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Agriculture - Faim dans le monde : « Adopter un néoprotectionnisme africain »

Kako Nubukpo, économiste et homme politique estime que l’Afrique peut devenir « la puissance agricole du monde ».

Kako Nubukpo, commissaire chargé du département de l'agriculture, des ressources en eau et de l'environnement de l'Union économique et monétaire ouest-africaine.
© Kako Nubukpo

Afin de développer économiquement l’Afrique et son agriculture, « il faut adopter un néoprotectionnisme africain », estime Kako Nubukpo, économiste, ancien ministre togolais et actuellement commissaire chargé du département de l’agriculture, des ressources en eau et de l’environnement de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), lors d’une interview sur France 24 le 1er novembre. L’occasion pour lui de présenter son dernier livre publié le 12 octobre 2022, intitulé « Une solution pour l’Afrique – Du néoprotectionnisme aux biens communs ».

Hausse préconisée des tarifs douaniers sur le continent africain

Le développement agricole de l’Afrique passe donc par la hausse des tarifs douaniers, puisque « le continent africain est le moins protégé au monde », indique l’économiste. Il prône ainsi la mise à niveau des prix des denrées alimentaires importées aux prix de celles produites localement, afin de freiner le recours à l’importation. Il rappelle que lorsqu’un agriculteur états-unien ou sénégalais travaille chacun une heure, le premier produit 400 fois plus que le second, sans avoir des coûts de production 400 fois plus élevés. « Ce ne serait pas un problème si les facteurs "capital" et "travail" étaient totalement mobiles. Si on nous autorisait à migrer, le modèle néolibéral pourrait être ajusté. Mais ce n’est pas le cas », déplore Kako Nubukpo.

L’économiste alerte sur le fait que bien trop souvent, seule la matière première est exploitée en Afrique, sans transformation sur place. Par conséquent, « la croissance du PIB chez nous ne signifie pas grand-chose, car nous n’avons pas les créations d’emplois qui devraient aller avec ».

Sans oublier les barrières non tarifaires

Autre mesure : la mise en place de barrières non tarifaires. « Parmi ce que nous importons, beaucoup de produits ne sont pas toujours très sains […] Or, l’Afrique rend des services écosystémiques. Il faut nous protéger contre l’extraction non maîtrisée de nos terres, de nos eaux, de notre écosystème […] Nous subissons beaucoup de pollution et nous constituons une sorte de dépotoir pour le reste du monde », dénonce Kako Nubukpo. Il rappelle que le continent comprend 650 millions d’hectares de terres arables non exploitées. Ce qui lui fait dire que « l’Afrique peut être la puissance agricole du monde : Nous pouvons nous nourrir et nourrir les autres. »

Le Commissaire conteste les accusations de mise en place d’une certaine autarcie de l’Afrique : « Nous voulons simplement atteindre la capacité à créer de l’activité chez nous et à commercer avec le monde une fois que nous aurons des filières compétitives. Le dialogue doit être permanent. »

 

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