« Pulvériser au semis maximise l’efficacité des herbicides »
Agriculteur dans la Somme, Hugues Devey réalise ses traitements herbicides sur céréales et lin en même temps qu’il sème. C’est avec cette méthode qu’il constate les meilleurs résultats de désherbage.
Agriculteur dans la Somme, Hugues Devey réalise ses traitements herbicides sur céréales et lin en même temps qu’il sème. C’est avec cette méthode qu’il constate les meilleurs résultats de désherbage.

« J’ai obtenu les meilleurs résultats de désherbage en traitant directement derrière le semoir », explique Hugues Devey, installé à Prouville, dans la Somme. À la tête d’une exploitation céréalière de 125 hectares, l’agriculteur pratique le désherbage au semis depuis trois campagnes. « C’est ma technicienne de coop qui m’a parlé de cette méthode, lorsque je lui ai demandé conseil pour mieux éliminer les ray-grass et vulpins qui se développaient dans mes céréales, se souvient-il. Elle m’a invité à me rapprocher de la société Gam Agri Pièces pour m’équiper. »
Une cuve frontale de 750 l sur le tasse-avant

L’agriculteur samalien a donc investi dans une cuve de 750 litres, jouxtée d’une réserve de rinçage permettant le nettoyage de la rampe sans passer par la cuve principale. La solution comprend une pompe de brassage indépendante et une régulation DPAE pilotée depuis une tablette. « Tout communique sans fil. Il n’y a pas un câble qui rentre en cabine. Cette cuve est attelée sur le tasse-avant Bonnel, ce qui génère un porte-à-faux important. Pour les déplacements routiers, je dispose de deux caméras sans fil facilement déplaçables placées de chaque côté, afin de m’engager en toute sécurité dans les intersections qui manquent de visibilité. » À la parcelle, l’une des deux caméras est positionnée à l’arrière, afin de surveiller en cabine que toutes les buses sont pleinement opérationnelles (ni bouchage, ni fuite).
Un système automatisé
Hugues Devey dispose d’une rampe arrière de trois mètres dotée de six buses antidérives Teejet AIXR vertes, calibrées pour la largeur et la vitesse de semis. Récemment, il s’est aussi équipé d’une rampe avant de cinq mètres repliable, qu’il entend combiner avec le déchaumeur à disques de même largeur, dans le but d’enfouir un activateur de sol, lors de l’implantation du couvert végétal. Pour faciliter le pilotage, un contacteur sur le troisième point actionne ou désactive la pulvérisation en fonction de la position. « Quand je relève le semoir, la pulvérisation s’arrête automatiquement. Pour la rampe avant, je vais utiliser un contacteur sur le relevage frontal. »
Comme les semis sont réalisés à l’autoguidage, il n’y a pas de recroisement de la pulvérisation d’un passage à l’autre. « La pulvérisation est qualitative. La rampe est stable, toujours à la bonne hauteur, et il n’y a pas de dérive même quand on atteint des vents de 25-30 km/h. Le semoir joue probablement un effet coupe-vent. »
30 à 40 % d’efficacité supplémentaire
Pratiquant la pulvérisation au semis sur les céréales (blé, escourgeon) et le lin, Hugues Devey a pu constater de manière concrète la différence d’efficacité avec la méthode classique. « Dans une parcelle que j’étais en train de semer, mon manomètre s’est soudainement mis à zéro. C’était un fusible qui avait sauté, parce que la pression était trop importante. J’ai continué de semer la parcelle et je suis revenu pulvériser la zone non traitée moins d’une heure après. J’ai constaté 30 à 40 % d’efficacité en plus là où j’avais désherbé dès le semis. »

Traiter en même temps que semer implique une certaine organisation logistique. « Comme mon parcellaire est assez regroupé, j’ai l’habitude de revenir à l’exploitation faire le plein de mon semoir. Remplir en plus le pulvérisateur n’est pas beaucoup plus compliqué : j’ai tous les équipements qu’il faut », relativise l’agriculteur, qui dans l’idéal préférerait que sa cuve frontale soit équipée d’un incorporateur.
Une solution simple et souple
Après trois campagnes d’expérience, Hugues Devey ne reviendrait pas en arrière. Il apprécie la souplesse permise par cette combinaison. « Si j’arrête en fin de journée au milieu de la parcelle, je n’ai pas à me préoccuper si la largeur que j’ai semée est un multiple de la largeur de la rampe de mon pulvé. Ce que j’ai semé est traité. Et dans les meilleures conditions. Et c’est la même chose pour les tournières, que je sème souvent en décalé. »
Si l’équipement de désherbage au semis lui a coûté autour de 8 000 euros, l’agriculteur estime amortir son investissement sur la maîtrise du salissement de ses parcelles et sur les économies de produits phytosanitaires, en réduisant les interventions de rattrapage. « Ce n’est pas la solution miracle, tient à préciser Hugues Devey. Elle n’élimine pas toutes les adventices. Elle s’intègre dans un contexte de rotation de cultures, afin de diversifier les molécules actives. Mais elle permet de maximiser le potentiel des herbicides dont l’efficacité est aujourd’hui limitée. »
En chiffres
125 ha de SAU dont :
Un équipement soumis au contrôle pulvé
Comme tout équipement d’application de produits phytosanitaires, le système de désherbage au semis est soumis au contrôle pulvé tous les cinq ans. Il est donc obligatoire de le faire contrôler régulièrement, à défaut de quoi une sanction peut être appliquée en cas de contrôle sur l’exploitation. Cela permet aussi de s’assurer que le matériel fonctionne de manière précise. Le contrôle visuel direct est d’ailleurs le principal écueil de cette technologie. Pour passer outre ce problème, il existe la solution de la caméra employée par Hugues Devey.

Gam Agri Pièces propose aussi une nourrice Wilger. Ce système se compose d’une colonne transparente avec une bille à l’intérieur, chaque colonne étant reliée à une buse. Ce système de contrôle visuel peut être positionné à sa guise et permet de s’assurer du fonctionnement de chaque buse : lorsque la bille est en position centrale dans la colonne transparente, la buse est opérationnelle. Une bille en position haute informe d’un tuyau percé ou arraché, tandis que la position basse indique que la buse qu’elle contrôle est bouchée.