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Dépérissement de la vigne : les dernières avancées

Le PNDV Tour, ou tour sur le plan national dépérissement du vignoble, a battu son plein dans les régions fin octobre. En voici les principaux enseignements.

La détection visuelle du court-noué n’est pas chose aisée. Selon Coralie Dewasme, chercheuse à Bordeaux science agro, « seule la panachure est un symptôme fiable ».
La détection visuelle du court-noué n’est pas chose aisée. Selon Coralie Dewasme, chercheuse à Bordeaux sciences agro, « seule la panachure est un symptôme fiable ».
© Inra

À la taille, laissez des chicots

À Latresne, en Gironde, la matinée a débuté par des ateliers sur la taille respectueuse et l’importance des chicots. Marie-Charlotte Michaud, de la chambre d’agriculture, a ainsi insisté sur l’importance du flux de sève. Elle a également rappelé qu’« il faut tailler sur le bois de l’année, en coupant dans le diaphragme, et en laissant un cône de dessèchement à l’extérieur de la souche, sur le bois de deux ans et plus ».

De son côté, Laurence Geny-Denis, de l’ISVV, a insisté sur l’importance des chicots. « Contrairement à ce que l’on entend dire, la taille du cône de dessiccation (ou cicatrice interne d’une plaie de taille) n’a aucune corrélation avec la taille du chicot » a-t-elle souligné. Le chicot bouche le bois, et empêche les pathogènes de pénétrer dans la souche. Il est à différencier du cot (ou courson) et à laisser au lieu de tailler à ras.

Laurence Geny-Denis recommande également de systématiquement prévoir un cot de retour sur chaque bras, qui doit être situé sous la latte et avoir le premier œil placé en dessous. Et d’éviter les plaies contiguës qui provoquent un dessèchement du bois entre les deux plaies et augmentent la taille du cône. Les plaies de taille sont à faire toutes du même côté.

Attention à bien détecter le court-noué

La détection visuelle du court-noué n’est pas chose aisée. C’est ce qu’a expliqué Coralie Dewasme, chercheuse à Bordeaux sciences agro. Dans le cadre du programme Coupré, une comparaison entre présence de symptômes visuels et présence du virus a en effet été menée. Et le résultat est sans appel : « À Bordeaux, 30 % des cabernets qui ne présentent pas de symptômes visuels sont virosés », a-t-elle alerté. Un chiffre moindre sur merlot, mais qui permet de douter de la fiabilité de la prospection visuelle. « Seule la panachure est un symptôme fiable », poursuit-elle.

Les chercheurs ont également établi que dès lors que le pied est touché, et quels que soient ses symptômes, la baisse de rendement (de 50 à 80 %) est malheureusement au rendez-vous.

Face à cette difficulté, les chercheurs ont développé un test rapide de détection, couplant l’électrochimie aux nanobodies. Un broyat de feuille est mis en contact avec une électrode portant l’anticorps. En 20 minutes (contre 2 jours pour un test Elisa), il est possible de savoir si le courant augmente, auquel cas, le virus est présent. « Ce test fonctionne parfaitement au laboratoire », s’est réjoui Coralie Dewasme. Mais son développement terrain se heurte à un coût trop important et à une robustesse insuffisante.

Repos du sol et les plantes nématicides contre le court-noué

À dire d’experts, en 2005, on estimait que les deux tiers du vignoble français étaient atteints de court-noué, avec un tiers très touché. La lutte contre les nématodes est donc indispensable. Si le repos et le travail du sol post-arrachage sont toujours préconisés, il est également intéressant de semer des plantes nématicides entre deux plantations de vigne. « Les espèces les plus efficaces contre Xiphinema index, le principal vecteur, sont l’avoine, la luzerne et la vesce velue, en semis de printemps ou d’automne, seules ou mélangées », témoigne Coralie Dewasme. En semis d’été, le lupin blanc et la tagète minuta sont également efficaces. Les tests de granulés de sainfoin sont toujours en cours.

À l’inverse, le sarrasin, la phacélie ou encore l’orge favorisent la multiplication des nématodes. Attention donc à ne pas opter pour ces variétés, même en engrais verts, dans les parcelles contaminées par le virus.

