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Convois agricoles - Attention aux surcharges !

Les charges maximales des engins agricoles sont limitées réglementairement à la fois par leur homologation et le code de la route. Ces deux législations ne sont pas toujours cohérentes entres elles et avec les capacités techniques des matériels.

Le poids maximal des ensembles agricoles qui circulent sur la route est limité à la fois par leur PTAC et leur PTRA. Le PTAC (Poids total autorisé en charge) d'un tracteur, c'est la charge maximale qui peut être portée par ses roues. Le PTAC d'une remorque est le poids maximal porté par ses roues, auquel on ajoute le report de charge qu'elle exerce sur le tracteur par sa flèche. La différence entre ce PTAC et le poids à vide donne la charge utile.

Le PTRA (Poids total roulant autorisé) d'un automoteur capable de tracter (un tracteur par exemple) est la masse totale maximale du convoi formé par le tracteur et le ou les véhicules qui lui sont attelés. Le PTRA d’un tracteur peut aller jusqu'à 40, voire 44 tonnes au maximum.

Le PTAC et le PTRA d'un tracteur sont indiqués sur sa carte grise et sont déterminés lors de l'homologation.

Cependant, le code de la route limite aussi la masse maximale d'un ensemble agricole selon le nombre d'essieux et la charge à l'essieu. Un ensemble est limité à 38 tonnes, lorsqu'il comporte 4 essieux et à 40 tonnes avec cinq essieux (dans la limite du PTRA du tracteur).

La réglementation sur l'homologation des matériels croise donc celle concernant la circulation routière, c'est à dire le code de la route.

Des dépassements fréquents avec les trois essieux

« Les dépassements de PTRA sont fréquents avec des matériels de transport à trois essieux, constate Stéphane Chapuis, de la FNCuma. Une remorque à trois essieux avec un PTAC de 32 tonnes peut être attelée à un tracteur, dont le PTRA est de 40 tonnes, mais dont le poids à vide est supérieur à 8 tonnes, ce qui fait que le convoi dépasse les 40 tonnes, même si le PTAC de la remorque est respecté ».

De même, ces remorques de 32 tonnes de PTAC peuvent être attelées à des tracteurs de 150 chevaux qui ont un PTRA limité à 36 ou 38 tonnes, parce qu'ils n'ont pas les capacités techniques, donc les freins, suffisants pour passer l'homologation à 40 tonnes. « Il est important de demander quelles sont les valeurs de PTAC, PTRA et poids à vide au moment de l'achat d'un tracteur », insiste Stéphane Chapuis.

Les gros ensembles d'épandage de lisier dépassent fréquemment les limites réglementaires lorsqu'ils circulent à pleine charge.

Il constate que le PTRA est aussi fréquemment dépassé sur les ensembles avec tonne à lisier de gros volume. « En pratique, les attelages avec une tonne à lisier de plus de 20 m3 font pratiquement tous plus de 40 tonnes, du fait du poids à vide du matériel. On incite les utilisateurs à bien vérifier cette valeur, car on peut avoir de gros écarts entre le poids à vide annoncé et le poids à vide réel. C'est le cas sur les tonnes à lisier, mais aussi sur les épandeurs à fumier. Lors de l'homologation, le matériel est dépourvu d'équipements et c'est le poids à vide dans cette configuration qui apparaît sur la plaque constructeur et la carte grise. » Une tonne à lisier est en effet souvent équipée d'un outil d'épandage (enfouisseur ou rampe) et d'un bras de pompage. Le poids à vide annoncé peut être de 9 tonnes pour un modèle à trois essieux, alors qu'il est en réalité de 11 tonnes. Les documentations commerciales ne le précisent pas.

Les matériels d'épandage en surpoids

« Nous avons arrêté de commercialiser des tonnes de 22 000 litres en deux essieux il y a 4-5 ans, explique Arnaud Jaouen, directeur technique chez le constructeur Pichon. Ces matériels pouvaient faire 12-13 tonnes à vide, donc le PTAC de 29 tonnes était largement dépassé sur la route. Si l'on veut respecter la limite de PTAC, pour une citerne à deux essieux, seules les capacités jusqu'à 18 000 litres peuvent rouler à pleine charge sur la route. Au-delà, il faut être attentif au poids des équipements attelés. »

Le poids à vide indiqué sur les matériels de transport ou d'épandage est parfois très différent de leur poids à vide réel

Face à cela, le constructeur finistérien voit arriver des chantiers décomposés pour le lisier, notamment dans les ETA. L'épandage est dans ce cas assuré par une tonne de 11 000-12 000 litres à simple essieu, ravitaillée par une citerne de 20 000 ou 22 000 litres à trois essieux, dont le poids à vide est plus limité. « Lorsque 30 à 40 % du prix d'une tonne à lisier correspond à l'équipement d'épandage ou de pompage, la faire tourner sur la route limite sa rentabilité », remarque Arnaud Jaouen.

