an, mais tous sont-ils encore agriculteurs ? Selon les chiffres de la Chambre d'agriculture, le taux de maintien est de 85 %.
Plus de 8 agriculteurs sur 10, installés en 2016, seraient toujours chefs d'exploitations aujourd'hui.
« Installer des jeunes est une chose mais les projets doivent être viables et vivables. Être agriculteur est un métier exigeant, tant physiquement, psychologiquement qu'économiquement. Nous sommes vigilants à ce que les projets déposés répondent à ces critères de durabilité. »
Le Point Accueil Installation recense plus de 300 porteurs de projets par an dont 53 % ne sont pas issus du milieu agricole. « On accueille surtout des porteurs d'idées. Le PAI permet d'orienter et de conseiller les demandeurs. Certains voient ainsi rapidement, avant d'engager des démarches, que leur projet n'est pas réalisable pour diverses raisons (foncier, économique...) et d'autres sont au contraire encouragés et accompagnés. Le parcours à l'installation est quand même lourd, plus d'un an de démarches administratives. Il faut être motivé pour aller jusqu'au bout. »
La transmission devient une nouvelle priorité pour assurer le renouvellement des générations
Le Puy-de-Dôme présente donc une bonne dynamique « fruit d'un travail de plusieurs années au sein de la Chambre où l'installation a toujours été posée comme une priorité » ajoute Henry Ferret.
La présence de filières à haute valeur ajoutée, telles que les appellations fromagères, ou encore de filières structurées avec Limagrain notamment, permet d'entretenir l'attractivité agricole du département.
Le renouvellement des générations n'est pas assuré pour autant. Dans moins de 10 ans, plus de la moitié des exploitants agricoles vont partir à la retraite.
« Nous devons faire de la transmission une priorité car sans une bonne transmission, il n'y a pas d'installation économiquement et socialement viable. Nous devons encourager les cédants à entretenir leur ferme jusqu'au bout pour maintenir la capacité de production des outils. »
*moyenne 2019-2023, hors transfert entre époux de plus de 40 ans-source Chambre d'agriculture 63 et MSA
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