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Concilier débit de chantier et travail de qualité au binage

Moins compétitif que celui d’un pulvérisateur, le débit de chantier d’une bineuse peut malgré tout être amélioré avec un équipement et des réglages adaptés, une préparation de sol de qualité et un semoir réglé avec précision.

« Même s’il n’est pas comparable à celui d’un pulvérisateur, le débit de chantier d’une bineuse reste toutefois perfectible, indique Jean-Charles Lescieux, chef produit chez Lemken. L’investissement est à relativiser en fonction de la surface et du type de cultures à biner. » Tous les constructeurs en conviennent : un binage de qualité, rapide et efficace, quels que soient la performance et l’équipement de la machine, n’est possible que si le sol n’est pas un facteur limitant. « Nous avons souvent tendance à oublier qu’une préparation de sol soignée est un préalable au passage de la bineuse, rappelle Richard Dumbrill, dirigeant de l’entreprise Novaxi. La vitesse du binage ne peut être augmentée que si le sol est correctement nivelé et non caillouteux. En cas de débris végétaux en surface, je conseille d’équiper l’avant des socs avec des disques pour bousculer ce flux de résidus. » Jean-Charles Lescieux partage ces propos et précise : « avant de vouloir biner vite, coûte que coûte, il faut utiliser du matériel adapté. Pour atteindre plus de 10 km/h, préférez l’utilisation de socs ultraplats, qui scalpent et brassent moins de terre que les socs à pattes d’oie, et travaillez à une profondeur de trois centimètres au maximum ». Indirectement, ces socs ultraplats améliorent le débit de chantier global du binage puisqu’en scalpant les adventices, ils évitent leur repiquage et donc potentiellement un passage mécanique supplémentaire. Sur sol sec, l’ajout de protège-plants permet d’accélérer tout en évitant les projections de terre sur la culture. Pour gagner du temps lors des demi-tours en bout de parcelle et dans les pointes, il est possible d’équiper la bineuse d’un relevage hydraulique des éléments bineurs par GPS qui ne nécessite aucune intervention manuelle. Tous les équipements ne sont pas compatibles avec une vitesse de travail élevée. C’est le cas des doigts Kress qui, en contact avec la plante sur le rang, doivent être utilisés à vitesse plus réduite.

Les caméras améliorent le débit de chantier

Olivier Lequebin, directeur commercial du groupe Latitude GPS, précise que « de l’attelage à la dent, tout doit être parfaitement réglé et sans jeu. Pour rouler vite, la machine ne doit pas vriller et être bien ancrée au sol. Les éléments doivent avoir une rigidité et une pression suffisante pour s’approcher du rang avec précision et à une profondeur de travail constante ». Cette précision est rendue possible grâce à l’interface de guidage et les caméras fixées sur la bineuse. La machine se cale sur un ou deux rangs de semis et peut fonctionner de jour comme de nuit grâce à un éclairage permanent. « Rien ne vaut la régularité et la précision de la caméra, convient Olivier Lequebin. Cette technologie améliore le débit de chantier et réduit le coût de la main-d’œuvre. Grâce à elle, la vitesse d’avancement de la bineuse peut varier du simple au triple, de 4,5 km/h à 13 km/h. »

Même si elle reste performante et efficace, la bineuse frontale en conduite manuelle ne peut égaler le guidage par caméra. « L’opérateur se concentre sur le rang et intervient depuis le volant du tracteur pour guider la machine, indique Richard Dumbrill. C’est fatigant et une faute d’inattention est possible. » Même constat pour les bineuses tractées sans autoguidage qui suivent la trace du semoir. « La trace peut s’altérer avec les pluies, difficile dans cette situation d’améliorer le débit de chantier sans risquer que la roue citron ne sorte de l’ornière et détruise la culture », indique Olivier Lequebin.

