Essai Massey Ferguson MF 5M.135 - Un tracteur polyvalent et simple d’utilisation

Au travail – À l’aise avec le chargeur frontal

Pour essayer le MF 5M.135, j’ai préparé et semé une parcelle sablo-limoneuse de 5,5 ha. Avec la charrue quatre corps à sécurité mécanique réglée à 20 cm de profondeur, le tracteur évoluait à une vitesse de 7 km/h au régime moteur de 1 880 tr/min. Travaillant sur des terres relativement faciles, le Massey Ferguson n’a pas rencontré de problème au labour. En revanche, dans les zones un peu plus humides, il avait tendance à monter en régime, afin de maintenir sa vitesse cible, mais la masse frontale de 800 kg ne suffisait pas à assurer une bonne traction. J’ai ensuite semé du ray-grass italien et du trèfle incarnat avec le combiné herse rotative et semoir de 3 m. Grâce à la suspension mécanique de la cabine et au siège amorti par air, le MF 5M.135 absorbait efficacement les secousses dues aux irrégularités du terrain. L’absence de pont avant suspendu ne se faisait pas trop ressentir.

À la manutention, le toit vitré procure une très bonne vision sur le chargeur pour ranger les balles rondes en hauteur et la fine barre transversale en haut du pare-brise ne gêne pas. En revanche, les manipulations au sol se sont révélées plus complexes en raison du capot moteur non plongeant, cachant légèrement la visibilité. Comme le MF 5M.135 était bien équilibré grâce aux 300 kg au total de masse dans les roues arrière, j’ai manipulé les balles en toute sécurité, sans avoir besoin de lester le tracteur à l’arrière. Le chargeur, de conception robuste, provoquait peu de secousses grâce à sa suspension intégrée. Il est alimenté par deux pompes hydrauliques qui fournissent suffisamment de débit pour bénéficier de mouvements rapides. Le joystick multifonction à commandes électriques, dédié au chargeur, est bien conçu et rend les mouvements précis. Simple d’utilisation, ce levier en croix, qui contrôle à la fois l’avancement du tracteur et les fonctions du chargeur, donnait une sensation de conduite proche de celle d’un chargeur télescopique.

Dans la cour de l’exploitation, j’ai été séduit par la transmission qui se met en position neutre dès que j’appuie sur la pédale de frein en dessous de 15 km/h. Cette fonction permet d’approcher les balles de foin sans solliciter l’embrayage. J’ai aussi apprécié le passage automatique des rapports sous charge et le réglage de la souplesse de la transmission, laissant presque la sensation d’utiliser une boîte à variation continue. Sur la route, le Massey Ferguson, sans chargeur ou masse frontale, avait tendance à sautiller quand il tirait la bétaillère, le rouleau traîné ou encore la tonne à eau. En revanche, à vide, mais équipé du chargeur frontal, il se révèle plus confortable. S’adaptant à la charge du moteur, la transmission robotisée engage automatiquement la vitesse supérieure à 2 000 tr/min, ce qui est bien, mais laisse le régime moteur descendre très bas, à la limite du sous-régime, avant de rétrograder.

Le relevage arrière de catégorie 3 du MF 5M.135 est très simple et épuré mais complet. Depuis les commandes de l’aile arrière gauche, je peux activer la prise de force. Le tracteur dispose d’un attelage à échelle et du freinage à double ligne hydraulique ou pneumatique. Il reçoit en standard trois distributeurs hydrauliques à commande mécanique : un est relié à la pompe délivrant 58 l/min et les deux autres sont alimentés par celle débitant 42 l/min. Tous sont dépourvus de levier de décompression. Les capuchons antipoussière des prises hydrauliques ne se relevant pas assez haut, j’ai rencontré des difficultés à brancher certains flexibles. L’alimentation du relevage avant est assurée par un distributeur arrière, alors que le chargeur frontal est desservi par deux distributeurs électrohydrauliques centraux.

En cabine – Tout à portée de main

L’accès à la cabine à six montants et deux portes du MF 5M.135 s’effectue par trois grandes marches en plastique. La cabine offre une belle visibilité, notamment grâce à l’intégration des composants de dépollution sous le plancher. Elle manque d’un peu d’habitabilité et je crains qu’un chauffeur de forte corpulence ou très grand éprouve des difficultés à trouver une position de conduite confortable. Au niveau des rangements, j’accède à un grand espace fermé pouvant contenir une bouteille de 2 l et quelques petits espaces ouverts, mais je n’en éprouve pas l’utilité pour autant. Le joystick multifonction en bout d’accoudoir tombe bien sous la main. Les commandes pour les distributeurs mécaniques, la prise de force… sont regroupées sur la console ou sur le montant droit et accessibles sans trop tendre le bras.

Le tableau de bord, situé derrière le volant, est très lisible avec ses deux écrans numériques à l’affichage bien contrasté. Celui de droite affiche la vitesse, le régime de prise de force et le rapport engagé. Celui de gauche fait office d’ordinateur de bord, affichant les informations de la consommation de carburant, du compteur d’hectares, de la température d’eau… Il donne aussi accès aux réglages de la souplesse pour le passage des quatre rapports powershift, de l’agressivité de l’inverseur, de la configuration des vitesses de démarrage et aussi des fonctions du chargeur, comme les automatismes ou la suspension. La navigation dans cet ordinateur de bord se fait uniquement depuis les touches physiques à flèche situées sous le volant.

Le terminal tactile de 9 pouces, positionné sur la porte droite, n’entrave pas trop la visibilité. Dénommé Fieldstar 5, cet écran contrôle les outils compatibles Isobus, ainsi que l’autoguidage fourni par Trimble. Il est vraiment simple d’utilisation. Les icônes pour accéder aux différentes fonctions du GPS sont claires et intuitives et la prise en main ne demande qu’une trentaine de minutes. Bien que l’autoguidage puisse sembler superflu sur un tracteur d’élevage, son usage devient rapidement appréciable : on y prend goût et on gagne en efficacité de travail au champ.

Entretien – Le nettoyage des radiateurs perfectible

Le capot moteur s’ouvre à l’aide d’une clé six pans et dégage suffisamment l’accès aux quatre cylindres. Le filtre à air est positionné tout à l’avant du compartiment, au-dessus de la batterie. Bien que les radiateurs possèdent une grille amovible pour limiter leur encrassement, ils sont difficilement accessibles pour le nettoyage à l’air comprimé. Les filtres à huile et à carburant, regroupés sur le côté gauche du moteur, sont partiellement cachés par le bâti du chargeur frontal. Le filtre de cabine, installé à l’arrière du toit, nécessite de grimper sur les bras du relevage arrière pour y accéder, une manœuvre assez dangereuse selon moi. C’est dommage que le bouchon d’AdBlue soit situé à droite du tracteur, au niveau des marches, alors que celui de GNR est à gauche. Cette configuration n’est pas pratique pour le remplissage.