Nutrition animale : comment éviter les surcoûts liés à la contamination aux salmonelles dans les silos portuaires ?
Quelque 64 centimes d’euro par tonne de tourteau de soja : voici le coût de la maîtrise des contaminations en entérobactéries, notamment les salmonelles, dans les installations de stockage portuaire grâce à l’installation d’une flore de barrière limitant les recontaminations.
Quelque 64 centimes d’euro par tonne de tourteau de soja : voici le coût de la maîtrise des contaminations en entérobactéries, notamment les salmonelles, dans les installations de stockage portuaire grâce à l’installation d’une flore de barrière limitant les recontaminations.

La France importe plus de 3 Mt de tourteaux de soja chaque année. Les contrôles révèlent parfois des contaminations à salmonelles. Même rares, elles impactent fortement les importateurs.
La contamination de lots par les salmonelles coûte cher aux importateurs
Ainsi, pour un lot de tourteau de soja de 3,6 M€ (soit 9 000 t, correspondant à une case d’un stockage portuaire, à 400 €/t), la destruction totale du lot représenterait une perte totale de 8,5 M€. L’importateur doit en effet trouver un volume de substitution pour honorer ses contrats au prix spot (forcément plus cher). Il perd donc les 3,6 M€ de marchandise, plus le surcoût du nouveau lot.
Il doit aussi assurer la destruction du lot contaminé (transport spécifique sous surveillance sanitaire et incinération autour de 500 €/t). Quand cette dernière est possible soit dans des installations fixes (ports néerlandais ou Barcelone) soit dans des installations mobiles (SalmoTruck en France), la décontamination pèse moins : aux environs de 20 % de cette perte, ce qui comprend le coût direct de la décontamination (120 à 150 €/t de traitement par acidification comme dans le système mobile SalmoTruck), le surcoût de la substitution en urgence par un lot acheté en spot et le coût financier de l’immobilisation du lot.
La sécurisation des silos portuaires s'impose pour éviter toute recontamination
Ces importants surcoûts démontrent tout l’intérêt de réduire les risques sanitaires en sécurisant les bâtiments de stockage. « C’est la question des recontaminations possibles durant le stockage dans nos bâtiments qui nous a incité en tant qu’opérateur portuaire de manutention et de stockage de vracs secs, à tester un nouveau protocole », confirme Jean-Baptiste Leménager, responsable d’exploitation de Sea Invest à Montoir-de-Bretagne.
Il suffit de deux pulvérisations complémentaires pour supprimer le risque lié aux entérobactéries.
Pour valider cette prévention, il a conduit en 2024 un test en grandeur nature avec Vitalac Biotech (fournisseur d’acidifiants et de flore de barrière) sans perturber l’exploitation normale d’un bâtiment. Une case de 1 500 m2 au sol et 1000 m2 de parois verticales, d’une capacité de 9 000 t de tourteau de soja, a donc, durant 5 rotations, bénéficié d’un protocole complétant ses opérations habituelles de dépoussiérage (raclage, soufflage, balayage puis aspiration) puis de désinfection (avec une solution hydroalcoolique) par deux nouvelles opérations. Il s'agit de la pulvérisation d’un mélange d’acides organiques aux effets connus contre les entérobactéries (mélange d’acides formique, propionique, acétique et de tensio-actifs), suivie d'une deuxième pulvérisation assurant la colonisation des surfaces (et des recoins) par une flore de barrière composée de lactobacilles. « Cette flore est issue de l’industrie fromagère et donc sans aucun danger pour la chaîne alimentaire. Elle va s’installer là où d’éventuelles salmonelles auraient trouvé de bonnes conditions de vie et les empêche donc de recontaminer les lieux et les matières premières qui y seront stockées ensuite », explique Christophe Michaut, market manager acidifiant et aquaculture de Vitalac Biotech, qui a conduit le test pour sa société.
Quel que soit le nombre d’entérobactéries dans les prélèvements avant traitement, ce dernier abaisse cette valeur sous les seuils de détection du laboratoire. Quant aux deux apparitions de salmonelles (salmonella poona et salmonella Rissen) identifiées avant traitement durant ces 5 rotations, elles sont réglées par le traitement. Son coût de revient s’établit à 0,24 €/t dans les conditions du test. « La seule limite technique à la généralisation de ce protocole est son automatisation car l’équipe impliquée dans le test a tout réalisé manuellement. Se pose aussi la question de l’acceptation de ce surcoût, modique, par la profession », conclut Jean-Baptiste Leménager.