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Quelle barre de coupe pour valoriser le débit des grosses moissonneuses-batteuses ?

Télescopique à vis, à tapis flexible ou articulée… l’offre en barres de coupe de grande largeur s’étoffe pour répondre aux besoins des moissonneuses-batteuses à haut rendement, avec à la clé des gains de performance et de polyvalence. Mais ces améliorations ont un coût.

À l’heure où les moissonneuses-batteuses les plus performantes atteignent des débits de 100 tonnes à l’heure en céréales, le choix de la barre de coupe est crucial pour garantir leur alimentation. Premier critère : opter pour la plus grande largeur compatible avec les conditions de travail. La performance d’une machine est encore trop souvent jugée par sa vitesse d’avancement, alors que la différence se fait sur la largeur et les gains obtenus en réduisant les manœuvres en fourrière. « Rouler à 5 km/h est plus reposant. Cela permet au chauffeur d’anticiper les obstacles ou d’ajuster ses réglages » , observe Paul Vincant, responsable produit chez New Holland. « Le parcellaire, le volume de paille et le rendement des cultures sont autant de facteurs à considérer », rappelle Bertrand Neuville, responsable produit chez Claas.

Les coupes à vis encore très présentes chez Claas

Sur les machines de plus de 600 chevaux, les largeurs de travail atteignent souvent les 12 mètres et culminent à plus de 15 mètres. Pour obtenir de telles envergures, les constructeurs proposent différentes conceptions de barres de coupe. Les modèles traditionnels à vis restent majoritaires, mais les coupes à tapis transversaux, baptisées aussi drapers, gagnent du terrain. « Dans les régions de céréales et colza, la coupe à vis équipée d’un tablier télescopique reste la plus utilisée, y compris sur nos plus grosses Lexion 8000 », confirme Bertrand Neuville. La coupe Vario du constructeur allemand culmine en effet à 13,80 mètres avec six palpeurs pour le suivi de sol. « Le modèle à tapis Convio ne représente que 15 % des ventes de coupes de plus de 10 mètres. Les deux tiers sont des versions Flex à lamier flexible, principalement vendues à des utilisateurs recherchant de la polyvalence pour pouvoir récolter les céréales et les cultures basses comme les pois ou le soja avec le même équipement. »

Case IH et New Holland font appel à MacDon

L’approche est différente chez CNH dont la barre de coupe à vis et tablier télescopique plafonne à 12,50 mètres. Le groupe a en effet passé un accord avec le spécialiste canadien MacDon pour doter les CR 10 et 11 de New Holland, ainsi que les Axial-Flow AF 9 et 10 de Case IH d’une barre de coupe à tapis et châssis articulé de 13,70 et 15,50 mètres. Baptisée FD2, cette plateforme se décline dans cinq autres largeurs de 7,60 à 12,50 mètres disponibles sur les plus petites CR de New Holland et les Case IH Axial-Flow 260.

L’attrait pour les coupes à tapis s’observe aussi chez John Deere. « Le modèle HDX à châssis articulé a été spécialement développé pour absorber de gros volumes de paille avec des tapis de 1,20 mètre de large. C’est 20 centimètres de plus que ceux des HDR et HDF qui ne sont pas commercialisés en Europe, indique Pascal Pelaud, spécialiste récolte chez John Deere. Quelques clients de X9 seraient toutefois intéressés par une HDF en 15,30 mètres, car ce modèle a l’avantage de combiner châssis articulé et tablier flexible. »

Deux offres de coupe à tapis chez John Deere

Déclinée en trois largeurs de 10,70 à 13,70 mètres, la coupe HDX équipe la plupart des X9, mais peut aussi se monter sur les modèles S7. Ces dernières sont majoritairement dotées de la barre de coupe à vis et tablier télescopique XA (6,70 à 12,20 m). Ces machines peuvent aussi recevoir le draper à tablier flexible RDF, remplaçant des 700 FD, proposé en trois largeurs de 9,15 à 12,20 m.

Du côté d’Agco, les moissonneuses-batteuses Ideal de Fendt et Massey Ferguson conservent les plateformes PowerFlow à vis disposant d’un tablier recouvert de petits tapis longitudinaux. Leur largeur culmine à 12,20 mètres. Le groupe Agco a passé un accord avec Geringhoff pour la fourniture de coupes à tapis articulées et flexibles (10,65 à 13,70 mètres), mais leur distribution reste pour l’instant marginale en France. Certains concessionnaires Fendt et Massey Ferguson préfèrent se tourner vers MacDon.

