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Le travail du sol modulé en temps réel

Le capteur SoilXplorer de CNH établit des cartographies de variabilité intraparcellaire des sols et pilote en direct les outils de travail du sol.

S’il existe des multiples solutions (conductivité ou résistivité électrique) pour mesurer la variabilité intraparcellaire du sol, le SoilXplorer de CNH (Case IH - New Holland) se distingue par sa mesure non-invasive puisqu’il est placé 40 à 50 cm au-dessus du sol. Positionné sur le relevage frontal du tracteur, sur le châssis d’un enjambeur ou sur un quad ou SSV, le SoilXplorer de CNH (Case IH - New Holland) est un capteur mesurant la conductivité des sols à quatre profondeurs (0-25 cm, 15-60 cm, 55-95 cm et 85-115 cm), grâce à cinq bobines électriques, une émettrice et quatre réceptrices. S’appuyant sur un modèle agronomique, les mesures sont traitées instantanément par le logiciel SoilXtend, qui, combiné aux données de positionnement par satellites, permet d’établir des cartes de compaction des sols, de texture et de réserve utile, pour chacun des quatre horizons mesurés. Ces cartes définissent des zones "homogènes" au sein de la parcelle et permettent de positionner de manière pertinente les échantillons de sols pour des analyses plus poussées. "On en déduit des cartes de potentiels, explique Jérôme Ménétrier, chef produit agriculture de précision pour Case IH et New Holland. Ces dernières peuvent être intégrées dans le pilotage des apports d’eau par irrigation. En effet, il est inutile d’apporter une quantité importante d’intrant là où le sol ne pourra jamais l’exploiter intégralement."

Les concessionnaires et prestataires comme cibles prioritaires

Pour rentabiliser ce capteur d’un peu plus de 30 000 euros, CNH cible les prestataires de services et son réseau de concessionnaires, qui seront à même d’analyser les cartes brutes ou de s’encadrer de partenaires avec des connaissances agronomiques pour y parvenir.

Par ailleurs, CNH travaille sur une autre utilisation de ce capteur : le contrôle en direct des outils de travail du sol attelé à l’arrière du tracteur. Une seconde interface, baptisée DepthXcontrol, est en mesure de piloter la profondeur de travail de l’outil au travers d’un distributeur. "Quand nous passerons prochainement dans la version Isobus 4.3, nous pourrons nous abstenir de cette interface et pourrons piloter directement le relevage", poursuit Jérôme Ménétrier. Le DepthXcontrol propose trois modes de fonctionnement. N’exploitant que deux bobines de mesure sur les quatre, le premier se concentre sur du travail superficiel et optimise la profondeur de travail en fonction de la compaction des sols, de la teneur en eau et de leur texture. Le second mode est utilisé dans les opérations de sous-solage. L’opérateur définit une profondeur de travail minimale et une maximale : l’outil travaillera à la profondeur minimale, sauf quand le SoilXplorer détecte une zone de compactage profonde à casser. Ce fonctionnement optimise le débit de chantier et minimise la consommation de carburant. Le troisième adapte la profondeur de sol aux variabilités de profondeurs des différents horizons, pour ne pas les perturber. Cela évite par exemple de remonter des pierres, dans les zones de la parcelle où la roche est plus affleurant.

Dernier algorithme, le SeedXcontrol pilote la densité de semis en fonction de la teneur en eau et de la texture du sol. Ce logiciel est encore en phase de développement avec des agronomes pour le pilotage pertinent de la densité de semis.

Un capteur né en Autriche

Développé par la société autrichienne Geoprospectors, le Top Soil Mapper a été présenté pour la première fois au salon Agritechnica 2015, lors duquel il s’est vu récompensé d’une médaille d’argent. Début 2018, CNH a signé avec Geoprospectors un accord de distribution exclusive dans 13 pays européens, dont la France, et rebaptise le capteur SoilXplorer.

Le SoilXplorer en test dans les vignes en Champagne

S’il est vrai que ce capteur a été développé à l’origine pour les grandes plaines céréalières, il n’en demeure pas moins utile pour la viticulture. S’étalant sur la Marne, l’Aube et les Ardennes, le concessionnaire New Holland Ravillon l’a compris. Il s’est équipé en avril d’un capteur SoilXplorer. "Nous le proposons à la location aux alentours de 35 euros de l’hectare, auquel se rajoute un forfait de moins de 1 000 euros pour la mise en route, explique Philippe Ravillon. Nous avons monté le capteur sur un SSV Hytrack Jobber." Pour l’instant, ce sont uniquement des céréaliers qui ont loué cette solution. Et ce sont eux qui parcourent les parcelles en long et en large pour effectuer les mesures, par passages espacés de 15 mètres. En viticulture, le concessionnaire voit un premier usage, en amont de la plantation. Avoir une connaissance fine des sols permet d’adapter le cépage et/ou le porte-greffe. En charge de l’agriculture de précision chez Ravillon, Pierre Gauyacq prévoit cependant d’adapter le protocole aux parcelles viticoles, "bien souvent de plus petite taille. Elles nécessitent des passages plus serrés et un traitement de données plus important. Ce qui pourrait faire évoluer le tarif de location."

L’utilisation du capteur une fois la vigne en place n’est pas non plus exclue. "On peut envisager de le monter en travers sur un enjambeur et d’effectuer des mesures de texture et de compaction des sols en même temps que l’on passe avec la rogneuse, cite pour exemple Pierre Gauyacq. Il reste cependant à s’assurer que les piquets métalliques n’ont pas d’incidence sur la mesure." Un exercice déjà réussi par un chercheur italien en Vénétie.

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