Flavescence dorée : gare aux repousses de porte-greffes

Les repousses de porte-greffes sont un vrai réservoir à Scaphoideus titanus et à flavescence dorée, le premier pouvant ensuite migrer sur les vignes cultivées situées jusqu’à 300 m de là. C’est ce que les travaux de l’Inrae ont en effet mis en évidence.

Or la majeure partie de ces repousses se situe chez des particuliers. Le Gdon de la Gironde souhaite donc sensibiliser les habitants en proximité des gros foyers afin de lutter de manière plus efficace contre cette maladie. Un programme de neuf ans sur cette thématique vient de débuter.

Grenache, une surmortalité entre 20 et 30 ans

« Nous nous sommes aperçus qu’à l’inverse du cabernet sauvignon, le grenache a beau exprimer peu de symptômes d'esca/BDA, quand il y en a, il y a une forte probabilité que le rameau meure, a indiqué Marion Claverie, ingénieure-œnologue à l’IFV, lors de la journée à Châteauneuf-de-Gadagne, dans le Vaucluse. Nous voudrions donc confirmer cela sur davantage de parcelles et découvrir pourquoi il y a une telle différence de comportement (est-ce dû une même cause qui s’exprime différemment selon le cépage ou y a-t-il une cause différente ?). Par ailleurs, sur la tranche 20-30 ans, nous avons des taux de mortalité particulièrement élevés. Le but est de comprendre pourquoi. » L’IFV va donc suivre un réseau de 100 parcelles, sur trois secteurs géographiques distincts. Et va tester la réaction du cépage au curetage, au recépage et à la taille respectueuse du flux de sève adaptée au cordon. Parallèlement à cela, des recherches seront menées sur le porte-greffe 110 R, pour comprendre les raisons de la surmortalité dont les pépiniéristes se plaignent dans les vignes-mères.

Decisol, un outil pratique pour l’entretien du sol

La chambre d’agriculture de la Gironde a profité de la journée pour présenter son nouveau guide de gestion du sol. Il permet, soit sur papier soit via une application mobile, de définir un itinéraire d’entretien du sol collant aux problématiques du domaine. Ainsi, si votre objectif est d’améliorer la fertilité biologique de vos sols, Decisol vous proposera de limiter les phénomènes de dégradation, d’équilibrer le pH ou de travailler sur l’état organique.

Pour chaque choix, Decisol suggère ensuite différentes opérations. Pour l’état organique des sols, par exemple, vous pourrez opter pour des restitutions (sarments, marc, engrais vert, enherbement naturel) ou pour des apports d’engrais ou amendements. Dans le cas des restitutions, une fiche technique vous détaillera les apports de chacune de ces quatre techniques. Dans le second cas, une fiche vous apportera les avantages et inconvénients des amendements et des engrais. Vous trouverez également dans ce fascicule, ou dans cette application, la liste des espèces les plus intéressantes en engrais vert, les matériels à employer, etc.

Sécheresse ne rime pas avec esca

Contrairement à ce que l’on semble observer sur le terrain, les vignes n’exprimeraient pas de symptômes d’esca en période de sécheresse. C’est du moins le dernier résultat de recherches menées par l’Inrae, Bordeaux Sciences Agro, l’université de Bordeaux et l’IFV. Durant deux ans, les chercheurs ont suivi l’apparition des symptômes de l’esca en conditions contrôlées (vignes en pots) et analysé l’état physiologique des plantes, dont la moitié était en condition de sécheresse.

« Aucun pied de vigne en condition de sécheresse, d’une intensité modérée à sévère, n’a montré de symptômes de l’esca sur les feuilles, témoignent les chercheurs. La sécheresse a inhibé la maladie au cours de chacune des deux saisons étudiées. » Ces derniers avancent plusieurs hypothèses : « le manque d’eau causé par la sécheresse pourrait directement inhiber l’activité des champignons parasites, ou la sécheresse pourrait aussi avoir des effets sur les réponses de défense de la plante. Une autre hypothèse serait que la forte réduction du transport d’eau dans la plante causée par la sécheresse supprimerait également le transport de molécules toxiques produites par les champignons ». Affaire à suivre.

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