Le dépassement de PTAC est également fréquent avec les épandeurs à fumier de type tombereau à un essieu. Leur PTAC ne peut dépasser 16 tonnes en général (17 tonnes avec un attelage à boule de type K80). Or, il existe des épandeurs tombereau à un essieu offrant un volume de caisse jusqu'à 18 ou 20 m3, qui ont un poids à vide réel de 9 tonnes, voire plus. Leur charge utile légale sur route n'est que de 7 tonnes environ, alors que s'ils sont remplis, le poids de fumier chargé peut atteindre 14 à 15 tonnes. Le poids réel de l'épandeur avec son chargement dépasse ainsi facilement les 20 tonnes. Comme pour les tonnes à lisier, le poids à vide indiqué sur les épandeurs n'est pas forcément exact, car c'est le poids du matériel présenté à l’homologation, sans équipements ou avec des roues basiques. La différence avec le poids réel peut atteindre une à deux tonnes. Même si les épandeurs circulent moins à pleine charge sur route, le stockage du fumier se faisant souvent au champ, la surcharge sur les essieux entraîne aussi une compaction du sol lors de l’épandage.

Des dépassements de PTAC sur les tracteurs

Les tracteurs attelés à des outils portés peuvent également voir leur PTAC dépassé. « Plusieurs Cuma nous ont signalé des problèmes avec des combinés de semis, témoigne Stéphane Chapuis. Avec une trémie frontale et une herse rotative repliable avec une barre de semis, les combinés chargés de semences atteignent parfois 4,5 à 5 tonnes et peuvent être attelés à des tracteurs de 200 à 250 chevaux, qui n'ont pas une charge utile suffisante ».

« Des tracteurs de forte puissance lestés pour des travaux de traction arrivent en limite de PTAC, ajoute Nicolas Morel de New Holland. Un 400 chevaux lesté à 45 kg/ch a un poids à vide de 18 tonnes. Or, la réglementation dit que le PTAC d'un tracteur à quatre roues ne doit pas dépasser 18 tonnes ».

Des tracteurs homologués à plus de 40 km/h

Depuis 2017, un tracteur à roues standard (catégorie T1) peut être homologué pour une vitesse maxi de 40 km/h (on parle alors de tracteur T1a) ou pour une vitesse supérieure à 40 km/h (T1b). « L'homologation T1b est plus exigeante au niveau du freinage du tracteur lui-même et du freinage de remorque », précise Guillaume Bocquet, responsable du pôle technique d'Axema, le syndicat des industriels de l'agroéquipement. « Le tracteur est équipé d'un freinage à double ligne (hydraulique ou pneumatique) pour les remorques. Le freinage est harmonisé entre le tracteur et la remorque pour éviter d'avoir un surfreinage du tracteur. Il y a aussi plus d'exigence sur le freinage d'urgence. »

Un flou dans la législation

« Nos tracteurs des gammes T6 et T7 homologués en T1b intègrent le freinage dans le pont avant et le freinage de remorque pneumatique », explique Nicolas Morel chez New Holland. « Légalement, la circulation à plus de 40 km/h en France n'est possible qu'avec un tracteur non attelé. Mais il y a un flou sur le terme « non attelé » utilisé dans le code de la route. Un tracteur avec un outil porté (de moins de 3,50 m de large) pourrait être considéré comme non attelé », remarque Guillaume Bocquet. Cette possibilité technique de rouler à plus de 40 km/h n'est pas sans poser des questions de sécurité et de responsabilité.

« Sur la gamme de tracteurs T8, nous avons un système qui permet au chef d'exploitation de brider la vitesse du tracteur par l'ordinateur de bord, explique Nicolas Morel. On peut gérer différents profils d'utilisateur avec un mot de passe. Ce dispositif intéresse énormément les ETA et va être progressivement proposé sur d'autres gammes. »

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