10 à 25 % de débit en plus avec les tapis

Au-delà de l’argument d’un meilleur suivi de sol, les plateformes drapers s’illustrent par leur alimentation plus régulière, grâce à la combinaison des tapis transversaux et du tapis central. La culture est acheminée vers le convoyeur, les épis en premier. « Le flux est régulier, il n’y a plus le phénomène de gerbe, qui se forme habituellement avec une vis », illustre Bertrand Plessis, directeur d’Oria Agriculture, qui importe la marque Honey Bee. Les constructeurs avancent ainsi des gains de débit de 10 à 25 % selon les cultures, par rapport aux coupes à vis. « Nous proposons à nos clients qui passent à la coupe à tapis sans changer de machine, d’augmenter la largeur d’au moins 10 %, indique Bertrand Plessis. J’ai plusieurs exemples d’agriculteurs qui ont conservé la même vitesse d’avancement en passant de 9 à 10,40 mètres. »

Plus de 10 000 euros du mètre

Les coupes drapers brillent par leur polyvalence. Même si les modèles à tablier télescopique se montrent déjà très efficaces dans ce domaine, le transport par tapis limite encore davantage les pertes avec les cultures fragiles. Elles font surtout la différence dans les cultures basses (pois, soja, etc.) ou versées, à condition qu’elles intègrent un tablier flexible et/ou un châssis articulé. Elles peuvent ainsi remplacer deux équipements de récolte à vis : la coupe à tablier télescopique et celle à tablier flexible. Un argument bienvenu compte tenu du surcoût important qu’elles imposent. Claas annonce par exemple un différentiel tarifaire de 15 à 35 % entre sa coupe Vario et ses Convio ou Convio Flex. Chez New Holland, un modèle MacDon est 25 % plus cher qu’une coupe Varifeed de même largeur. John Deere affiche aussi des écarts importants : 20 % de plus pour passer d’une XA à une RDF et encore 15 à 20 % supplémentaires pour la HDX. « Actuellement, le prix d’une coupe à tapis flexible ou articulée dépasse les 10 000 euros du mètre », indique Bertrand Plessis.

Un rôle central pour le rabatteur

Exigeantes au niveau de l’investissement, les plateformes à tapis le sont également en termes d’entretien et de réglages. « Le bon vieillissement des tapis est conditionné par un contrôle régulier de leur tension. Il faut penser à évacuer la matière qui peut s’y accumuler. Sur les modèles flexibles, il est nécessaire d’inspecter l’usure des patins en Teflon et de vérifier la mobilité des éléments du tablier », illustre Bertrand Neuville. La prise en main d’une coupe à tapis ne s’improvise pas. « Il faut oublier les habitudes prises avec un modèle à vis. Le rabatteur est plus actif pour faire monter la culture sur les tapis : il est positionné assez bas et tourne plus vite », avertit Bertrand Plessis. Attention également à l’ajustement de la vitesse des tapis.

Tracteur suiveur sur la route

Selon le Code de la route, la longueur d’un attelage ne peut pas dépasser 18,75 mètres. Cette valeur est tout juste respectée par une moissonneuse-batteuse tractant sa coupe de 12 mètres. Les modèles plus larges sont donc obligatoirement attelés à un tracteur. En conséquence, New Holland n’offre pas la possibilité d’équiper sa CR11 d’un crochet d’attelage. La situation devrait encore se durcir avec l’arrivée de chariots de coupe à flèche courte équipés de freinage, incompatibles avec un attelage sur la moissonneuse-batteuse.

Pneus larges ou chenilles absorbent le surpoids

<em class="placeholder">Moissonneuse-batteuse Claas Lexion 6900 Terra Trac</em>
Les chenilles sont la solution idéale pour améliorer la stabilité des coupes de grande largeur, tout en limitant le tassement. Elles permettent également de respecter un gabarit routier de 3,50 m. © Claas
Les coupes larges alourdissent l’essieu avant des moissonneuses-batteuses. Afin de réduire les risques de tassement et d’éviter le tangage lorsque la coupe est relevée, il est conseillé de les équiper de pneumatiques larges, en 800 ou 900 mm. Les gros modèles de dernière génération acceptent des roues de grand diamètre (jusqu’à 2,32 mètres sur la CR11). Toutefois, ceux qui souhaitent conserver un gabarit routier sous les 3,50 mètres n’ont d’autre choix que les chenilles. « 85 % des Lexion 8000 sont vendues en Terra Trac », indique Bertrand Neuville.

