Robotique
« Les robots doivent être intuitifs pour que tous les agriculteurs puissent y accéder »
Georg Horst Schuchmann est responsable de projet en ingénierie agricole au centre de compétences DLG pour l'agriculture et l'alimentation à Francfort. Quelques semaines avant le salon Agritechnica à Hanovre, il analyse les tendances d’utilisation en robotique.
Georg Horst Schuchmann est responsable de projet en ingénierie agricole au centre de compétences DLG pour l'agriculture et l'alimentation à Francfort. Quelques semaines avant le salon Agritechnica à Hanovre, il analyse les tendances d’utilisation en robotique.

À Agritechnica 2025, la société DLG, organisatrice du salon, accueillera pour la première fois le Digital Farm Center présenté par FarmRobotix. L'accent sera mis sur des technologies innovantes dans les domaines de l'agriculture numérique, de l'automatisation, de la robotique et de l'intelligence artificielle. Les visiteurs pourront assister à des démonstrations de produits, des conférences et des tables rondes. Sous le thème principal du salon "Touch Smart Efficiency", qui met l'accent sur l'interconnexion intelligente des technologies numériques les plus modernes pour augmenter durablement la productivité en agriculture, la plateforme offrira une nouvelle fois aux agriculteurs, fabricants, start-up, scientifiques et investisseurs des opportunités de réseautage thématique et d'échange de connaissances.

Quelles évolutions des ventes en robotique et du chiffre d'affaires la société DLG prévoit-elle en matière de robotique pour 2025 ?
Georg Horst Schuchmann : Il n'y a actuellement pas de réponse définitive à cette question, mais les difficultés de recrutement de main-d'œuvre, notamment dans les cultures spécialisées, pourraient entraîner une hausse de la demande dans le domaine de la robotique. Ces technologies ont au moins un grand potentiel pour rendre les processus de travail plus efficaces et économes en ressources : le désherbage est en effet un processus laborieux qui mobilise beaucoup de main-d'œuvre. À moyen et long terme, la question sera de savoir si ces technologies sont abordables pour les exploitations à grande échelle.
Quelles sont les entraves à l'utilisation de la robotique ?
GHS : D'une part, la responsabilité doit être clarifiée au niveau législatif, car les robots ne sont toujours pas autorisés à fonctionner sans surveillance. Cela empêche une automatisation complète des processus. D'autre part, les utilisateurs de demain auront besoin de compétences spécifiques et de savoir-faire, par exemple dans la gestion des données et le traitement des données géographiques. Ces connaissances doivent être transmises par les établissements d’enseignement et de formation et donc intégrées dans les programmes d'études. En outre, un soutien financier ciblé des exploitations pour l'investissement dans la robotique et, plus généralement, dans de nouvelles technologies prometteuses est nécessaire pour que des innovations pratiques et durables puissent également s'imposer à grande échelle. La politique est également sollicitée à cet égard.
Quels types d’agriculteurs sont particulièrement réceptifs aux robots ? Cela dépend-il de la taille de l'exploitation, de la localisation géographique ou de son âge ?
GHS : Selon notre expérience, ce sont les agriculteurs déjà technophiles, et qui connaissent très bien leur exploitation, qui s’intéressent aux robots. Ces agriculteurs sont prêts à investir non seulement financièrement, mais aussi en temps lors de la phase d'installation, afin de pouvoir bénéficier des synergies après la mise en place. Ils sont, par exemple, établis dans des régions où la main-d’œuvre manque et qui ont besoin de faire des économies sur certains postes. Dans l'élevage aussi, pour la gestion des troupeaux et du sanitaire, ainsi que le désilage et le raclage, les technologies numériques et la robotique sont de plus en plus utilisées car elles aident à gérer efficacement le quotidien avec un personnel limité. Dans le suivi du sanitaire, notamment, les systèmes numériques de haute qualité sont très précis.
Ces exemples montrent que les nouvelles technologies sont principalement utilisées lorsqu'elles offrent un avantage concret et pratique. Et bien sûr, elles doivent être conçues de manière aussi intuitive que possible, afin que tous les agriculteurs puissent y accéder, et pas seulement les représentants du secteur particulièrement technophiles. Et pour cela, l'échange sur des plateformes comme FarmRobotix est indispensable.
Quelles sont les dernières découvertes en robotique ?
GHS : On constate un potentiel de développement dans la fusion de capteurs multiples pour le suivi des trajectoires et la détection des cultures, des mauvaises herbes et des obstacles, ainsi que pour fluidifier l’interaction entre le robot et l’utilisateur, via une commande vocale, par exemple. Par ailleurs, il existe un potentiel de montée en puissance pour passer d'une performance adaptée aux petites structures à une utilisation sur des exploitations de grande taille. Actuellement, l'automatisation est surtout présente dans le secteur des cultures spécialisées, donc un segment relativement restreint. Or, l'automatisation et la robotique devraient également être introduites dans les grandes exploitations agricoles, car elles permettent d'économiser à la fois de la main-d'œuvre et des ressources dans l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires, notamment dans des applications de Precision farming telles que le spot spraying ou la fertilisation de précision.
Cela favorise, d'une part, une utilisation efficace des ressources financières sur les exploitations, et d'autre part, cela contribue à la protection des eaux et à la préservation de la biodiversité.
Agritechnica - 9 au 15 novembre 2025 - Hanovre en Allemagne
A lire aussi
Les Freins à la numérisation des fermes malgré le plébiscite des exploitants
Comment développer la pulvérisation ciblée dans les champs ?