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Emballage recyclable : comment Solarenn adapte sa station à la loi Agec

En quelques années, Solarenn aura investi plus de deux millions d’euros sur sa station de conditionnement, notamment pour le passage à la barquette 100 % recyclable. Une obligation de la loi Agec qui améliore aussi les performances de la station et les conditions de travail.

À Solarenn, qui regroupe trente producteurs pour 30 000 tonnes de tomates commercialisées, 25 % des volumes sont reconditionnés sur la station de Saint-Armel, près de Rennes. « Dès 2019, pour accompagner le développement des petits fruits et répondre à la loi Agec qui imposera au 1er janvier 2024 de n’utiliser que des emballages recyclables, la coopérative a fait le choix de passer toute sa gamme en barquette 100 % carton », indique Christophe Rousse, président de Solarenn.

6 000 barquettes 100% carton formée par heure

150 000 € ont d’abord été investis dans des formeuses Boix qui permettent de former 6 000 barquettes carton à l’heure, soit 12-15 millions de barquettes par an. « La coopérative a ensuite réfléchi à la meilleure façon d’intégrer la loi Agec sans trop perturber le fonctionnement de la station et en limitant l’investissement, explique Pascal Théraud, responsable de la station. Nous avons prospecté différents fournisseurs et choisi au final d’investir 500 000 € dans des machines Etpack de pose de coiffe sur les barquettes carton. Ce choix permettait de garder les mêmes barquettes et donc nos formeuses de barquettes et de ne pas trop modifier les lignes. »

Les machines ont été insérées dans les lignes de conditionnement existantes. « Il fallait une solution agile qui permette d’insérer ces machines dans les lignes, tout en gardant la possibilité de continuer l’emballage flow-pack sur les mêmes lignes, car certains clients n’ont pas encore basculé au 100 % carton, précise le responsable de la station. Il fallait aussi que la pose de coiffe soit aussi rapide que le flow-pack. Et cela sans dégrader, voire en améliorant les conditions de travail. » Car en effet, l’impact sur les conditions de travail des opérateurs est un critère essentiel dans les choix d’investissement. « La station emploie beaucoup de saisonniers, précise Christophe Rousse. Améliorer les conditions de travail permet de fidéliser du personnel qui revient d’une saison à l’autre et est donc plus rapidement performant. »

Être prêts pour le 1er janvier 2024

100 000 € ont aussi été investis pour le conditionnement en barquettes des tomates anciennes, avec une machine Sormaf de formage de barquettes demi-rabats. « Depuis la crise Covid-19, la demande en tomates anciennes porte de plus en plus sur de la barquette » constate Pascal Théraud. En 2022, Solarenn a encore investi 200 000 € pour sa ligne de tomates anciennes, avec des machines Zetapack qui permettent d’ajuster au mieux le remplissage des barquettes. Et la coopérative est actuellement en réflexion sur ses autres produits, notamment la barquette de tomates de 1 kg.

« Actuellement, ces barquettes sont emballées sous flow-pack, précise Pascal Théraud. Mais au 1er janvier 2024, l’ensemble de l’emballage devra être recyclable. Une solution serait l’utilisation de films en cellulose, mais ce film est deux à trois fois plus cher que le film polypropylène. » La coopérative est en veille technologique et devrait prendre sa décision en septembre-octobre. « Nous sommes très indécis face au décret d’application de la loi Agec, publié en juin, analyse Christophe Rousse. La Commission européenne doit se positionner en fin d’année et nous ne savons pas si le règlement européen correspondra au décret d’application français. Dans le doute, nous allons probablement investir à nouveau 500 000 € pour continuer la transformation de nos lignes et être en totale adéquation avec la loi Agec. »

Davantage d’espace de stockage

Au final, près de 1,50 M€ auront été investis dans du matériel pour répondre à la loi Agec. S’y ajoutent les surcoûts liés au stockage et à la gestion des emballages carton. « Une palette de 30 000 coiffes permet de réaliser 37 palettes de produits finis, calcule Pascal Théraud. En comparaison, une palette de 35 bobines de film polypropylène permet d’en réaliser 210. Le conditionnement avec pose de coiffe nécessite donc six fois plus de place de stockage des emballages que le système flow-pack»

Pour l’instant, le choix a été de faire appel à du stockage externe ou chez les fournisseurs, mais qui entraîne des coûts supplémentaires. « Nous travaillons aussi davantage en juste-à-temps, ce qui nécessite une attention de tous les instants, le marché pouvant être assez variable d’une année à l’autre, ajoute Pascal Théraud. Nous avons dû renforcer nos équipes pour la gestion des emballages. »

Robotisation de la fin de ligne

La coopérative a aussi investi récemment dans la sécurisation du site, une obligation dans le cadre de la certification IFS (portails, interphones, codes, tourniquets…). Un investissement qui lui a permis d’obtenir une note IFS supérieure à 90 %. Enfin, pour encore améliorer les conditions de travail, la coopérative réfléchit à la robotisation de la fin de ligne. « La priorité toutefois est pour l’instant le respect de la loi Agec, précise Christophe Rousse. Comme nous avons été assez précurseurs au niveau de l’emballage 100 % carton, cela nous a ouvert des portes, notamment avec le “sans” pesticides. Et nous avons aujourd’hui du matériel performant : tous nos équipements ont moins de dix ans ! Les investissements nécessaires et le surcoût lié au prix de la matière première et à la gestion des stocks augmentent par contre le coût de production, sans réelle valorisation. Et il y a aussi le manque de visibilité du produit et une gestion des stocks d’emballages plus coûteuse et délicate. »

Réduire le coût de l’énergie

Une autre préoccupation majeure pour Solarenn est aujourd’hui l’énergie. En 2021, la station a ainsi investi 700 000 € dans un nouveau groupe froid. « Les nouvelles normes en matière de fluide frigorifique nous obligeaient à terme à changer notre groupe froid, explique Pascal Théraud. Mais ce nouveau groupe a aussi permis de réduire notre consommation électrique de 5 % et d’avoir un meilleur contrôle de la température, de l’hygrométrie et un froid de meilleure qualité. » De plus, l’installation de quatre trackers solaires en 2022 a été un autre investissement, afin de couvrir l’ensemble de la consommation hivernale de la station et 15-20 % de sa consommation estivale. La coopérative, qui prévoit d’agrandir ses parkings, réfléchit aussi à les couvrir de panneaux photovoltaïques. Et elle envisage de blanchir la toiture pour réfléchir le rayonnement solaire et ainsi limiter la consommation d’électricité pour le maintien au froid des entrepôts.

Chiffres-clés

25-30 000 t de tomates (40 % grappe, 30 % petits fruits, 30 % anciennes)

200 t de fraises

2001 : création de la station

1,3 ha de bâtiments sur un site de 6 ha + 500 m² de stockage des emballages

8 lignes de conditionnement (5 lignes petits fruits, 2 lignes tomates gourmandes, 1 ligne cocktail)

450-500 commandes par semaine en été

45 permanents et jusqu’à 50 saisonniers

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