Freinage de remorque : l’hydraulique aussi performant que le pneumatique
Le système de freinage hydraulique à simple ligne ne sera bientôt plus autorisé sur les véhicules remorqués agricoles. Pour le remplacer, la réglementation impose d’installer un dispositif à double ligne dans l’unique but de renforcer la sécurité.
Le système de freinage hydraulique à simple ligne ne sera bientôt plus autorisé sur les véhicules remorqués agricoles. Pour le remplacer, la réglementation impose d’installer un dispositif à double ligne dans l’unique but de renforcer la sécurité.
Les dés sont jetés. Au 1er janvier 2025, les systèmes de freinage des matériels agricoles neufs devront répondre aux exigences de la réglementation européenne pour circuler sur le territoire français. Ainsi, la solution à simple ligne hydraulique, utilisée depuis toujours, ne sera plus autorisée sur les véhicules remorqués neufs. Pour la remplacer, le montage d’un dispositif à double ligne, au choix hydraulique ou pneumatique, deviendra alors obligatoire. Son grand atout est de renforcer la sécurité des convois agricoles, avec notamment des performances de freinage accrues, évitant, par exemple, la mise en portefeuille du convoi. L’installation conforme à la nouvelle réglementation présente également l’intérêt d’intégrer un véritable dispositif de freinage d’urgence en cas de rupture d’attelage. En effet, avec l’actuelle simple ligne hydraulique (un seul flexible de frein raccordé au tracteur), la chaîne ou la cordelette reliant le frein de secours mécanique au tracteur est en pratique rarement raccordée. Par conséquent, si la remorque se décroche accidentellement, elle continue sa route et au mieux termine dans le fossé, au pire percute dramatiquement les autres usagers.
Le double ligne déjà opérationnel en pneumatique
Le principe de la double ligne pneumatique est déjà connu sur les véhicules remorqués réceptionnés pour circuler à 40 km/h. Il constituait d’ailleurs, au début des années 2000, le seul procédé capable de satisfaire aux exigences techniques propres à cette vitesse, telles que la réactivité, l’asservissement de la force de freinage à la charge transportée et la protection en cas de rupture d’attelage. Le surcoût de cette solution et la contrainte d’utiliser un tracteur équipé de commandes pneumatiques ont freiné sa vulgarisation en France. Culturellement, l’hydraulique est largement employé dans l’Hexagone, contrairement à l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et de nombreux autres pays de l’est de l’Europe. En Suisse, la commande hydraulique est également la plus plébiscitée, ce qui a conduit l’Helvétique Paul Forrer à mettre au point une valve pour véhicules remorqués procurant les mêmes performances que le pneumatique. Son dispositif, désormais commercialisé en France par la société Monroc, est en accord avec les exigences de l’homologation européenne. L’Italien Safim, qui dispose d’une filiale en France, propose plusieurs choix de systèmes à double ligne hydraulique pour les tracteurs et les remorques. Il annonce d’ailleurs équiper en moyenne 200 tracteurs par jour avec ses valves de freinage à deux conduites. Le Français Poclain Hydraulics travaille sur le sujet, mais reste encore discret sur ses solutions.
La force de freinage asservie à la charge
Avec la simple ligne hydraulique, la pression envoyée dans le circuit de freinage est indépendante de la charge transportée. Cette caractéristique se traduit généralement par le blocage des roues de la remorque à vide, lors de l’appui sur la pédale de frein. Avec la double ligne hydraulique, un correcteur de freinage adapte la pression envoyée dans les vérins de freinage en fonction de la charge. Sur les remorques agricoles, ce dispositif doit être de type automatique pour la réception à 40 km/h et compter au minimum trois positions à sélection manuelle pour l’homologation à 25 km/h. La double ligne hydraulique s’accompagne, comme son nom l’indique, de deux flexibles à raccorder sur la valve de freinage de remorque compatible du tracteur. La conduite principale, correspondant à la ligne de commande (CL), utilise le même coupleur que celui de la simple ligne. Elle est traversée par une pression allant de 0 à 150 bars, comme auparavant. La secondaire (SL), au raccord spécifique, est soumise à une pression permanente comprise entre 15 et 35 bars. Elle est indispensable au fonctionnement du circuit de freinage. Une chute de pression ou son décrochage accidentel, comme celui du flexible principal, entraîne l’activation du frein de sécurité.
