Orages
10 jours après l'orage, conséquences en cascades pour les agriculteurs du Livradois
Après qu'une pluie de grêlons d'un diamètre de 12 cm ait frappé une dizaine de communes des environs de Bertignat, Vertolaye, Olliergues et Tour/Meymont, les agriculteurs du secteur enchaînent les galères et les constats.
Après qu'une pluie de grêlons d'un diamètre de 12 cm ait frappé une dizaine de communes des environs de Bertignat, Vertolaye, Olliergues et Tour/Meymont, les agriculteurs du secteur enchaînent les galères et les constats.

Les toitures des bâtiments agricoles n'ont pas été épargnées ainsi que les cultures et les prairies, lors de l'orage du 1er juin. Avec des grêlons atteignant jusqu'à 12 cm de diamètre, ce déluge destructeur a occasionné de très lourds dégâts. Nombre de toitures n'ont pas résisté sous la force des impacts mobilisant durant toute la semaine, les forces de secours pour bâcher en urgence maisons et autres. Dix jours après l'orage, les agriculteurs du secteur doivent s'adapter rapidement pour limiter les pertes.
« C'est le bordel », les éleveurs sur tous les fronts depuis les orages
David Groisne s'apprête à ensiler 9 hectares, non pas d'herbe mais de triticale. « L'orage a coupé les tiges à la base. Il n'y a plus rien à espérer. » Cette récolte d'urgence permettra à l'éleveur de vaches laitières de Tour/Meymont de récupérer du fourrage supplémentaire. Malgré tout, il ne comblera pas le manque de grains pour nourrir ses animaux. « J'estime qu'il va me manquer au minimum 50 qx avec ces surfaces en moins. C'est un billet de 10 000 € au bas mot.» L'éleveur ignore encore combien il va pouvoir récolter de ses 15 hectares restants. Bien que les cultures soient encore debout, la grêle a tout de même fait des dégâts en coupant quelques tiges par-ci par-là.
« Depuis une semaine, j'essaie de trouver du grain pour pas trop cher, sur la prochaine moisson, en plus de gérer tout le reste. » Tout le reste, ce sont les toits de ses bâtiments eux aussi détruits en grande partie ; le fibro ciment qui les recouvrait est constellé de trous. « Il pleut autant dans les bâtiments que dehors maintenant. »
David Groisne a bâché autant que possible pour limiter les dégâts d'eau, sans grand succès. La pluie a mouillé ses bottes de foin et de paille qui chauffent désormais sous l'effet de la chaleur. « J'ai enlevé les bâches pour éviter que ça ne chauffe trop et je profite des fortes chaleurs pour tout sortir et essayer de faire sécher les bottes. »
Dans le bâtiment d'élevage en revanche, l'eau s'évacue difficilement. Le couloir d'alimentation est inondé à chaque averse. « On pousse l'eau avec une botte de paille carrée. » Le foin dans les cornadis se mouille et pourri. L'éleveur a protégé son robot de traite à l'aide d'une bâche mais il craint que l'humidité n'endommage l'appareil. « C'est le bordel » dit-il exaspéré.
David Groisne attend désormais la visite de l'expert pour entamer les travaux de rénovation. « On mettra du baccacier partout mais pour faire entrer la lumière, il faudra installer des dômes lumineux qui sont coûteux. »
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Les cultures ravagent, les éleveurs sans solution
Près d'Olliergues, au Gaec de la Bergeronnette, les éleveurs ont été quelque peu épargnés. « Nous étions sur les bords de l'orage » explique Franck Tixier. Les toitures de la stabulation, du bâtiment des génisses et de la laiterie sont malgré tout criblées de trous. Les éleveurs sont parvenus à limiter les dégâts dans le laboratoire de transformation et les caves d'affinage, en intervenant de suite. « La priorité était de protéger les circuits électriques pour ne pas tomber en panne. Les caves d'affinage sont pleines de fromages, à la veille de la période estivale. » Le charpentier est intervenu rapidement, bouchant autant que possible les trous. Les éleveurs et leurs animaux n'ont pas à souffrir des infiltrations. Déjà touché par un orage similaire il y a un an, sur la commune de Marat, Franck Tixier sait que le remplacement des toitures sera long. « Notre bâtiment de stockage endommagé en 2024, ne va être réparé qu'au mois de juillet. »
Du côté des cultures, le Gaec a perdu 7 hectares d'orge, détruit à 90%. « Les épis ont été coupés. Les plantes font 20 cm de haut et sont en train de pourrir. Il n'y a plus rien à en sortir, à part les enfouir rapidement pour ressemer du maïs derrière. » Le grain destiné à l'alimentation des vaches laitières va manquer aux éleveurs. Pour l'instant, Franck Tixier et ses associés n'ont pas de solutions pour combler cette carence. « On verra en fonction des cours et des récoltes, d'ici l'automne. On ne peut pas compenser ni par le triticale, ni le blé produit sur la ferme. »
Dans les prés de fauche, Franck Tixier estime les pertes à hauteur de 50%. « On va quand même essayer de récolter en foin. » Au moment de l'orage, les animaux étaient rentrés, la traite sur le point de se terminer. Seules quelques génisses de 18 mois étaient encore en extérieur. « Elles se sont abritées sous les arbres. Il n'y a pas de bobo. » Le tracteur resté dans la cour de la ferme a fait les frais de ce déluge : « la grêle a tombé les deux rétros et un clignotant, tordu une aile et cassé le pot d'échappement ».
Plusieurs semaines seront nécessaires pour évaluer l'entièreté des dégâts sur ce secteur.