Les différences de poids sont notables selon la conception des barres de coupe. Chez New Holland, un modèle à vis et tablier télescopique Varifeed de 12,50 mètres pèse 4 315 kg, une valeur similaire à celle de la MacDon FD 241 articulée à tapis, en comptant le poids d’une tonne de son module de suivi de sol relié au convoyeur. Chez Claas, une coupe à tapis flexible Convio Flex de 10,80 mètres pèse 300 kg de plus qu’une Vario à vis et tablier télescopique. Dans l’offre John Deere, pour une largeur de 12,20 mètres, la coupe flexible à tapis RDF est 700 kg plus légère que celle à vis et tablier télescopique XA. Avec son châssis articulé, la coupe à tapis HDX accuse 1,2 tonne de plus que la RDF.

Différencier les coupes flexibles des modèles articulés

Le suivi de sol des plateformes de récolte à tapis de grande largeur peut s’opérer de deux façons en utilisant un tablier flexible ou articulé en trois éléments.

En grandes largeurs, la polyvalence des coupes à tapis draper ne se valorise pleinement qu’avec un dispositif de suivi de sol efficace. Pour ce faire, les constructeurs ont développé des modèles dont le tablier et le lamier flexibles se déforment au contact du sol par l’intermédiaire de patins. Aux côtés de Claas et John Deere, le canadien Honey Bee en est le spécialiste. L’italien Dominoni est récemment arrivé sur ce créneau avec son importateur français Zardo qui commercialise en parallèle les coupes brésiliennes GTS. Exceptées dans les zones versées, ces coupes flexibles sont rigidifiées pour récolter les céréales ou le colza, afin de limiter l’usure et la consommation de carburant. Dans ce cas, elles perdent leur capacité à suivre les reliefs du sol. Le débattement (une vingtaine de centimètres) du lamier en mode flexible aura de toute façon du mal à compenser d’importantes dénivellations du sol sur de grandes largeurs.

Plus de débattement avec le châssis articulé

D’où la seconde stratégie employée par MacDon, John Deere et Geringhoff, qui consiste à utiliser un châssis de coupe articulé. Le lamier est ainsi découpé en trois éléments : un central et deux ailes au débattement vertical positif et négatif. Chacun dispose de roues de jauge, assurant un suivi précis du sol, quelle que soit la hauteur de travail. Geringhoff va même plus loin en proposant une version combinant châssis articulé et tablier flexible. Une combinaison que l’on retrouve aussi chez John Deere, mais qui n’est pas commercialisée en Europe. Les modèles articulés les plus larges disposent par ailleurs d’un rabatteur en trois parties pour suivre au plus près les segments du tablier.

Entraînement mécanique ou à l’hydraulique

Que la coupe soit flexible ou articulée, les constructeurs se distinguent aussi par leurs choix techniques. Outre le dimensionnement des tapis, des différences s’observent dans les systèmes d’entraînement et les réglages. Certains privilégient la simplicité d’utilisation et de maintenance en conservant de nombreux éléments mécaniques, quand d’autres favorisent la précision et le confort en multipliant les composants hydrauliques. On peut noter, par ailleurs, les nombreux automatismes (vitesse des tapis et du rabatteur) de la Convio Flex de Claas ou le réglage pneumatique de la flexion spécifique à Honey Bee. La Flexer XS se démarque quant à elle avec son châssis entièrement en aluminium. La FD2 de MacDon s’illustre par son interface de suspension mécanique qui la sépare du convoyeur. John Deere pilote hydrauliquement la position des éléments latéraux de sa coupe HDX. Ceux-ci peuvent être relevés en cas d’obstacle ou lors des manœuvres. Réservé aux TruFlex de Geringhoff, le dispositif IAS pulse de l’air sous pression derrière le lamier, afin de diriger vers les tapis les petites graines comme le colza, qui ont tendance à rebondir.

Michel Portier

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