Même largeur pour le semoir et la bineuse

Pour augmenter le débit de chantier, certains constructeurs proposent d’adapter la largeur de la bineuse à celle du semoir. Novaxi Garford propose par exemple des bineuses doubles et triple sections, chacune guidée de manière indépendante avec une caméra. « Cette conception double ou triple l’investissement, mais elle permet de biner avec le même tracteur que le semis, de conserver le semoir déjà présent sur l’exploitation et de n’avoir besoin que d’un seul chauffeur », explique Richard Dumbrill. Dans le cas d’une bineuse à deux sections, le tracteur se place entre deux trains de semis et bine indépendamment les deux largeurs de semoir. Dans le cas d’un triple guidage, une section se place à l’avant du tracteur, au milieu des autres sections attelées sur le relevage arrière. « Même avec un système GPS RTK il n’est pas possible de biner deux passées de semoir en un seul passage, prévient Richard Dumbrill. Le risque d’un faible décalage est possible. Pour y remédier, la caméra est la seule solution. »

Julie Guichon

"Nous avons un semoir spécialement adapté pour la bineuse"

 

 
Lilian Marteau bine des cultures de 22,5 et 45 centimètres d’écartement. Cet intervalle logique améliore le temps de préparation de la bineuse.
Lilian Marteau bine des cultures de 22,5 et 45 centimètres d’écartement. Cet intervalle logique améliore le temps de préparation de la bineuse. © L. Marteau
Lilian Marteau, agriculteur sur 340 hectares (blé, orge, colza, tournesol, chanvre, maïs et luzerne) à Aix-en-Othe dans l’Aube.

 

« Avec la Cuma, il y a trois ans, nous avons investi dans une bineuse Phenix de six mètres de large équipée d’une interface de grande capacité qui nous permet d’augmenter la largeur de travail et de gagner du débit de chantier. Le semis des cultures est réalisé avec un guidage GPS, ce qui permet à la bineuse, équipée d’une caméra, de travailler au plus près du rang. Le système de guidage par caméra est un équipement indispensable, qui apporte de nombreux bénéfices : un confort de travail, une moindre fatigue, une économie de main-d’œuvre… Dans nos terres à cailloux, il faut adapter la vitesse de travail pour éviter des projections sur le rang. Lorsque les conditions le permettent et que la parcelle contient peu de dévers, nous pouvons accélérer jusqu’à 6 km/h au tournesol et 5 km/h dans les céréales. Cette machine bine 200 à 350 hectares par an, répartis sur les quatre adhérents de la Cuma. Pour pouvoir désherber des céréales à 22,5 cm d’écartement et les tournesols à 45 cm, nous avons autoconstruit et adapté un semoir à céréales de façon à obtenir un interrang de 22,5 cm. Ainsi, nous binons sur des intervalles logiques et gagnons du temps lors de la préparation de la bineuse. »

"Ce n’est pas qu’une question de vitesse d’avancement"

 

 
Eric Aubry. "L’investissement dans une bineuse se raisonne premièrement sur une logique de surfaces annuelles"
Eric Aubry. "L’investissement dans une bineuse se raisonne premièrement sur une logique de surfaces annuelles" © E. Aubry
Éric Aubry, animateur FRCuma du Grand Est

 

« La vitesse d’avancement n’est pas le premier paramètre à considérer pour améliorer le débit de chantier d’une bineuse. Le réglage de la machine, le choix des accessoires et le guidage, plus ou moins réactif, sont les leviers principaux. D’autres facteurs rentrent aussi en compte : l’état et la topographie du sol, la cohérence avec le semoir, la largeur de la bineuse, la qualité et la précision… Plus la technologie est évoluée, plus le travail est précis et plus il est possible de rouler vite sans pour autant que cela soit systématique. La pression météo et le volume de travail à réaliser à chaque séquence de binage sont aussi un facteur qui va obliger ou non à aller vite.

L’investissement dans une bineuse se raisonne premièrement sur une logique de surfaces annuelles réalisées pour un objectif de prix de revient par hectare. Vient ensuite le choix de la vitesse qui permet de réaliser un travail de qualité dans le temps imparti. Ce n’est qu’à ces deux conditions que les performances technique et économique coïncident. »

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