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« Nous prévoyons de construire à travers le monde une quinzaine de fermes verticales d’ici à 2030 », indique le porte-parole d’Ÿnsect

Avec l’ouverture du site d’Amiens, Ÿnsect sera en capacité, à terme, de produire 220 000 tonnes d’ingrédients par an sur ses six sites de production, à travers le monde.

L'usine Ÿnsect de Dole dans le Jura.
© Yanne Boloh

La Dépêche Le petit meunier : Pouvez-vous nous présenter votre site industriel d’Amiens, qui vient de rentrer en service ?

Ÿnsect : Notre ferme verticale d’Amiens dans la Somme, dont les travaux ont commencé en mars 2020, est maintenant terminée. Pour l’heure, nous nous concentrons sur la croissance de l’élevage d’insectes. La production augmentera progressivement jusqu’à atteindre les 200 000 tonnes d’ingrédients produits par an.

LD-LPM : De combien d’unités de production disposez-vous actuellement à travers le monde ? Quelle en est la capacité de production globale ? Quels sont vos projets de développement à moyen et long terme ?  

Ÿnsect : A ce jour, nous comptons six sites dont quatre de productions :

  • deux en France à Dole et Amiens,
  • un aux Pays-Bas (Ermelo)
  • et un aux Etats-Unis (Nebraska).

Avec le démarrage de notre ferme d’Amiens, nous serons en capacité, à terme, de produire 220 000 tonnes d’ingrédients par an sur l’ensemble de nos sites de production.

D’ici quelques années, nous aurons encore avancé en termes d’acceptabilité par l’homme des insectes dans l’alimentation et aurons réussi à développer nos marchés dans ce secteur, toujours sur nos piliers santé et performance. Enfin, nous aurons certainement développé notre présence sur le continent américain, mais aussi notre présence dans d’autres pays.

En termes d’objectif, nous prévoyons de construire à travers le monde une quinzaine de fermes verticales d’ici à 2030 pour répondre à la demande croissante en protéines tout en répondant aux enjeux actuels : préserver la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique.

LD-LPM : Vous venez de signer un protocole d’accord pour développer une unité industrielle sur l’un des sites du meunier américain Ardent Mills. Aux Etats-Unis, quels sont les insectes autorisés en alimentations humaine et animale ? Qu’en est-il de l’autorisation des concentrés protéique et huiles tant attendue en Amérique du Nord ? 

Ÿnsect : Aux Etats-Unis, c’est la Food and Drug Administration (FDA) qui réglemente et supervise la mise sur le marché des produits alimentaires. La réglementation américaine exige notamment que les aliments et aliments pour animaux soient sains et sûrs et qu’ils aient été fabriqués conformément aux bonnes pratiques d’hygiène.

De plus, les ingrédients ou aliments doivent avoir été autorisés par la FDA, à moins qu’ils aient été « généralement reconnus comme sans danger » (Generally recognized as safe) par un panel d’experts indépendants. Dans le domaine de l’alimentation animale, la FDA travaille main dans la main avec l’Association of American Feed Control Officials (AAFCO) qui publie une liste des ingrédients autorisés et leurs définitions. A ce jour, des définitions ont été publiées pour des ingrédients à base de mouche soldat noire (Hermetia illucens).

LD-LPM : Vous envisagez également de vous développer en Asie. Dans cette zone, quels sont les insectes autorisés en alimentations humaine et animale ? 

Ÿnsect : En Asie, les insectes sont consommés depuis des millénaires. La réglementation quant à leur consommation dépend de chaque pays. Par exemple, en Chine, il est nécessaire d’obtenir une autorisation du Ministère de la Santé pour une mise sur le marché d’ingrédients à base d’insectes à destination de l’alimentation humaine. C’est le même procédé pour l’intégration d’ingrédients à base d’insectes dans l’alimentation animale. Il est possible de trouver dans certains pays des ingrédients à base de criquets, de sauterelles, grillons, vers à soie, etc.

LD-LPM : L’essor du marché des insectes, entiers ou transformés, dépend de la volonté des consommateurs d’en manger directement ou indirectement via la nutrition animale. Avez-vous des données sur le niveau d’acceptabilité des aliments à base d’insectes en alimentations humaine et animales dans le monde, dans l’UE et en France ? 

Ÿnsect : En avril 2022, nous avons réalisé un sondage avec OnePoll auprès de populations des Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Pays-Bas. 96% des participants ayant déjà consommé des insectes ou des protéines d’insectes déclarent avoir aimé ou qu’ils réitéreraient l’expérience. 79% des participants déclarent qu’ils souhaiteraient trouver plus de produits à base d’insectes dans les rayons de leurs magasins. Plus d’un participant sur deux déclarent que les autorités sanitaires devraient inclure les protéines d’insectes dans les recommandations pour une alimentation saine. De plus, nous savons qu’aujourd’hui, environ 2 milliards d’êtres humains consomment des insectes quotidiennement. Toutes ces données permettent de constater qu’un changement est en œuvre en termes d’acceptabilité, de prise de conscience écologique et de l’impact de notre alimentation actuelle.

Dans ce même sondage, nous avons également interrogé les propriétaires d’animaux de compagnie pour savoir s’ils seraient prêts à donner des ingrédients à base d’insectes à leurs animaux. La majorité d’entre eux déclarent être ouvert à cette idée : 83% des répondants américains déclarent par exemple vouloir trouver plus de produits à base d’insectes pour nourrir leurs animaux et notamment les poules de compagnie. En France, c’est un Français sur deux qui se déclarent prêts à les incorporer à l’alimentation de leurs chiens et chats.

LD-LPM : De quoi se compose votre gamme d’offre en alimentation humaine et alimentation animale ? 

Ÿnsect : Pour répondre à la demande du marché de l’alimentation animale et humaine, dans nos fermes verticales, nous produisons aujourd’hui des protéines sous forme de farine et d’huile. En effet, nos protéines ont démontré leurs bénéfices santé et performance sur chacun des marchés qu’elles adressent.

Grâce à notre farine et notre huile, nous adressons le marché de l’alimentation animale. Ces produits ont révélé des propriétés exceptionnelles, notamment chez les poissons d’élevage et les animaux de compagne :

  • -25 % de mortalité dans les élevages de bars et -40% de mortalité des crevettes
  • +34 % des rendements de la truite arc-en-ciel
  • Diminution des maladies de peau chez les chiens
  • Hypoallergénique
  • 86 % de digestibilité pepsique

Rappelons que la Commission européenne a adopté en 2021 la décision d’accepter les ingrédients à base d’insectes dans l’alimentation des porcs et des volailles.

Concernant l’alimentation animale, depuis janvier 2021, la consommation d’insectes – en tant que solution durable et riche en nutriments – s’accélère grâce à l’évaluation positive de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) pour la consommation du scarabée Molitor par l’homme. En juillet 2022, Ÿnsect a reçu un nouveau feu vert de l’EFSA pour l’intégration dans l’alimentation humaine d’ingrédients issus de son scarabée Buffalo. Ce feu vert doit prochainement être confirmé par la Commission européenne avant d’engager la commercialisation. Cependant, nous commercialisons déjà des ingrédients issus de la culture du scarabée Buffalo dans les pays européens qui l’autorisaient déjà avant la réglementation Novel Food (Allemagne, Pays-Bas, Autriche…). On peut retrouver nos ingrédients dans toute une variété de produits à travers l’Europe : des burgers, des barres de céréales, des boissons ou encore des granolas.

Les protéines d’insectes ont démontré leurs propriétés sur la santé :

  • Jusqu’à 60 % de baisse du cholestérol
  • Sa teneur élevée en protéines (72 %) et sa faible teneur en cendres (2 %) en font un ingrédient premium très digeste, qui peut être utilisé en cas de troubles digestifs.
  • L’Université de Maastricht a démontré que la protéine d’insecte possède autant de bénéfices nutritionnels que la protéine de lait (digestion, absorption et capacité à stimuler la croissance musculaire)
  • L’institut de recherche sanitaire de Tarragone et le département de biochimie ont démontré qu’en comparaison avec la protéine d’amande, la protéine d’insecte permet une consommation moindre pour un apport en énergie égal, sans somnolence ni fatigue.

Une réglementation européenne en pleine évolution

« En juillet 2022, nous avons reçu un avis positif délivré par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) pour l’intégration dans l’alimentation humaine d’ingrédients dérivés du scarabée Buffalo. Nos dossiers déposés pour des ingrédients issus du Tenebrio Molitor sont toujours en cours d’examen par l’Efsa. Toutefois, en janvier 2021, cette dernière a évalué positivement les ingrédients issus du ver de farine pour l’alimentation humaine. Cette annonce nous permet d’être optimistes », indique le porte-parole d’Ynsect.

A ce jour, concernant l’alimentation humaine, seuls les ingrédients obtenus à partir des espèces suivantes ont été autorisés par l’Union européenne : le ver de farine (Tenebrio Molitor), le grillon domestique (Acheta Domesticus), et le grillon migrateur (Locusta Migratoria). En juillet 2022, EFSA a évalué positivement des ingrédients dérivés de scarabée Buffalo (Alphitobius Diaperinus) pour l’alimentation humaine.

En alimentation animale, il faut distinguer la règlementation concernant les protéines de celle concernant les huiles. Alors qu’il n’existe pas de restriction particulière pour l’usage d’huiles animales en alimentation animale, si les farines d’insectes ont toujours été autorisées pour les animaux de compagnie, elles peuvent entrer dans l’alimentation des poissons d’élevage depuis 2017 et dans celle des porcs et des volailles depuis 2021.

Rappelons que France étant membre de l’Union européenne, les textes communautaires s’appliquent nationalement.

 

 

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