Quel double ligne choisir sur le tracteur ?
Les tracteurs doivent désormais être obligatoirement livrés avec au moins un dispositif de freinage à double ligne, pneumatique ou hydraulique. Ils sont autorisés, jusqu’au 31 décembre 2024, à recevoir en complément une simple ligne hydraulique. Sur le terrain, les clients suivent généralement les conseils de leur vendeur, qui réalise parfois ses propositions commerciales en fonction de son stock et des procédés disponibles chez le constructeur, argumentant qu’il s’agit d’une réglementation européenne. Or, le principe retenu aujourd’hui sera important demain, car il devra être compatible avec la remorque ou l’outil traîné que l’utilisateur acquerra à partir du 1er janvier 2025. Avec le développement des solutions à double ligne hydraulique pour les véhicules remorqués, il y a fort à parier que ce procédé devienne majoritaire en France. Par conséquent, ceux qui, par défaut, investissent à présent dans le freinage pneumatique sur leur tracteur risquent de ne jamais l’utiliser, de surcroît s’il s’agit d’un modèle de faible ou moyenne puissance. Cette technique n’est en effet pas compatible avec la commande hydraulique, qui présente, elle, l’intérêt d’être moins encombrante, donc plus facile à intégrer sur les matériels tractés compacts. En revanche, en optant aujourd’hui pour l’hydraulique, le tracteur équipé d’une double ligne demeure capable de gérer une simple ligne dans des conditions de sécurité correcte, à condition toutefois de respecter la limite de 25 km/h (réglementation française). Cette exception est permise grâce à l’adoption, sur le tracteur, d’une valve de freinage intelligente, qui ne sera plus autorisée à compter du 1er janvier 2025. Les législateurs font ainsi table rase du passé et considèrent que les remorques à simple ligne devront être attelées à des tracteurs antérieurs à la date butoir du 31 décembre 2024.
Une barre anti-encastrement obligatoire sur les remorques
La circulation en sécurité des convois agricoles est une des grandes priorités des instances réglementaires françaises et européennes. Et pour atteindre son objectif, l’état ne fait pas de cadeau aux constructeurs de véhicules remorqués. Il les contraint en effet à revoir, avant le 1er janvier 2020, l’ensemble de leurs dossiers de réception auprès de la DREAL pour les remorques ou machines et instruments agricoles remorqués (MIAR : presses, outils semi-portés…). Cette obligation fait, certes, référence à l’arrêté français du 19 décembre 2016, mais malheureusement les fabricants n’ont pas pu anticiper, car les dossiers types ne leurs ont été présentés par l’administration qu’en janvier 2019, et les équipes DREAL ne sont réellement opérationnelles que depuis cette date. Axema, l’union des industriels de l’agroéquipement, estime que 1 200 dossiers sont à reprendre d’ici à la fin de l’année et que les services de l’état ne seront pas en mesure de les traiter. Elle négocie donc un report, qui jusque-là est refusé par les autorités. De surcroît, la démarche est un réel fardeau pour les fabricants, car elle ne se limite pas à de simples formalités administratives. En effet, la validation impose aux firmes de présenter des prototypes, ce qui représente un investissement lourd, tant sur le plan financier qu’humain. En l’absence de réception, le véhicule remorqué ne peut donc pas circuler sur la voie publique et encore moins prétendre à la délivrance du certificat d’immatriculation. Les évolutions comprennent notamment l’intégration, à l’arrière des remorques, d’une barre anti-encastrement homologuée, respectant les contraintes du règlement 2015/208. Cet équipement supplémentaire, obligatoire depuis longtemps pour les poids lourds, procure un réel avantage en termes de sécurité. Il entraîne, en revanche, un surcoût non valorisable par l’acquéreur et sa position à 550 mm du sol risque de poser quelques problèmes à l’utilisation.