Aller au contenu principal

Normes sanitaires : « Les LMR peuvent avoir un impact économique néfaste sur les exportations sud-américaines »

Les exportateurs de grains d’Argentine sont en alerte face au durcissement de la réglementation européenne relatives aux Limites maximales de résidus (LMR). Enquête à Buenos Aires.

 

Armando Casalins, expert de la Fédération argentine des stockeurs de céréales.
Pour Armando Casalins, l’expert de la Fédération argentine des stockeurs de céréales, « avec l’Union européenne, en matière de Limites maximales de résidus (LMR), tout est négociable ».
© Marc-Henri André

Le niveau toujours plus bas des Limites maximales de résidus (LMR) de produits phytosanitaires tolérés par l’Union européenne dans les grains importés de pays tiers met les organismes stockeurs et les exportateurs d’Argentine sur le qui-vive.

Lire aussi : Alimentation animale : le soja non déforestant "mass balance" en passe de devenir la norme en France

« Une carence proche de 0 % de produits pourtant autorisés, ça n’existe pas », lâche en off un cadre de Casafe, l’association argentine des fabricants de produits phytosanitaires. « Nous en sommes rendus à des LMR de 0,01 % appliquées sur presque toutes les molécules. C’est impossible à garantir. On est dans le domaine de l’infime, car ces paramètres sont établis en fonction de la capacité des appareils de détection, sans cesse plus performants… Ce sujet à controverse doit être traité au plus tôt », a-t-il dit au salon Expoagro, tenu à la mi-mars à San Nicolás, arrondissement de la province de Buenos Aires (Argentine).

Eviter le rejet de cargaisons aux portes de l'Union européenne

Lors de ce salon de machinisme agricole a eu lieu une conférence de presse conjointe des quatre présidents des interfilières argentines du blé, du maïs, du tournesol et du soja. Que pensent-ils des LMR européennes : leur semblent-elles abusives ou bien justifiées au niveau de la santé ? Des cargaisons de grains d’origine sud-américain ont-elles été déboutées des ports européens pour ce motif ?

« Oui, par le passé, des envois de grains du Paraguay et du Brésil ont été refoulés aux douanes européennes pour cause de non conformité aux normes liées aux LMR », a répondu Rodolfo Rossi, le président de l’interfilière du soja (ACsoja). Au-delà des critères et des méthodes d’évaluation retenues, la décision d’interdire un produit peut avoir en Amérique du Sud un impact économique néfaste. 

« La filière états-unienne du soja demande actuellement le retrait de deux molécules de la liste des produits limités ou interdits par l’Union européenne. »

« Au Brésil, par exemple, les agriculteurs se sont vus privés - suite à une décision de l’Union européenne relatif aux LMR - de leurs principaux moyens de lutte contre la rouille du soja ! Un report de six mois de la décision avait été obtenu par les Brésiliens, mais il s’agit là d’un cas parmi d’autres », rapporte l’expert. La filière états-unienne du soja demande actuellement le retrait de deux molécules de la liste des produits limités ou interdits par l’Union européenne », poursuit-il.

« Les LMR fixées à un niveau indétectable sont vécues par les professionnels comme une mesure protectionniste non tarifaire. »

Pour le président de l’interfilière argentine du maïs, Federico Zerboni : « ces LMR fixées à un niveau indétectable sont vécues par les professionnels comme une mesure protectionniste non tarifaire. Nous sommes très inquiets vis-à-vis de l’inclusion de nouveaux produits dans la dernière ronde de l’accord de Rotterdam ».

« Le secteur privé, en Argentine, peut vite et facilement s’adapter aux normes de l’Union européenne les plus strictes. »

Armando Casalins, l’expert de la Fédération argentine des stockeurs de céréales, se montre, lui, optimiste. « Le secteur privé, en Argentine, peut vite et facilement s’adapter aux normes de l’Union européenne les plus strictes. En décembre dernier, par exemple, l’utilisation du malathion en maïs a été interdit pour répondre aux exigences du Vietnam. De même pour l’insecticide DDVP. Tout est négociable. Tout est faisable. Il existe d’ailleurs des molécules de substitutions au DDVP, au pirimiphos-méthyl ou au deltaméthrine, comme la phosphine qui s’utilise depuis des décennies en stockage des grains », informe-t-il.

Les plus lus

La main d'une personne avec une poignée de blé au dessus d'un tas de blé.
Récolte 2025 : une bonne qualité des blés français et des exportations tirées par le Maroc

À l’issue de son conseil spécialisée de la rentrée le 17 septembre, FranceAgriMer a présenté la mise à jour de ses…

Philippe Heusele, secrétaire général et Éric Thirouin, président de l'AGPB, lors de la conférence de presse de rentrée le 16 septembre 2025
Prix du blé : les producteurs demandent une revalorisation des prix d’intervention

Lors de la conférence de presse de rentrée de l’AGPB le 16 septembre, les représentants de la profession ont fait part de leur…

Portrait d'Olivier Duvernoy, président de l’Aemic.
« L’Aemic, le réseau des filières céréalières, est aujourd’hui la plateforme de tous les professionnels du secteur des grains »

Olivier Duvernoy, président de l’Aemic, revient sur les évolutions que l’ancienne association des élèves de l’école de…

Antoine Hacard, président de La Coopération agricole - Métiers du grain et Catherine Matt, directrice
La profession céréalière se réjouit de la levée des taxes sur les importations d'engrais états-uniens

L’AGPB et La Coopération agricole – Métiers du grain s’inquiètent de la remontée des prix des engrais depuis le printemps, et…

Champ de maïs, Vexin, septembre 2025
Céréales et oléoprotéagineux bio : regain d’activité pour la rentrée

En ce début septembre, l’activité du marché des grains bio reprend de la vigueur. 

participants à la bourse décentralisée organisée par AgroParisBourse au Casino barrière de Deauville le 12 septembre 2025
Bourse décentralisée de Deauville : incertitudes sur les destinations du blé français

La Bourse décentralisée organisée par AgroParisBourse à Deauville le 12 septembre a réuni 160 participants. Les opérateurs…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne