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Moisson 2025 en Afrique du Nord : malgré la progression de la production de céréales, une hausse des importations à prévoir en 2025-2026

En Algérie, en Égypte, au Maroc et en Tunisie, la production de blé et d’orge devrait progresser de 12 % en 2025-2026. En revanche, la croissance de la population soutient la demande intérieure de céréales, et les importations sont attendues en hausse de 1 % d’un an sur l’autre.

Champ de céréales aux environs de Mateur, Tunisie en avril 2025
Champ de céréales aux environs de Mateur, Tunisie en avril 2025
© Ali Dridi

Selon l’USDA et son dernier rapport WASDE publié le 12 août dernier, la récolte de céréales (blé tendre, blé dur et orge) en Afrique du Nord est prévue à 20,2 Mt pour 2025-2026, rebondissant de 12 % par rapport à la mauvaise récolte de l’an passé et en hausse de 2 % comparativement à la moyenne quinquennale. Si l’on va dans le détail, la production de blé et d’orge progresse dans chacun des quatre pays étudiés.

Un approvisionnement local sans anicroche en Égypte

Dans le pays des pharaons, la récolte de blé en 2025 (qui a eu lieu en avril dernier) est évaluée par l’USDA à 9,3 Mt, soit 1 % de plus qu’en 2024, en ligne avec la moyenne quinquennale. L’attaché en poste au Caire est un peu plus optimiste et l’estime à 10 Mt au 12 août. Selon lui, la modernisation de l’agro-équipement a permis une hausse du rendement. De plus, la collecte locale s’est déroulée sans problème, grâce à la disponibilité des silos et à des prix incitatifs d’achat par le gouvernement en blé, compris entre 277,2 et 290,4 $/t. Au 30 juillet, 3,93 Mt de blé avaient ainsi déjà été collectées, pour un objectif de 4 Mt. Quant à la production d’orge locale, bien que marginale, le dispositif de suivi d’état des cultures en Méditerranée MED-Amin signalait qu’elle avait légèrement plus souffert que le blé, notamment dans le sud du pays.

Les importations égyptiennes de blé sont cependant attendues en hausse

Avec la croissance démographique dans le pays, la bonne récolte 2025 ne parvient tout de même pas à atténuer le besoin d’importation de l’Égypte en blé. Celles-ci sont attendues en hausse de 500 000 t en 2025-2026 par rapport à 2024-2025, à un niveau record de 13 Mt, toujours selon l’USDA. À noter également que les exportations de farine du pays vers le Moyen-Orient devraient s’accentuer. La France a par ailleurs récemment bénéficié d'un achat compris entre 200 000 et 400 000 t de blé tendre de la part de Mostakbal Misr, grâce à la bonne compétitivité du blé français sur cette destination en début de campagne.

production et importations égyptiennes de blé tendre
Quasi-stabilité de la récolte égyptienne de blé en 2025-2026, mais progression des importations (source : USDA)

La récolte marocaine toujours sous les moyennes

Au Maroc, si la production de blé et d’orge rebondit d’un an sur l’autre grâce à des pluies bienvenues en fin de cycle, l’USDA s’attend tout de même à un recul de 9,9 % de la moisson de blé par rapport à la moyenne quinquennale, et de pas moins de 22,5 % en orge, respectivement à 3,5 Mt et 950 000 t. Au 23 juillet dernier, la FAO estimait quant à elle la production de blé à 3 Mt et celle d’orge à 750 000 t. D’après MED-Amin, la récolte est correcte dans le nord du pays, meilleure que l’an passé dans le centre, mais mauvaise dans le sud. 

Lire aussi : Les besoins en céréales pour l’élevage augmentent au Maghreb

Des importations marocaines soutenues

Tout cela devrait tout de même maintenir les importations marocaines de blé et d’orge à un niveau élevé en 2025-2026. L’USDA prévoit ainsi des importations de blé à 6,7 Mt, contre 6,3 Mt l’an passé. En orge, les années de sécheresse ayant accentué la baisse des cheptels, les importations devraient se maintenir autour des 900 000 t malgré le fort recul de la production locale. Le gouvernement marocain a d’ailleurs une fois de plus suspendu les taxes à l’importation en céréales, habituellement mises en place en début de campagne pour protéger les agriculteurs locaux. La FAO, dans son rapport du 23 juillet dernier, avançait cependant un chiffre beaucoup plus élevé pour les importations de céréales, attendues à 11 Mt, soit une hausse de 20 % par rapport à la moyenne. Notons que l’orge française est pour l’instant bien placée vers le royaume chérifien en ce début de campagne, avec un beau programme d’exportation qui a tiré les primes vers le haut sur les ports français sur la fin du mois d’août.

production et importations marocaines de blé tendre et d'orge
Les importations d'orge sont attendues en baisse en 2025-2026, tandis que celles de blé devraient augmenter au Maroc (source : USDA)

L’Algérie se concentre sur la production locale de blé dur

Comme son voisin tunisien, l’Algérie adopte une stratégie de promotion de la culture locale de blé dur. Le gouvernement vise ainsi l’autosuffisance. « La récolte 2025 de blé sera la meilleure des dernières années », a ainsi déclaré Abdelghani Benali, président du Conseil interprofessionnel de la filière des céréales (CNIFC). Même son de cloche du côté du ministre de l’Agriculture : Youcef Cherfa a fait état d’une campagne « prometteuse » avec « une production attendue de blé dur nous permettant d’assurer l’autosuffisance et de ne plus importer ce produit pour l’année 2026 », cite l’agence de presse nationale algérienne. Le gouvernement souhaite en effet être moins dépendant des importations de blé tendre pour la production de baguette blanche, afin de retourner à des habitudes alimentaires datant d'avant la colonisation.

Lire aussi : En Afrique du Nord, le blé tendre reste la clé de voûte de l’alimentation

Mais entre les vœux du gouvernement et la production, l’écart peut être relativement important. Pour un·e courtier·e français·e en blé dur, les cultures de blé dur dans le Sahara n’ont pas de quoi susciter l’enthousiasme. « Il y a tout de même deux mille kilomètres de fret à assurer entre les zones de cultures et le bassin de consommation » soulève cette personne. Les remontées du terrain auprès du réseau MED-Amin font ainsi état de rendements proches de la moyenne. L’USDA table sur une récolte à 3,2 Mt, tout de même en hausse de 7 % par rapport à la moyenne quinquennale, et la FAO sur une moisson stable à 3 Mt. Une hausse plus prononcée de 17 % par rapport à la moyenne est prévue en orge par l’USDA, grâce à une meilleure résistance de la culture aux conditions sèches dans l’ouest du pays.

Lire aussi : Importations de céréales : comment l'Afrique du Nord veut limiter sa dépendance en irriguant le Sahara

Importations algériennes de blé stables

En ce qui concerne les importations, la structure officielle américaine table sur des importations de blé à 9 Mt, au même niveau que l'an passé. Celles d’orge devraient reculer de 200 000 t à 550 000 t. Dans la dernière conférence de presse d’Argus Media, Gautier Le Molgat, président directeur général d’Argus Media France a cité les relations diplomatiques glaciales entre Paris et Alger, qui devraient toujours exclure l’origine française du marché algérien. « L’Algérie continue à importer des origines européennes, ce qui laisse plus de place à la France sur le marché intra-communautaire. Mais la Russie cherche activement à gagner des parts de marché dans la zone » a déclaré l’expert. 

production et importations algériennes de blé tendre et d'orge
Les importations algériennes de blé devraient rester stables d'un an sur l'autre, tandis que celles d'orge sont attendues en recul (source : USDA)

Lire aussi : Blé : Marché attendu très lourd en 2025-2026 qui risque de peser sur les prix

Bonne moisson en Tunisie

En Tunisie, la récolte 2025 a bénéficié de conditions climatiques optimales durant la campagne. Le retour du pays à MED-Amin en juin dernier mentionnait ainsi « des perspectives très bonnes à exceptionnelles, avec un rendement supérieur à l’an passé en moyenne ». Les très bons chiffres relèvent ainsi la moyenne de production de blé et d’orge en Afrique du Nord. L’USDA annonce une moisson de blé à 1,35 Mt (+ 32 % par rapport à la moyenne quinquennale) et 550 000 t en orge (+ 30 % par rapport à la moyenne olympique des cinq dernières années ; la récolte d’orge ayant été quasiment abandonnée en 2023). Au 15 août, l’Office des céréales a annoncé avoir collecté 1,18 Mt de céréales. Au 31 juillet, la collecte se montait à 815 600 t en blé dur, 64 000 en blé tendre, 294 100 t en orge et 44 000 en triticale, toujours selon l’Office des céréales.

Lire aussi : Tunisie : la moisson de céréales double de volume en 2024

Moindres besoins d’importations de céréales en Tunisie

La hausse de production devrait se traduire logiquement par un recul des importations en blé dur et en orge. Celles-ci sont attendues en recul à 1,8 Mt tous blés (- 5 % par rapport à la moyenne quinquennale) et 550 000 t pour l’orge (- 31 % par rapport à la moyenne), toujours selon l’USDA. Rappelons que le principal critère pour les appels d’offres tunisiens est le prix.

production et importations tunisiennes de blé tendre et d'orge
La bonne récolte tunisienne de blé et d'orge devrait permettre aux importations de reculer en 2025-2026 (source : USDA)

 

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